Tableau de la littérature française pendant le dix-huitième siècle

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Page 167 - C'est dans une disposition pareille que Rousseau a puisé son talent, ses opinions et ses fautes ; c'est pour avoir vécu étranger au milieu de la société, nous dirons même de l'humanité, que, tout en ressentant avec enthousiasme l'amour de la vertu et de la justice, tout en voulant y exciter les autres, il a ébranlé ce qui sert de base à la vertu et à la justice , le sentiment du devoir. C'est là , à ce qu'il nous paraît , le vice de sa philosophie.
Page 184 - Après avoir supposé la possibilité du contrat, après avoir montré les hommes se rassemblant pour le passer, il ne vit aucun inconvénient à ce que chacun abdiquât, par ce contrat, tous ses droits individuels, au profit de la société; sauf à la rompre du moment qu'on ne la trouverait plus convenable. De là sortit le principe de la souveraineté du peuple. Rousseau ne vit pas que, de cette sorte, il donnait à la tyrannie l'arme la plus puissante. En effet, le gouvernement qui exerce cette...
Page 55 - ... qui charme et qui subjugue. On voit que des vers tels que les siens ont dû être produits par l'homme de l'imagination la plus ardente ; si quelque chose peut donner l'idée d'un auteur en proie à tout l'enivrement de la passion et de la poésie, c'est un ouvrage tel que Zaïre. Il est impossible, même en l'examinant avec réflexion, de ne pas être frappé de ce caractère de force, de facilité et de grâce qui distingue la muse tragique de Voltaire. D'autres chefs-d'œuvre succédèrent...
Page 208 - Marmontel ; il analysa avec discernement et finesse le genre de sentiment qui caractérise les différentes formes dont se revêtent les productions de l'esprit ; il rechercha les causes qui peuvent influer sur ce sentiment et le modifier; il ne s'attacha pas à des règles qui sont impuissantes à faire naître le talent, il enseigna à sentir, à admirer les œuvres de l'imagination, et non point à les comparer froidement avec le modèle prescrit par la rhétorique, pour les juger d'après leur...
Page 78 - L'histoire devient plus triste et plus terrible pour ceux qui peuvent, en la lisant, la comparer aux grands événements dont ils sont témoins. Que de gouvernements , que de constitutions, nous avions admirés et considérés comme des modèles, qu'il nous faut maintenant regarder d'un autre œil ! Que d'hommes nous apparaissaient revêtus de gloire et d'éclat , dont à présent les vertus et le mérite ont été détruits ou diminués, quand nous avons vu quelles circonstances pouvaient conduire...
Page 161 - ... successivement, ont donné à la France , pendant la durée des siècles , quelquefois le bonheur, toujours la gloire. Il n'a pas su voir tout ce que le caractère national a pu présenter de noble et d'honorable durant les anciens temps ; et parce que les compagnons de saint Louis avaient eu pour descendants les courtisans de Louis XV, il a cru ne pouvoir rien trouver d'admirable qu'à Rome ou dans la Grèce. Ce que nous avons dit de l'effet que produisirent sur les lettres, au seizième siècle,...
Page 222 - C'était avec une sorte de crainte et de réserve qu'ils remplissaient leur saint ministère ; ils avaient peur de heurter la mode; ils tâchaient de se faire pardonner et leur profession et leurs discours. S'accommodant au goût de l'auditoire, ils fuyaient tout ce qui se rapprochait du dogme et des principes positifs de la religion , ils s'étendaient avec plus de complaisance sur ce qui avait rapport à la morale purement humaine ; et la religion n'était employée que comme un accessoire convenu,...
Page 68 - Persépolis, il trouve dans chaque chose des avantages qu'il n'avait pas d'abord aperçus, et se refuse à la destruction de la ville. Tel •fut Voltaire. Il voulait qu'il lui fût permis de juger légèrement et de railler toutes choses; mais un renversement était loin de sa pensée : il avait un sens trop droit, un dégoût trop grand du vulgaire et de la populace, pour former un pareil vœu.
Page 15 - De la dignité et de la grace ; de la gravité et de la politesse ; un esprit éminemment despotique , mais par instinct, sans violence et sans perversité ; ne concevant pas qu'on pût lui résister, mais ne voulant en général que des choses convenables et justes : tel fut le caractère d'un souverain qui devait exercer une si grande influence sur la nation, et dont le règne devait être signalé par un changement presque total dans le caractère français. Ce ne fut pourtant pas sans quelque...
Page 173 - ... poésie dramatique. Nous ne chercherons donc pas dans la nouvelle Héloïse, la peinture des hommes, tels qu'ils paraissent devant nous. Ce n'est pas ainsi que Rousseau A voulu les représenter. Rarement, aux yeux des autres, l'homme ose révéler les mystères de son âme ; à moins qu'un mouvement passionné et involontaire ne l'y entraîne. D'ordinaire je ne sais quelle pudeur unie à la crainte de ne pas être entendu, le porte à voiler ses secrets mouvemens et à amortir ses impressions.

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