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en véritable colonie le territoire conquis par nos armes. Le régime des substitutions et de la main-morte suffi rait pour étouffer le développement de la richesse dans un pays civilisé; que sera-ce dans un pays neuf et pres que barbare?

A ces causes de lentear ou de pertur. bation, il convient d'ajouter les com plications résultant du séquestre qui avait été apposé, en 1831, sur les biens des Turcs sortis du territoire de la ré gence. Tous ces biens devaient être régis par l'administration des domaines : ils i farent, en effet; mais les listes des propriétaires absents, dressées sur des témoignages incertains ou men teurs, fourmillaient d'inexactitudes. L'administration convient elle-même qu'on ne rédigea aucun procès-verbal régulier de la prise de possession des immeubles délaissés. Les premiers qui se présentaient comme propriétaires étaient envoyés en jouissance de ces immeubles; mais on ne tarda point à comprendre l'abus d'une tolérance qui mettait l'État en lutte avec des prête noms français ou israélites, quand il croyait rendre justice à des proprié taires musulmans. A peine un immeuble était-il restitué, que l'agiotage s'en emparait. L'administration se voyait forcée d'évacuer ou de louer à des prix très-élevés des bâtiments dont elle dis posait la veille; de là vinrent les pre mieres querelles intestines de la coJonie, et le caractère d'aigreur qui s'est trop mêlé depuis aux relations des administrateurs avec les administrés. Peut-être eût-il été prudent d'interdire plas tôt à ceux-ci des transactions qui pouvaient tourner contre eux, et dont ils pouvaient abuser contre l'État; mais les malheurs inséparables de la guerre se font ressentir bien long-temps après la paix. A l'heure qu'il est, les abus de la spéculation n'ont pas encore permis au gouvernement de restituer toutes les propriétés séquestrées, qui dépéris sent entre ses mains, au grand détriment de la prospérité coloniale.

Les acquéreurs et les colons sérieux pourraient même se plaindre des procé dés économiques du fisc à leur égard, en tout ce qui concerne les conces sions de propriétés domaniales. Tandis que le taux légal de l'intérêt est de 10 p. 010 ep Algérie, l'administration

ne permet de racheter les reutes doma niales qu'au denier vingt; de sorte que pour une rente de 1,000 fr. qui représente à peine à Alger 9 ou 10,000 fr. et en réalité beaucoup moins, le trésor perçoit ses droits comme si le capital était de 20,000: et quand il s'agit d'indemniser en cas d'expropriation, le fise ne paye pour cette même rente qu'un capital de 10,000 fr. Ce système économique à deux tranchants a beaucoup contribuě à la hausse déjà signalée des terrains, qui assimile les rues d'Alger aux plus magnifiques rues de Paris, malgré les différences qui les séparent; mais il manque d'équité, et sa tendance naturelle est de repousser les adjudicataires consciencieux au profit des spé. culateurs téméraires. Je ne suis pas certain que l'administration ait eu le temps de faire connaissance avec toutes les propriétés dont elle peut disposer. Le cadastre, si nécessaire à la sûreté des transactions et l'assiette de l'impôt, n'existe point en Algérie. Toutes les limites y sont désignées d'une manière si vague, qu'il est à peu près impossible de compter sur leur exactitude. Il y a lieu d'espérer néanmoins qu'on pourra bientôt sortir des ténèbres quí entourent l'origine des propriétés engagées ou habous. Plusieurs de ces propriétés étaient devenues entre les mains de certains oukils ou administrateurs religieux de véritable troncs pour les âmes du purgatoire, dont la re cette n'allait pas toujours à sa destination, il restait à Alger la plus forte partie des dotations de la Mecque et de Médine, et la taxe des pauvres y était trop souvent consommée par des riches. L'administration asage. ment fait de mettre la main sur ces biens; en se chargeant de pourvoir aur besoins de l'Église musulmane; il ne lui reste plus qu'à généraliser la mesure et à proclamer l'aliénabilité de tous les biens habous ou substitués, moyen

nant une indemnité convenable.

Il faut absolument que cette servi tude mortelle cesse de peser sur la propriété. Tant que la plupart des co lons ne seront que de simples fermiers, incertains de leur existence et sans autre avenir que des baux de trois ans, ou do propriétaires sans cesse menacés d'expulsion tantôt par le fisc, tantor

par la chicane, ils n'entreprendront rien de grand, rien de solide, et l'on ne verra jamais venir en Afrique que des aventuriers ou des enfants perdus. Nous avons à bâtir autre chose que des barraques en planches sur cette terre féconde et productive; mais là, comme partout ailleurs, nul ne doit espérer de gagner sa vie qu'à la sueur de son front. Déjà quelques hommes de cœur et d'énergie ont voué leur fortune et leur talent à l'œuvre difficile de la colonisation. L'administration, qui a su les distinguer du flot d'agioteurs dont l'Algérie fut inondée après la conquête, leur doit appui et protection. Le premier besoin de la colonie, c'est la constitution prompte, entière et irré. vocable du droit de propriété. Une révision générale de tous les titres est devenue indispensable; il y faudrait procéder sans délai, soit par la création d'un jury spécial, soit au moyen d'un tribunal assez élevé pour se mettre au-dessus des arguties de procedure, et qui participerait à la fois du carac tère de l'arbitre et de celui du souve rain. Ces questions délicates ne seront jamais résolues par les règles strictes du droit civil, puisque leurs difficultés, sont d'origine religieuse, politique et sociale. Il entrera nécessairement un peu d'arbitraire dans la solution; mais l'Afrique ne saurait devenir en dix ans la terre du régime constitutionnel. C'est déjà un grand honneur pour la civilisation française que d'y avoir aboli par sa seule présence l'esclavage, encore admis au rang d'institution dans plus d'une république.

Il serait donc superflu de récriminer contre le passé et de rechercher dans les tâtonnements de l'occupation des textes d'accusation contre les diverses administrations qui se sont succédé en Afrique. Tout le monde devait faire des fautes, et tout le monde en a fait. Il ne dépendait pas du gouvernement d'empêcher que la propriété fût établie sur des bases autres que celles dont nous venons de parler, ni de se soustraire aux principales conséquences d'un tel état de choses. 11 vaut mieux aujourd'hui réparer les torts de nos devanciers que de les démontrer. Il faut se hâter de mettre les colons en possession de la sécurité qui manque à leurs titres et de la salubrité qui manque à la plaine, Il

n'y a plus de doute sur le caractère im. muable de la possession politique ; il ne faut plus qu'il en reste sur celui de la propriété privée. Nous avons été envers les Arabes d'une longanimité digne de la puissance de notre pays; mais il ne nous est pas permis de sacrifier plus long-temps au vain espoir d'une fusion impossible la marche énergiqne et décidée de la colonisation. Nous ne pouvons remettre à des barbares, autrement qu'à titre d'instruments, la moindre part d'une tâche aussi haute et aussi belle. L'Algérie doit cesser d'être livrée aux querelles funestes et stériles qui divisent les colons et le gouvernement, les colons et les Arabes, et malheureusement les colons entre eux. C'est un déplorable spectacle que celui des procès dans lesquels on consomme tant de forces et de capitaux. Si cette situation devait continuer quelque temps encore, il n'y aurait plus à Alger que des caba retiers, des plaideurs et des soldats; il faudrait perdre l'espoir d'y fixer des colons.

Les colons eux aussi,et même les plus habiles, ont commis à leur tour de bien graves erreurs, dont la responsabilité ne saurait retomber sur le gouverne ment. L'expérience doit leur avoir démontré que leur mode d'exploitation n'a pas toujours été approprié aux cirConstances et à l'état de la contrée. Les uns se sont jetés dans les cultures savantes qui ne peuvent appartenir qu'aux pays avancés ; ils ont essayé de planter le coton, le tabac, la garance : ils se sont tous ruinés. Les autres ont trouvé plus simple de ne paraître dans la plaine que pour y faucher l'herbe et en faire du foin; et parmi ceux-là quelques uns à peine ont réussi. La plupart n'ont pas même eu le temps d'enlever les fourrages qu'ils avaient précipitamment entassés. Chaque jour leur coûtait une tête coupée. J'ai vu dans cette plaine im. mense des récoltes entassées depuis plus de deux ans et qu'on ne pouvait ni transporter ni vendre ; j'ai vu la ferme mo. déle abandonnée et entourée de fermes solitaires et désolées comme elle. Dans une de ces oasis insalubres, M. le gouverneur général a dû faire enlever presque de vive force une poignée de malheureux Alsaciens qui s'obstinaient à mourir; et je me disais en parcourant sous bonne escorte ces formidables lieux

. Mais où done trouve-t-on la colonisation ici? C'est que vraiment la colonisation n'y est pas encore, et attend pour se développer les premiers éléments qui lui manquent. Elle se ressent profondément de leur absence, principalement en ce qui touche la liberté et la sûreté de la propriété. Je crois le moment arrivé de faire connaître à l'Académie quelques faits extrêmement remarquables à cet égard.

On a vu la confusion qui suivit les premières années de l'occupation, l'en vahissement des campagnes, la destruction des vergers et des bois, l'agiotage sur les maisons et les terres, et les tris tes débats que l'origine obscure de toutes les propriétés n'a cessé de soulever parmi leurs possesseurs. La seule mesure vigoureuse et efficace qui ait été appliquée à ces maux fut la défense d'acqué rir au-delà d'un rayon convenu, défense un peu tardive, puisque les acquisitions étaient faites, mais qui a eu pour résultat de les frapper momentanément de nullité. C'est ainsi, par exemple, que les villes de Koleah et de Blidah, dont les magnifiques jardins avaient sédait tant d'acquéreurs, ont été cernées par nos troupes, et leur entrée rigoureuse ment interdite aux colons. En vain les acheteurs écartés rôdent-ils comme des âmes en peine autour de ces deux cités invisibles que le mystère embellit à leurs yeux, l'inflexible consigne n'y laisse pénétrer personne, pas même les soldats qui les gardent, et c'est par une faveur spéciale qu'il m'a été permis d'y entrer. Koleah et Blidah occupent les deux extrémités de notre ligne frontière, du côté de la Chiffa; elles sont séparées l'une de l'autre par toute la largeur de la Mitidja. La richesse de leur territoire, la beauté de leurs eaux, et par-dessus tout la fécondité merveilleuse de leurs vergers plantés d'orangers, de citronniers, de jujubiers et de grenadiers, avaient depuis longtemps attiré l'attention particulière des spéculateurs, je n'ose pas dire des colons. On assure qu'ils avaient acheté ces beaux jardins et les maisons voisines et tout ce qu'on avait voulu leur céder. Ils en avaient fait des lots de diverses grandeurs pour les revendre, et ils les avaient revendus. Ils en payaient une petite rente aux anciens propriétaires, et ils en recevaient une très-forte des nouveaux. Il ne s'a

gissait plus que de «dégager l'inconnue, c'est-à-dire de prendre possession, probleme difficile et dont la solution pourra se faire attendre. Ici commençaient les résistances.

L'autorité s'était préoccupée à juste titre des dangers de l'invasion subite d'une population européenne au sein de ces deux villes arabes. Nos habitudes bruyantes et notre tendance à détruire lui avaient fait craindre tout à la fois pour le maintien de l'ordre et pour la conservation de ces orangeries renommées dans toute la régence. Quelle guerre n'exciterait pas tout d'abord la possession de ces cours d'eau, si néces saires à la prospérité des jardins et que les Arabes s'étaient partagés jusque la d'une manière si ingénieuse et si pa triarcale! Que de proces allaient s'élever bientôt suivis de recours jusqu'au con seil d'état ! Il fut donc résolu que personne n'entrerait à Koléah ni à Blidah: ces deux villes furent investies par des camps et gardées en otage pour prendre un jour leur part de la colonisation, sans son cortège habituel de spéculateurs et de commis de la bande noire. Je n'ai point a m'expliquer sur les conséquences d'une mesure dont l'expérience n'est pas encore terminée; mais elle a eu pour résultat incontestable deconserver intactes les plus belles propriétés de toute la province d'Alger, et c'est déjà un grand bien. Les amis de la colonisation africaine doivent attacher le plus grand prix à la civilisation de cet échantillon du paradis terrestre, car qui ne serait saisi d'admiration à l'aspect de ces azé darachs gigantesques, au feuillage lisse et dentelė, arbustes partout ailleurs, ici abre de haute futaie; et ces saulespleureurs d'une splendeur orientale,tels que celui qui couvre a lui seul de ses immenses rameaux le vaste cimetière de Blidah! La terre qui a produit de semblables végétaux dans les mains des Arabes justifie toutes les espérances de ceux qui croient à l'avenir de nos póssessions africaines.

