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cheur ni au poisson réciproquement de se voir.

La place une fois choisie et bien préparée, il faudra, par les raisons qui viennent d'être exposées, penser à la tenir toujours bien amorcée. Le meilleur moyen est de semer, dès la veille du jour où l'on voudra pêcher, un bon verre de blé cuit, tant sur la nappe d'eau que sur les côtés, et notamment à deux ou trois pieds du bord. La première chose que l'on doit faire en arrivant le lendemain est de recommencer l'opération, et de la renouveler avant de s'en aller.

Autant on doit être prodigue de blé avant et après la pêche, autant il faut savoir le ménager pendant qu'on s'en occupe. On doit alors se borner à en jeter de tems à autre quelques grains au-devant de soi, et particulièrement à deux pieds du bord; on fait, par ce moyen, mouvoir le poisson en excitant sa curiosité et sa gourmandise.

La partie la plus essentielle de la pêche, c'est de garnir l'hameçon de manière qu'il soit entièrement caché par l'appât; en conséquence, on choisira trois grains de blé seulement, de peur qu'un plus gros volume n'inspire la défiance; on enfilera les deux

premiers grains en travers dans l'hameçon, et le troisième en long pour cacher le dard. Lorsque la carpe aspire cette becquée, pleine de crainte et de défiance, elle reste en place et se garde bien de faire aucun mouvement, et reste bien souvent très-long-tems dans cette position. Cependant, malgré toutes ses précautions, elle imprime à la ligne un léger mouvement qui force la flotte à plonger un peu dans l'eau. Il n'en faut pas davantage pour avertir le pêcheur qu'il est tems de piquer. Aussitôt que la carpe se sent prise, elle cherche à gagner le large; le pêcheur doit prévenir ses premiers efforts, en lui làchant à propos la main, de manière que la ligne ne cesse d'être tendue, pour éviter que le poisson ne se décroche; il faut aussi que le pêcheur maintienne avec soin le poisson en pleine eau, afin de l'empêcher de se refugier dans les roseaux ou autres endroits où il pourrait se débarrasser de la ligne. Ce n'est que lorsque le poisson a bu et qu'il a beaucoup perdu de ses forces, que le pêcheur doit s'occuper à le tirer hors de l'eau; il faut le prendre par le cou, au-dessous des ouïes en le lui comprimant fortement.

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Pendant le débat qui s'élève entre le pé

cheur et le poisson, qui ne laisse pas d'avoir son intérêt, le pêcheur ne doit opposer que la force du poignet et avoir le revers de la main tourné du côté de l'eau; il doit aussi disposer la gaule de manière que l'élasticité du scion soulage le corps de ligne.

La carpe est très-lourde et très-forte, et par conséquent très-difficile à tirer hors de l'eau ; cependant la perte d'une carpe est un événement fâcheux pour un pêcheur. Un pareil accident peut s'éviter de deux manières:

On attache fortement au bout d'une baguette de cinq à six pieds un bameçon, no3, qu'on insinue dans la bouche du poisson; sitôt que cet hameçon a pénétré dans ses chairs ou dans ses cartilages on le soulève facilement. L'épuisette est beaucoup plus sûre, mais moins commode à porter.

La pêche à la carpe, telle que nous venons de l'indiquer, serait très-avantageuse si on pouvait se servir de deux lignes dont l'une ayant le bout de sa gaule fichée en terre, atteindrait à six ou sept pieds du bord, et l'autre ne dépasserait pas le talus ; celle-ci ne serait pas celle dont on retirerait le moins d'agrément.

On cesse sur les sept heures la pêche au blé, qui doit être remplacée par celle aux vers, mais comme cet appât est mordu aussi bien par les gros que par les petits poissons, une seule ligne suffit pour occuper le pêcheur.

La carpe se prend aussi à la ligne au coup et à celle aux pelotes.

De la Brême et du Gardon.

La pêche de ces poissons est absolument la même que celle de la carpe, car on prend alternativement des uns et des autres. La brême et la carpe sont très-friandes de moules de rivière, mais comme les petits poissons la sucent continuellement et font mouvoir la flotte, cette pêche est moius agréable.

De la Perche franche.

La perche ne vit que de petits poissons, on ne peut la pêcher qu'aux vers de terre rouges et à l'asticot.

Du Brochet.

Le brochet, ainsi que le meunier adulte, se pêche à l'amorce vive.

De l'Anguille.

Elle fréquente les eaux mortes sur fond de bourbe. Elle ne sort que le soir et une partie de la nuit, on la trouve aussi aux abreuvoirs. Le seul appât qui lui convienne est le ver de terre.

Du Goujon et de la Perche goujonnière.

On les trouve sur les fonds solides et sableux; on les pêche à la petite ligne flottante, amorcée de petits vers rouges de fumier, ou d'asticots; la meilleure saison pour cette pêche est depuis le mois d'août jusqu'à la fin de la saison.

De l'Écrevisse.

L'écrevisse, attirée par le blé que l'on jette à l'eau, tandis que l'on pêche, remonte, particulièrement dans la soirée, au bord de l'eau. Comme il serait dommage de la laisser échapper, et qu'elle est trop subtile pour qu'on puisse la prendre à la main, on coupe une petite baguette d'environ deux pieds, au

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