Bat des rochers à tête grise, Sur une grève désolée, Si parfois, après la tempête, Ma bouche alors aimait redire Lieux de repos et de tristesse C'est qu'on n'a pas pour tout partage De soupirer et de rêver; Que sur l'Océan sans rivage Qu'importe que pour ma nacelle Au haut du phare qui m'appelle Qu'un soir, où ma voile attendue Et puis de sa tête baissée Qu'importe? il faut rompre le cable; Souvent, quand la brume abaissée Et durant sa course nouvelle, Sur toi viendra se reposer. A MON AMI V. H. (VICTOR HUGO.) Entends-tu ce long bruit doux comme une harmonie, Ce cri qu'à l'univers arrache le génie Trop longtemps combattu, Cri tout d'un coup sorti de la foule muette, A l'étroit en ce monde où rampent les fils d'Ève, Que ton aile se joue aux flancs des noirs nuages, Poussant ton vol sublime et planant, solitaire, Dis-moi, nous entends-tu? la clameur solennelle Ou bien, sans rien sentir de ce vain bruit qui passe, Plonges-tu, pour l'atteindre, en des flots de lumière, Oh ! moi, je l'entends bien ce monde qui t'admire. Pour moi, pauvre déchu, réveillé d'un doux songe, Comme, un matin d'automne, on voit les hirondelles Et sonner le départ; Aux champs, sur un vieux mur, près de quelque chapelle, On s'assemble, et la voix des premières appelle Celles qui viennent tard. Mais si, non loin de là, quelque jeune imprudente, Captive, elle entend tout: en bruyante assemblée On s'envole; ô douleur ! adieu plage fleurie, Il faut rester, subir la saison de détresse, C'est mon emblême, ami;.... mais si, comme un bon frère Du sein de ta splendeur à mon destin contraire Tu veux bien compatir; Si tu lis en mon cœur ce que je n'y puis lire, Ce qui n'en peut sortir; C'est assez, c'est assez : jusqu'à l'heure où mon ame, Secouant son limon et rallumant sa flamme A la nuit des tombeaux, Je viendrai, le dernier et l'un des plus indignes, SONNET. Enfant, je m'étais dit et souvent répété : << Jamais, jamais d'amour; c'est assez de la gloire; «En des siècles sans nombre étendons ma mémoire, « Et semons ici-bas pour l'immortalité. » Plus tard, je me disais : « Amour et volupté, « Allez, et gloire aussi ! que m'importe l'histoire? « Fantôme au laurier d'or, vierges au cou d'ivoire, « Je vous fuis pour l'étude et pour l'obscurité. » Ainsi, jeune orgueilleux, ainsi longtemps disais-je ; Mais comme après l'hiver, en nos plaines, la neige Sous le soleil de mars fond au premier beau jour, Je te vis, blonde Hélène, et dans ce cœur farouche, Aux rayons de tes yeux, au souffle de ta bouche, Aux soupirs de ta voix, tout fondit en amour. |