L'isolement forcé dans lequella consigne militaire retient aujourd'hui ces deux villes à permis de tenter sur leurs habitants des expériences qui ne sont pas san, intérêt. Ils ont pu vivre près de nous, sans être inquiétés en aucune manière, sans eprouver la moindregêne ni la plus légère contrainte. M. le gé

néral Duvivier en a employé plusieurs centaines aux constructions de la forteresse si habilement encastrée dans la ville même qu'ils habitent. En traver sant les avant-postes de nos troupes pour arriver jusqu'au logement de cet officier distingué, j'ai trouvé un grand nombre de travailleurs arabes accroupis à sa porte, sur les bords des fossés, dans les cours; ils attendaient paisiblement l'heure de la paye, qu'ils gagnent volontiers par un travail dont on ne les eût pas cru capables. L'intérieur de leur mystérieuse ville n'est pas moins remarquable.

Je l'ai parcourue tout entière, accompagné d'un seul officier d'état-major et nous y avons reçu tous deux l'accueil le plus amical. Blidah compte à peine aujourd'hui quatre mille habitants. Ses rues, beaucoup plus larges que les vieilles rues d'Alger, sont droites et coupées à angles droits; elles sont bordées de maisons généralement bâties en pisé, basses et ouvertes sur le devant comme la scène de nos théâtres, au moyen de grands volets qui se baissent comme des trapes pour les fermer. Tout le monde travaille dans ces espèces de boutiques, le long desquelles circulent, dans toute la ville, des ruisseaux d'eau limpide préservés du soleil par des treillages chargés de broussailles, qui s'étendent d'une maison à l'autre et recouvrent ainsi toutes les rues. En examinant attentivement la physionomie de ces demeures, nous étions surpris de l'existence pour ainsi dire, tout extérieure de leurs babitants, contrairement aux usages des autres villes d'Afrique. Les uns brodaient des burnous en soie blanche, les autres travaillaient artistement des selles et d'autres ouvrages en maroquin; quelques uns creusaient ces longs tuyaux de pipe si recherchés en Orient.

Des pyramides de fruits superbes, principalement de raisins et de pêches, ornaient les boutiques nombreuses des fruitiers; la poterie, grossière et commune, paraissait d'origine étrangère; les cafés étaient pleins de consomma. leurs graves et silencieux, qui s'inclinaient légèrement quand nous passions devant eux. Rien ne nous eût rappelé, dans cette visite, la domination de la France si, en revenant sur nos pas, nous n'avions aperçu, au débouché des

principales rues, la gueule des obusiers, qui les enfilent dans toute leur Iongueur.

Ce qui est certain, c'est que les habitants de Blidah n'ont jamaisjoui d'une tranquillité plus profonde que depuis l'expérience à laquelle ils viennent d'ê tre soumis. Cependant, la retraite d'une grande partie de la population a fait déchoir cette ville du haut rang qu'elle occupait. Une grande quantité de maisons tombent; beaucoup d'orangers se dessèchent, privés d'arrosement; les clôtures des jardins s'écroulent; mais quels jardins! les environs de Naples n'offrent rien d'aussi beau. Ces immenses jardins s'étendent jusqu'au pied de l'Atlas, le long de l'Oued -el-Kebir, mis à sec par les irrigations. Ils sont presque tous entourés de murs, semblables à ceux des environs de Chartres, et généralement très-élevés. Les orangers, les amandiers, les caroubiers, les oliviers, tous les arbres fruitiers de nos pays chauds y végètent avec une vigueur étonnante, ainsi que la vigne, dont les jets annuels rappellent les lianes et les plantes grimpantes des tropiques. La même richesse de végétation se fait remarquer à Koleah, petite ville située à sept lieucs de Blidah, dont elle semble à portée de canon, et qui s'en distingue par le ravin profond qui lui sert de parure et de fossé. Là, nous avons retrouvé, dans un jardin orné par les soins du brave colonel de Lamoricière et de ses zouaves, toute l'élégance et la frai. cheur d'un square anglais avec la fécondité de la végétation africaine. Le palma-christi, qui ne figure dans nos collections botaniques, sous le nom de ricin, qu'avec les caractères d'une plante herbacée, s'élève, dans le ravin de Koleah, à la hauteur de trente pieds, avec ses larges feuilles horizontales et éloilées. On sent que la nature a créé ici des priviléges. Un palmier négligemment jeté auprès du minaret de la ville, ajoute à son effet pittoresque, et la signale au loin dans la campagne. Lå aussi, nous tenons sous le séquestre une population qu'il est interdit aux troupes et aux colons de visiter, et dont les maisons tombent en ruines, car la plupart de ces maisons ayant été vendues à des Européens, qui en payent la rente, comme s'ils en étaient réelle. ment propriétaires, personne ne prend

soin de les réparer, pas même les Arabes qui les habitent. Ces malheureuses ventes anticipées, exercent encore, malgré les précautions qu'on a prises, une funeste influence sur les propriétés. Les indigènes à qui elles n'appartiennent plus les négligent, et les Français auxquels elles n'appartiennent pas encore ne sont pas même admis à les visiter.

