Images de page
PDF
ePub

publique, de perfectionner les découvertes rela tives aux arts, à l'industrie et à l'agriculture, de réunir les renseignemens qu'elles ont acquis, à ceux qui leur sont procurés par les savans de la capitale et des départemens.

Enfin, en voyant l'Institut, l'Université impériale, cette belle institution des Prix décennaux, ces établissemens de toute espèce, l'activité de ces nombreux ateliers, ce muséum unique, cette foule de monumens et de statues, ces ponts et ces canaux, nous pouvons nous écrier que les lettres et les beaux-arts se raniment à l'aspect des lauriers de Napoléon; tout est digne d'un grand peuple et d'un grand homme !

Honneur aux beaux-arts qui ont réuni tous leurs efforts pour célébrer la majestueuse cérémonie du mariage de LL. MM.! honneur à ce génie sublime et créateur qui a fixé la cinquième époque classique des beaux-arts dans les annales des siècles, et qui, de sa puissante main, dirige le développement de tous les moyens, de toutes les facultés et de tous les talens! dans cette journée à jamais mémorable, la réalité a, pour ainsi dire, surpassé les plus belles fictions poétiques! Oui, sans doute, la sérénité de ce grand jour, qui, avait été précédé par d'effroyables orages, rappelait la sublime allégorie de l'empire céleste comme par. tagé entre Auguste et Jupiter! Le soleil, qui, à

l'aspect de Napoléon, se montre à l'horizon, c'est le génie de la France qui, an retour du héros des plages africains, déchire le voile des ténèbres. Cette magnificence universelle, ce cortège unique de tant de tètes couronnées, cette foule d'illustres étrangers, cés arcs de triomphe, ces monumens enflàmés, ces légions valeureuses, attestaient la solennité de la fête et la gloire de celui qui en était l'objet; ils annonçaient la brillante destinée de la jeune souveraine, placée si haut dans sa pensée les beaux-arts étaient l'escorte fidèle du héros; ils parsemaient son passage de fleurs, et le proclamaient GRAND!

DISCOURS DE RÉCEPTION

DE M. PENCHAUD, Membre de la classe des Beaux-Arts, prononcé à la séance publique du 6 mai 1810.

V

MESSIEURS,

ous avez prévu, sans doute, en m'associant à vous, que j'aurai besoin de votre indulgence, et qu'un artiste habitué à figurer ses idées avec le crayon, ne les exprimerait point en littérateur

exercé.

C'est dans cette persuasion, que je m'enhardis à remplir l'obligation que vos réglemens imposent aux récipiendaires; et je me flatte qu'en vous éntretenant des objets qui me sont le plus familiers, mon langage, mieux approprié au sujet, en sera moins obscur, et que vous parlant des

beaux-arts, j'exciterai du moins votre attention

en même tems que votre bienveillance.

Socrate, ce philosophe aimable et vertueux, a classé les artistes avec les vrais sages, parce qu'ils se contentent de l'ètre sans le montrer; ét c'est pourquoi, selon Plutarque, Esope, le réformateur des vices de ses contemporains, fréquentait assidûment les sculpteurs et les architectes. Personne n'ignore que la culture des arts

rectifie le jugement et adoucit les mœurs. Aussi Paul Émile chargea-t-il un sculpteur et un peintre

de dévoiler à ses fils les mystères de l'art. Et c'est peut-être à ce soin paternel, que le jeune Scipion, fils adoptif de ce grand homme, dut les qualités précieuses qui brillèrent en lui dans toutes les circonstances de sa vie. Dirai-je enfin, Messieurs, que Marc-Aurèle convenait d'avoir appris, d'un peintre dont il avait reçu des leçons, à distinguer le vrai du faux, et à ne pas prendre les apparences pour la réalité? Mais votre conviction rend toutes ces autorités superflues; et je ne veux point ici, pour vous démontrer l'importance des beaux-arts, faire un vain étalage de citations. Mon principal but est de vous communiquer mes idées sur l'architecture.

Ceux qui discutent la prééminence des arts, libéraux, leur origine, leur filiation, s'arrêtent ordinairement aux parties qui présentent quelque similitude, et s'efforcent d'en tirer des conclusions générales. Mais abandonnant les systêmes et les raisonnemens spécieux aux critiques, avouons que tous les arts sont également dûs au besoin (car les plaisirs sont aussi des besoins chez les hommes), que la culture s'en est développée par les mêmes procédés chez tous les peuples, et que l'on ne peut raisonnablement assigner à chaque art une patrie, d'où il se serait propagé

, ,

ni une prééminence réelle. Seulement l'invention des arts est plus ou moins reculée, selon l'antiquité des nations.

La plupart des hommes, enclins à estimer beaucoup ce qu'ils savent, n'hésitent point à se ranger sur la première ligne. Cet exemple ne me séduit point, et la vanité ne dirige pas mon

sentiment.

[ocr errors]

Je n'ignore point cependant que l'architecture acquerrait des droits à la prééminence, si l'on consultait le témoignage des anciens. En effet, le nom que les Grecs ont donné à ce bel art, atteste la supériorité qu'ils lui reconnaissaient; et Platon n'a pas hésité de dire que la Grèce, toute savante qu'elle était de son tems, aurait eu de la peine à fournir un architecte véritable. Cicéron portait le même jugement de l'architecture, puisqu'il la cite, avec la morale et la médecine, comme une science d'une très-vaste étendue..

Vitruve a fait l'énumération des connaissances nécessaires à un architecte. Cet auteur a, je pense, exagéré en ceci comme en bien d'autres choses. Convenons cependant qu'un architecte doit être fort instruit, et qu'on ne saurait apprécier au juste combien il a fallu de combinaisons diverses, de formes et de proportions, de tentatives hardies, d'expériences difficiles, de

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »