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PENDANT L'ANNÉE 1801.

PAR M. PELTIER.

31

VOL. XXXI,

MORES, ET STUdiá, et popuLOS, ET PRŒLIA DICAM.

Ca Londres?%

DE L'IMPRIMErie de t. BayLIS, GREVILLE-STREET,
HATTON GARDEN,

Et se vend chez DEBOFFE, Gerrard-Street; DULAU et
Co., Soho-Square; et BOOSEY, Old Broad-Street, près de
la Bourse-Royale.

1801.

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PARIS,

PENDANT L'ANNÉE 1801.

No. CCXXV.

Publié le 31 Mars, 1801.

Avertissement du Rédacteur.

Depuis que ce Journal a commencé, le renchérissement général qui s'est fait sentir successivement sur tous les objets de consommation, a presque doublé les frais d'impression, de papier et de publication qu'il coûtait en 1795. Le prix des livres et des papiers nouvelles s'est élevé en proportion : cependant, non seulement il n'a été fait aucune augmentation dans le prix des numéros de ce récueil, mais même l'éditeur a souvent donné des feuilles additionnelles, &, en employant un caractere plus fin, il a augmenté la matiere de plus d'un tiers. La derniere taxe sur le papier ne permet plus de continuer sur le même plan; mais l'éditeur, ne voulant point changer le prix, est forcé de réduire un peu le volume de chaque naméro. On n'en continuera pas moins d'y trouver l'extrait, ou si l'on veut la quintessence, d'une masse de gazettes, journaux politiques & littéraires, livres nouveaux, &c. dont l'abonnement ne coûterait pas moins de vingt guinées par mois aux curieux qui se condamneraient à l'ennui de tout lire.

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MÉLANGES LITTÉRAIRES.

NOTICE SUR FEU DEMOUSTIER.

Les lettres viennent de perdre Charles-Albert Demoustier, membre associé de l'Institut national, &c., &c.

Cette perte doit exciter les regrets de tous ceux qui ont su apprécier le talent modeste & gracieux à qui l'on doit les Lettres à Emilie sur la Mythologie, le Conciliateur, Alceste à la Campagne, l'Amour-Filial, & plusieurs autres ouvrages trop nombreux peut-être, mais tous remarquables par un ton spirituel & délicat.

La mort de Demoustier laisse des regrets plus amers encore au petit nombre d'êtres qui, liés avec lui d'habitude ou d'amitié, n'ont plus maintenant que le souvenir de ses vertus douces, de son âme excellente, de son caractere affable & bon; qualités rares, qu'un grand talent ne suppose pas toujours, mais dont il ne dispense jamais.

*

Les Ouvrages de Demoustier furent trop vantés peut-être de son vivant, par les femmes, que devait naturellement séduire le brillant de son esprit; mais ils furent aussi beaucoup trop décriés par un assez grand nombre de lecteurs & même d'écrivains, qui s'expliquerent souvent à cet égard dans des termes peu mesurés. On affecta surtout de le comparer à Dorat, avec une persévérance dont sa modestie seule pouvait l'empêcher de se plaindre. En effet, on a peine à concevoir quelle ressemblance si frappante on pouvait remarquer entre ces deux écrivains, entre Dorat, dont la tête était si vide

d'idées,

d'idées, & Demoustier, qui se livrait si facilement à l'abondance des siennes ; entre Dorat, que ses goûts frivoles & l'attrait de la dissipation avaient jeté dans le tourbillon du monde & des plaisirs bruyans, & Demoustier, que ses habitudes paisibles & le charme de l'étude portaient sans cesse vers la retraite & le séjour de la campagne. Il y aurait peut-être une sorte d'inconvenance à étendre ce rapprochement aussi loin qu'il serait facile de le faire.

Les Lettres sur la Mythologie furent le premier titre littéraire de Demoustier & le premier prétexte de son parallele avec l'écrivain que je viens de nommer. Quelques personnes d'un goût plus difficile que sûr, crurent voir dans cet Ouvrage du faux-brillant, des prétentions à l'esprit & surtout un ton de familiarité & de galanterie porté jusqu'à l'excès.

Avant de se permettre ces reproches, peut-être aurait-on dû considérer le but que s'était proposé Demoustier. Il avait remarqué que nos dames, même celles dont l'éducation paraît le plus soignée, n'avaient que de faibles notions de Mythologie. En effet, où les auraient-elles puisées, si ce n'est dans d'arides dictionnaires, ou d'énormes & fastidieuses compilations? Il voulut faire pour elles une histoire des dieux de la fable; cette histoire est présentée sous la forme de lettres, ce qui admet un ton familier; elle est écrite en prose & en vers, genre qui comporte une grande liberté dans les détails; enfin elle est faite pour des femmes, motif qui semble autoriser cette profusion de madrigaux qui s'y trouvent placés à peu près comme des vignettes & des gravures dans les livres sérieux où l'on vent fixer l'attention des enfans. Au reste, les Anglais, qui sont peut-être aussi justes appréciateurs que nous, de ce genre d'ouvrages, estiment beaucoup celui-ci, & en possedent une traduction fort élégante en prose & en vers.

La comédie du Conciliateur & le brillant succès qu'elle obtint, ajouterent un nouveau lustre à la réputation de Demous

tier.

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