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seront attrapés eux-mêmes, car je n'épouserai point leur sotte fille, m'y voilà déterminé.

NOTES SUR LA FAUSSE AGNÈS.

1 Dans Agnès, on mouille le G, et on prononce l'S. * Destouches, membre de l'Académie française, né à Tours en 1680. Mort en 1754.

3 A bon chat, bon rat, they have met with their match. 4 Bêtise, stupidity, folly.

5 Je vous voir venir, I see your drift.
6 Tirer les vers du nez, to pump.
'Je planterai là, I shall set aside.

8 Ne pas faire semblant, not to let it appear! ·

LES ANGLAISES POUR RIRE,

COMÉDIE-VAUDEVILLE,1

PAR MM. SEWRIN ET DUMERSAN,

Représentée pour la première fois à Paris, sur le Thé◄ âtre des Variétés, le 26 Décembre 1814.

PERSONNAGES.

M. COPEAU, vieux bourgeois.

ASPASIE, sa nièce.

GOTON, sa servante.

M. FUSIN, maître de dessin, à qui l'on veut faire
épouser Aspasie.

M. MENU, faiseur de mannequins, amant d'Aspasie.
M. COCLET, élève de M. Menu, amoureux de Goton.
SCÈNE PREMIÈRE.

GOTON, à genoux devant la cheminée en soufflant le feu.

Ce maudit bois, qui ne veut pas s'allumer ! M. Copeau est comme ça, il n'achète que du flotté2 qui n'est

F

pas sec; ça se consomme tout sans brûler; et ce vieux soufflet qui n'a pas d'âme...Je lui dis pourtant tous les jours notre maître, donnez-moi donc un soufflet? Bah! tous ces vieux bourgeois sont d'un ladre !3 Hum! sans mademoiselle Aspasie, je veux bien que le loup me croque si je restais ici; c'est pourtant, à ce qu'on dit, une des meilleures maisons de la rue de l'Oursine ...Cette pauvre mademoiselle Aspasie, elle voudrait bien se marier. (Soufflant le feu.) Est-ce que ça ne prendra pas, donc? Son oncle fait tout ce qu'il peut pour qu'elle épouse ce petit monsieur Fusin qui lui apprend à crayonner des yeux et des bouches, mais elle aime bien mieux monsieur Menu, qui fait des mannequins pour tous les peintres du Louvre, et elle a parfaitement raison, car il est bien farce ce jeune homme ; mon Dieu, comme il nous a fait rire à la soirée de samedi dernier, aux petits jeux, chez madame Guindé, où j'étais allée, pour accompagner mademoiselle. Ah! voilà que ça flambe. (Elle se lève.) M. Menu a un de ses amis, M. Coclet, qui est son élève, et un bien bon enfant ! Quand on jouait à cache cache, il venait toujours se cacher auprès de moi, et puis quand il a su que je n'étais que la bonne de mademoiselle, c'est égal, il n'a pas été plus fier pour ça. Si je pouvais lui donner dans l'œil, et me marier aussi, ça m'irait joliment un homme comme lui. Paix, voici mademoiselle.

SCÈNE II.

GOTON; ASPASIE, avec son porte-feuille et un dessin à la main.

ASPA. Bonjour, Goton.

GOT. Comme vous avez l'air triste, mademoiselle! ASPA. Moi? pas du tout.

GOT. Oh! que si...et je vous dirai bien pourquoi. ASPA. Je n'ai pas le temps de t'écouter: il faut que j'apprenne ma leçon de grammaire française, et que je dessine la barbe de mon Jupiter.

GOT. Ce Jupiter, qu'est-ce qu'il est, mademoiselle ?

ASPA. C'était un dieu grec ou romain.

GoT. Vraiment, à cette belle barbe, je l'aurais pris pour un capucin.

ASPA. Pourquoi mon oncle m'a-t-il fait commencer cette vieille tête ?

GOT. Il veut peut-être avoir son portrait.

ASPA. Et puis cette grammaire de Restaut est si ennuyeuse.

GOT. C'est pour vous accoutumer à sa conversation, un ancien maître ès arts,* un professeur d'écriture! Dame! il faut être ferrée avec lui. Il me reprend si souvent, que je commence à me former, autrefois je fesi beaucoup de fautes, mais depuis quelque temps il est aisé de voir que je parla beaucoup mieux.

ASPA. Oui, c'est singulier comme tu profites.

GoT. Enfin mademoiselle, vous ne voulez donc pas de moi pour votre confidente?

ASPA. Je n'ai pas de secret.

GOT. Cette discrétion me fâche.

ASPA. Ah! Goton, si tu savais comme M. Menu est aimable!

