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Je vois devant notre maison
Certain homme dont l'encolure
Ne me présage rien de bon.
Pour faire semblant d'assurance,
Je veux chanter un peu d'ici.

(Il chante; et lorsque Mercure parle, sa voix s'affaiblit peu à peu.)

MERC. Qui donc est ce coquin qui prend tant de licence, Que de chanter et m'étourdir ainsi ?

Veut-il qu'à l'étriller ma main un peu s'applique? Sos. Cet homme assurément n'aime pas la musique. MERC. Depuis plus d'une semaine,

Je n'ai trouvé personne à qui rompre les os;
La vertu de mon bras se perd dans le repos,
Et je cherche quelque dos,

Pour me remettre en haleine.
Sos. Quel diable d'homme est-ce ci?

De mortelles frayeurs je sens mon âme atteinte.
Mais pourquoi trembler tant aussi ?

Peut-être a-t-il dans l'âme autant que moi de crainte,
Et que le drôle parle ainsi

Pour me cacher sa peur sous une audace feinte? Oui, oui, ne souffrons point qu'on nous croie un oison :

Si je ne suis hardi, tâchons de le paraître.

Faisons-nous du cœur par raison;

Il est seul, comme moi; je suis fort, j'ai bon maître, Et voilà notre maison.

MERC. Qui va là?

Sos.

MERC.

Sos.

Moi.

Qui, moi?

Moi. Courage, Sosie!

D'être homme, et de parler.

Comme il me prend envie.

MERC. Quel est ton sort, dis-moi ?
Sos.
MERC. Es-tu maître ou valet?
Sos.
MERC. Où s'adressent tes pas?
Sos.
MERC. Ah! ceci me déplaît.
Sos.

Où j'ai dessein d'aller.

J'en ai l'âme ravie.

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