Il est vrai, répondis-je, que j'entends beaucoup parler du ftile magique de M. de Voltaire; & fans le favoir, on en fait plutôt une critique judicieufe, qu'un éloge. Ne pouvant lui accorder du fublime, du naïf & de ce vrai beau qui caractérise les Corneille & les Racine, on a cherché un terme d'adouciffement pour louer le brillant, l'éblouiffant & le clinquant de fon esprit, & pour fe difculper foi-même de s'être laiffé fasciner les yeux aux prestiges, & même aux vertiges de l'Ecrivain, on s'eft récrié fur la magie de fon ftile. Nous verrons que cette magie, capable d'en imposer aux yeux foibles, tient à des défauts infoutenables, qui deviennent auffi choquans quand on les éclaire du flambeau de la raison, qu'une vieille Coquette à qui l'on ôte fon rouge & fes mouches. Ce n'eft pas que je refuse mes éloges à certaines parties du ftile de M. de Voltaire. Je vous ai déjà dit ce que j'en penfois, & je compte bien vous en entretenir encore. Comme c'eft du Poëme épique que nous parlons ici je ne prétends autre chofe, finon que M. de Voltaire qui a fans doute bien du talent pour la Poéfie agréable & légère, en avoit fort peu pour la grande Poéfie. Le manque de génie qui l'a empêché de mettre, dans la Henriade, prefque toutes les beautés qui conftituent l'Epopée, l'a fait tomber auffi dans les vices du ftile les plus oppofés à la majestueufe fimplicité du Poëme épique : voilà tout ce que je veux dire & démontrer. Nous allions nous engager dans ce nouveau sujet de difpute; mais il furvint quelqu'un qui interrompit notre entretien, & nous en remîmes la fuite à un autre jour Fin de la Huitième Lettre, AVIS DU LIBRAIRE, SUR les Lettres de M. CLEMENT, & M. DE VOLTAIRE. LA premiere Lettre in-8. I liv. 4.f. On y examine quelle influence M. de Voltaire a eue fur l'efprit & les mœurs de fon fiecle. La feconde est un examen de ses jugemens littéraires fur Montagne, Mallierbe, Marot, Regnier, Rabelais, la Satire Menippée, Voiture & Segrais in-8°. La troisième cft für Quinault, Lamotte, nelle, &c. in-80. La quatrième, sur Lafontaine I 16. Fonte I 16. Boileau, in-80 I 16. La cinquième eft l'examen des Commentaires fur Corneille, in-80. 2 8. La fixième, fuite de l'examen des mêmes Commentaires fur Corneille, in-8°. de 360 pages. 3 12. La feptième, des entretiens fur le Poëme épique relativement à la Henriade, in-8°. 1 La huitième, fuite des entretiens fur la Henriade › in-80. de 353 pages. 28. 3 12. La neuvieme Lettre paroîtra inceffamment. |