GOT. A qui le dites-vous? Et son ami, monsieur Coclet? comme il est jovial!

ASPA. Où le voir maintenant, comment lui parler? Mon oncle ne me laissera plus aller aux soirées de madame Guindé; ils sont brouillés.

GOT. Eux brouillés !

ASPA. Oui. Monsieur Menu n'osera jamais venir ici.
GOT. Est-ce que votre oncle le connaît ?

ASPA. Je ne crois pas. Dans une soirée il y a tant de monde, on ne prend pas garde à tous ceux qu'on voit.

GoT. Tant mieux, s'il ne le connaît pas ça fait qu'avec un peu de subterfuge on pourrait... ASPA. Tromper mon oncle?

GOT. Cela ne s'appelle pas tromper, mademoiselle, c'est comme une cuisinière quand elle va au marché : on lui fait une chose tant, elle l'a pour tant, et elle la

compte tant, ça ne l'empêche pas d'être honnête; laissez-moi faire, je vous tirerai d'embarras, moi j'y suis pour mon compte, si l'un vient, l'autre viendra.

PRÉCIS DES SEPT SCÈNES SUIVANTES.

M. Copeau a fait distribuer au Jardin des Plantes et lieux circonvoisins des cartes imprimées, conçues en ces termes :-" Un ancien maître ès arts, habitant un quartier tranquille et à la proximité des promenades, offre la table et le logement à des personnes étrangères, bien connues, qui voudraient se perfectionner dans la langue française; s'adresser à M. Copeau, rue de l'Oursine, No 6." M. Menu et M. Coclet, une de ces cartes à la main et tous deux enveloppés d'un énorme carrick à grands collets, se présentent chez M. Copeau comme des Allemands de distinction qui désirent se mettre en pension chez lui. Le vieux bourgeois leur apprend qu'il ne reçoit que des dames. Cette nouvelle ne déconcerte point messieurs Menu et Coclet, ils baragouinent un peu d'allemand et sortent en assurant M. Copeau que si quelques dames de leur connaissance désirent trouver un appartement commode et une société choisie, ils ne manqueront pas de leur recommander sa maison.

SCÈNE X.

M. COPEAU, GOTON.

GOT. (accourant.) Notre maître, voilà deux dames qui vous demandent et qui disent...

M. COP. Qui me demandent et qui disent... Après ? GOT. Qui disent, qu'elles ne sont pas des dames, mais des mimi...

M. COP. Des mimi ?...

GOT. Attendez donc...vous me faites perdre...des mimi...des mimila...

M. Cor. Des mimi, des mila...dis donc ce qu'elles ont dit.

GOT. Dis! c'est ça, des miladys.

M. Cor. Des miladys anglaises, je parie.

GOT. Je ne sais pas si celles-là sont anglaises, mais j'ai bien ri de les voir.

M. Cor. Faites-les donc entrer bien vite: des miladys ne sont pas faites pour attendre à la porte.

SCENE XI.

M. COPEAU, GOTON; M. MENU et M. COCLET, tous deux costumés en femmes anglaises; M. Menu fait la tante et M. Coclet la nièce.

GOT. (à M. Copeau.) Elles sont là, notre maître.
M. COP. Faites-les donc entrer.

GOT. (à la cantonade. 5) Donnez-vous la peine d'entrer, mesdames les miladys.

6

M. MENU et M. COCLET (entrant et regardant de différens côtés.) Où est-il, le maisonne ; où est-il ? M. Cor. Des siéges, Goton.

(Goton donne deux siéges. M. Copeau les indique aux miladys qui refusent.) Bien obligé; nous sommes pas lasses. M. Cor. Laisse-nous, Goton.

(Goton ôte les siéges et sort.)

M. MENU. (avec l'accent anglais.) Est-ce vos, Messer, qui êtes le maître de cette épertémente? M. Cor. Oui, milady, j'ai cet honneur-là.

M. MENU. Où est-il l'épertémente? Je voulais me mettre dedans avec une petite nièce que voici.

M. Cor. Justement, j'en ai un pour deux dames... Vous n'avez pas de femme de chambre avec vous? M. COCLET. Nonne... Nous avons laissé le à Londone. M. COP. Londone... Cela veut dire Londres ? M. MENU. Oui, Messer.

M. Cor. (à part.) Comme je connais l'anglais ! (haut.) Mais donnez-vous donc la peine de vous as

seoir.

M. MENU. Vous avez beaucoup trop de le bonté. M. Cop. Je vais toujours vous faire voir l'appartement, mais si vous voulez vous reposer, nous ferons avant nos petites conditions.

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