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PRÉFACE

Je ne cherche pas à dissimuler que j'ai conçu la publication de ce recueil, comme tous ceux qui cèdent à la même tentation, dans l'espoir qu'il aurait quelque intérêt pour le lecteur. Mais je peux dire que quelques littérateurs, en raison de leurs études ou de leurs goûts, m'ont témoigné le désir que ces articles ne fussent pas entièrement perdus : les journaux dans lesquels ils ont paru n'avaient qu'une publicité très-restreinte, certains n'existent plus aujourd'hui; des numéros séparés sont introuvables: on me citait avec éloge les deux premiers articles, consacrés à des questions de prosodie, et d'autres qui éclaircissaient quelques points obscurs de la métrique (art. V et VI), ce que je faisais toujours avec le secours des poëtes et des grammairiens : ceux qui traitent du vers parémiaque et de la strophe ionique mineure ont été honorés du suffrage de Boissonade. L'expression de ces jugements tient un peu au hasard; qu'on me permette de recommander également la dissertation sur juventus (IV), dans laquelle j'ai déchargé Salluste d'un véritable barbarisme, et mis en garde les latinistes modernes. Dans l'inscription du recueil de Mommsen (IX), je me flatte d'avoir trouvé une rectification importante qui

avait échappé à mes prédécesseurs, et qui conserve fidèlement les lettres du texte en donnant un bon sens (e jactatibus). J'appelle aussi l'attention sur ma démonstration de l'origine de notre vers décasyllabe (art. X), une de mes grandes préoccupations. En donnant une nouvelle étymologie du mot délicat (XV), j'ai échappé aux séductions d'un rapprochement trompeur, et ma solution a eu l'honneur d'être acceptée par M. Littré. Dans l'article XVI j'ai démontré l'existence des verbes Lectare et Scriptare, contestée par beaucoup d'éditeurs d'Horace. En rapprochant quatre passages d'Ennius (XXI), j'ai eu soin de grouper des phrases qui pouvaient entrer dans une même prédiction, en même temps que je choisissais un mètre qui convînt à ce genre de monologue. Le faux Turnus n'a plus guère de partisans, mais j'espère avoir contribué à ce qu'il ne s'en trouve plus (XXII). J'ai maintenu dans Virgile le sens archaïque du mot Eques (XXIV). J'ai retrouvé dans plusieurs exemples l'excellent mot Obsequentia (XXV). J'ai patronné la belle conjecture de Bentley dans Horace, inominatis (XXVIII). J'espère avoir fort ébranlé (XXIX) l'hiatus imputé à Horace: Dædaleo ocior. L'intérêt de l'article XXX est surtout dans la distinction de perduco et produco, confondus à tort.

Presque toutes ces dissertations se rattachent à mes constantes études : la grammaire et la métrique.

MÉLANGES

DE

PHILOLOGIE

I

DE L'ACCENT TONIQUE A LA FIN DU VERS HEXAMÈTRE

ET DANS NOTRE VERS ALEXANDRIN.

Il est incontestable que les poëtes latins évitent de reporter une finale longue dans le cinquième et dans le sixième pied du vers hexamètre. Nous pourrions nous contenter d'établir ce fait, et le précepte qui en résulterait aurait toute l'autorité suffisante. Tâchons cependant de pénétrer plus avant, et de découvrir dans l'essence même du vers hexamètre la raison du principe.

Tous les vers ont une désinence que l'oreille juge surtout avec sévérité. En français, nous exigeons le retour de la rime; les autres langues modernes en font de même souvent usage, ou bien elles demandent à une certaine place une syllabe accentuée. Dans la poésie latine quelque chose répond à ce besoin : tous les vers d'une égale mesure, même ceux qui prennent le plus de licences, ont du moins une chute uniforme. Quand on parle du vers hexamètre, on croit avoir tout dit quand on a établi qu'il finit par un dactyle et un spondée. Il est vrai que les Français, qui accentuent si mal la langue latine, n'y voient guère autre chose. Mais ce qu'il faudrait ajouter, c'est que, au commencement du cinquième et du sixième pied, il demande une syllabe accentuée :

Conticuere omnes, intentique ora tenebant,

Inde toro pater Æneas sic orsus ab alto.

Nous qui prononçons alto comme marteau, nous ne faisons pas attention

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