De quelque côté que nous tournions nos regards, il est évident qu'une résolution haute et ferme est devenue indispensable. L'anarchie a fait son temps & Alger et dans la banlieue; elle a porté ses fruits amers. Il n'y a pas un propriétaire qui ne demande à être rassuré sur sa propriété et qui ne soit prêt à accep. ter avec reconnaissance un système de réorganisation qui lui donnerait un titre neuf et incontestable. Le despotisme conservateur exercé à Koleah et à Blidah, ne sauverait pas long-temps de l'incurie les propriétés nombreuses et Importantes de ces deux villes. 11 a d'ailleurs créé entre les colons et l'autorité militaire des rapports subversifs dé toute idée de colonisation, puisqu'ils ne laissent au propriétaire d'autre alternative que la retraite ou la ruine. L'Académie jugera de ce régime, par la pièce suivante, qui m'a été communiquée, et dont je supprime l'adresse et la signature. Elle est datée du 17 septembre 1839 :

« Monsieur, d'après le nouveau recensement que je viens de faire des maisons qui composent le village de Koleah, à l'effet de mettre un terme à l'abus qui m'a été signalé, et qui consiste dans le prix trop élevé, que plusieurs propriétaires exigent pour le loyer de leurs maisons, je vous préviens que la vôtre a été désignée comme de vant subir un rabais de loyer. Vous aurez donc à vous présenter ici sous huit jours, pour traiter avec votre locataire, soit pour vendre, soit pour loner å un prir plus modéré, « sinon votre maison sera démolie, les principaux matériaux seront mis de côté en attendant que vous leur donniez une prompte destination, et l'emplacement devenu ainsi vacant sera livré à des personnes qui se sont déja fait inscrire pour l'occuper. J'ai l'honneur, etc.

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Il y a un jaste-milieu à tenir entre les exigences de certains colons qui ont voulu revendre fort cher au gouvernement des propriétés dont ils n'étaient pas sûrs de prouver la légitime posses sion, et les injonctions de l'autorité mi. litaire, qui s'arroge le droit de ressus citer le maximum, sous peine de démolition. Le moment est venu de concilier ces prétentions extrêmes, par l'organisation définitive de la propriété en Afrique. Toutes les exigences doi. vent se taire devant la grande voix de l'intérêt général. On n'a obtenu que des procès, la misère et la ruine sous le régime anarchique des premiers temps de la conquête, on ne recueille du régime absolu que l'immobilité et l'impuissance: il faut donc chercher dans un autre système les moyens de fonder enfin un établissement durable et digne de la grandeur de la France. Nous en avons les éléments; constituons la propriété! Après quoi rien ne sera plus facile que de réduire au travail cer tains colons indignes de ce nom, qui sont vehus en Afrique uniquement pour y organiser l'agiotage des terres. 11 suffira d'établir un impôt progressif sur tous les terrains demeurés incultes, et de favoriser par des exemptions on des dégrèvements tous les essais vraiment consciencieux.

Il ne faut point d'oisifs dans une colonie; il faut encore moins des joueurs. La propriété n'y saurait acquérir de valeur que par le travail. Les colonisateurs de l'Afrique espéraient en vain retrouver dans la docilité ou l'asservissement de la race arabe quelque chose d'analogue aux facilités que les planteurs du Nouveau-Monde ont rencontrées dans la traite des noirs. Les temps sont bien changés. Les Arabes n'ont rien de commun avec les négres, heureusement pour nous. Ils ne sont pas aussi bons, ce qui permet d'espérer que nos colons d'Alger seront meil. leurs que ceux des Antilles.

Après la constitution définitive de la propriété, et l'établissement d'un bon système de concessions en Algérie, la sollicitude de l'État devra s'arrêter principalement sur le choix de l'emplacement pour les villages et même pour les habitations isolées. La fante

**• Le commandant de la place si que les premiers colons ont commise gnê, B. »

en s'éparpill it's de grandes distances.

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