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Dès son origine la poésie fut religieuse, elle fut consacrée à chanter la puissance et les bienfaits des Dieux, et dans l'épopée qui fut destinée ensuite à célébrer un événement mé morable ou les vertus d'un héros, l'intervention des Dieux fut jugée nécessaire, comme imprimant aux actions humaines un caractère de grandeur et de majesté, qu'elle seule peut leur donner.

Au reste, cette idée de l'influence de la divinité sur les actions humaines est si fortement empreinte dans l'esprit de tous les peuples, que réunie à l'idée de sa justice, elle forme la base de toutes les religions, et ce n'est qu'une corruption extrême qui peut faire oublier aux nations civilisées ces vérités salutaires principal appui des bonnes mœurs.

De tous les genres de poésie l'ode est celui qui exige le plus d'harmonie, le plus de har diesse dans les figures et dans les inversions, elle doit prendre un ton si élevé qu'elle semble inspirée. Des transitions inattendues ajoutent à ses beautés et justifient ce mot de Boileau:

Chez elle un beau désordre est un effet de l'art.

C'est, si je puis m'exprimer ainsi, le plus poétique des ouvrages en vers, son langage doit être sublime, et le poëte pour faire passer. son enthousiasme dans l'ame de ses auditeurs

ne doit traiter que des sujets relevés et dignes d'admiration. C'est à ces titres que nous avons proposé aux poëtes lyriques pour sujet d'un prix, la bataille d'Iéna, qui, présageant les victoires auxquelles nous devons la paix sur le continent, était si propre à exciter leur verve. Aussi un grand nombre de concurrens se sont montrés dans la lice, et plusieurs d'entr'eux se sont assez approchés du but pour nous faire présumer que dans un second concours ils parviendront à l'atteindre.

Tandis que les poëtes célèbrent à l'envi les victoires de l'EMPEREUR et que leurs chants, d'accord avec notre pensée, excitent nos applaudissemens, nous lui rendrons un tribut d'admiration plus doux et plus flatteur sans doute, en nous rappelant que la paix était l'objet de ses triomphes. La paix! source pure du bonheur des peuples! oh combien sont coupables les gouvernemens, qui sous de vains prétextes, troublent le repos des nations, et font toujours, quels que soient leurs succès, de malheur de leurs propres sujets. Je sais que pour conserver la paix, il faut être prêt à la guerre, et que malheureusement même, il faut quelquefois faire la guerre pour maintenir la paix; mais ces guerres éternelles que le génie du mal peut seul inspirer, combien elles font

gémir l'homme sage, lors même qu'éloigné des horreurs qui les suivent, il pense aux maux inséparables d'un si terrible fléau!

Mais pourquoi nous arrêter sur des objets si affligeans, lorsque la paix du continent est d'un si favorable augure pour la paix maritime? Tandis que par ses victoires et par des lois d'une haute sagesse, NAPOLEON ferme aux Anglais les ports du continent, une fureur aveugle les porte à Copenhague et dans la baie de Chesapeak où leur conduite atroce en révoltant toutes les nations, seconde ses vues bienfaisantes, et favorise son sublime dessein de les forcer à la paix, en les privant de toute relation avec les autres peuples.

C'est sous le point de vue des bienfaits que j'aime à considérer l'EMPEREUR; j'aime à le voir s'occupant de la paix au sein même de ses victoires; j'aime à me rappeler que dès qu'il eut pris les rênes du gouvernement, les troubles de la révolution cessèrent, et que, graces la sagesse et à la fermeté de son administration, nous jouimes enfin de la plus précieuse de toutes les paix, de la paix intérieure. Il l'a raffermie encore, en tarissant la plus terrible source das guerres civiles, l'intolérance religieuse qui ne le cède en cruauté qu'à l'intolérance de l'athéisme.

L'histoire ne nous offre aucun grand monarque,

aucun monarque digne de l'être qui n'ait senti l'influence des lettres et des beaux-arts sur le bonheur des peuples, et qui pour les faire fleurir n'ait honoré, n'ait favorisé les hommes à talent qui les ont cultivés. Si, non content de les protéger, l'EMPEREUR s'occupe lui-même de leurs progrès, s'en fait rendre compte, s'y intéresse et y contribue d'une manière plus spéciale; si même il les dirige, c'est qu'étant pourvu des connaissances nécessaires pour en juger, il en approfondit les heureux résultats.

Enfin, Messieurs, pour la prospérité de l'état et le bonheur du Héros qui nous gouverne, il ne me reste qu'un vœu à former, c'est qu'il puisse bientôt mettre le comble à sa gloire en réalisant ses généreux projets et en accomplissant son auguste promesse de répandre l'aisance dans toutes les parties de son empire, même dans le plus petit hameau. Alors un concert de louanges et de bénédictions s'élévera de tous les points de ses états, et le bonheur remontant à sa source, la félicité de l'Empereur se composera de tous les biens qu'il aura faits à ses peuples.

De Réception de Monsieur BLANCARD

MESSIEURS,

Appelé à l'honneur d'être assis parmi vous j'éprouve le regret d'être si peu versé dans l'étude des sciences et des arts qui sont l'objet habituel de vos travaux. Que puis-je vous offrir, si ce n'est des connaissances pratiques acquises dans une activité continuelle? Ce que j'en ai publié avait besoin de beaucoup d'indulgence pour justifier vos suffrages.

Comme navigateur et commerçant, presque toute ma vie a été employée à parcourir les côtes et les marchés des deux Indes, et je n'ai pu me résoudre, en ensevelissant dans la retraite ou dans la tombe des notions que j'ai si péniblement recueillies, à laisser ceux: qui sont destinés à me suivre dans cette carrière, exposés aux méprises et aux inconvéniens sans nombre, attachés aux premières tentatives.

En leur communiquant par la voie de l'impression le résultat de mes recherches, j'ai desiré de suppléer à leur inexpérience, et montrer dans un seul cadre, les avantages prodigieux que promètent ces belles et vastes contrées de

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