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c'est-à-dire en 1711, Vallisnieri reproche à M. du Verney de n'avoir pas coupé ce cerveau en plusieurs sens, pour reconnaître s'il avait conservé, comme dans toutes les pétrifications, sa structure intérieure. Cet illustre naturaliste pense que ce n'était point réellement le cerveau, mais le résultat d'un suc osseux égaré et porté dans le cerveau. (1)

Quelque tems après, comme je voulais garder ce crâne, pour bien en considérer les dimensions, je m'apperçus qu'il était sans suture. Hérodote parle, dans le neuvième livre de ses histoires, de plusieurs têtes d'une seule pièce, trouvées sur un champ de bataille. Et tout le monde sait que le cardinal de Ximenès, qui fut toujours mélancolique, avait le crâne sans suture.

La maigreur du corps que j'examinais me donna la curiosité d'ouvrir la cavité abdominale. Tous les organes furent trouvés prodigieusement diminués, et la rate, surtout, qui n'avait tout au plus que l'épaisseur d'un ruban; mais depuis le pilore les intestins fixèrent mon attention, soit par leur excessive siccité, soit par leur éclatante blancheur. Je n'avais nullement l'envie de les fendre avec le bistouri; mais les ayant pris, par hazard, entre les mains, je les trouvai remplis d'une matière

(1) Vallisnieri, osserv. su il cervello impietrito.....

si singulière que je voulus, sur le champ, entreprendre de l'enlever. Le duodenum, le jejunum et l'iléon furent donc ouverts, et je trouvai dans le premier de ces intestins grêles une pâte consistante, élastique, grisâtre, qui avait la flexibilité de l'argile, et la force de résistance du liège. Elle était divisée de distance en distance et de la longueur du doigt, par des grains détachés de la même matière, et quelques gouttes d'un liquide jaune qui s'interposait dans ces sortes d'impressions digitales. Au dessous de l'iléon tout était comme dans l'état ordinaire. Il ne faut pas oublier que Cubisol avait été 57 jours sans boire ni manger.

RAPPORT

SUR les Mémoires envoyés au Concours relatif à la fabrication du syrop et du sucre de raisin, fait à la séance publique du 6 mai 1810, par M. LAURENS, Membre de la Classe des Sciences, organe d'une Commission spéciale de l'Académie.

MESSIEURS,

DEPUIS deux ans, l'Académie a ouvert un

concours pour la fabrication du syrop et du sucre de raisin, et c'est dans cette séance, que, d'après son programme, elle doit couronner l'ouvrage qui lui a paru digne d'obtenir la palme.

Je viens vous présenter, en son nom, l'analyse des ouvrages qui lui sont parvenus, et vous faire connaître le jugement qu'elle a cru devoir porter, sur le rapport d'une commission spéciale et après un examen approfondi.

Trois mémoires ont été adressés à l'Académie.

Le premier porte cette épigraphe : Éloigné de vous, je me suis occupé de ce qui vous était utile.

Ce mémoire, qui n'est, selon son auteur, que le résumé d'un ouvrage plus étendu sur le syrop

de raisin, et particuliérement sur l'art d'en extraire le sucre cristallisable, a d'abord fixé l'attention de l'Académie. Je vais ici, Messieurs, examiner les moyens qu'emploie l'auteur de cet ouvrage pour parvenir à son but, et le suivre rapidement dans les résultats qu'il énonce.

L'auteur s'occupe d'abord des phénomènes moléculaires que présente la cristallisation du syrop de raisin. Rattachant les effets qu'elle présente aux lois générales de la cristallisation, il fait une application ingénieuse de ces mêmes lois. Il observe que le mouvement, l'agitation, le contact de l'air, font cristalliser promptement du syrop de raisin qui ne déposait pas du sucre solide. En observateur éclairé et chimiste habile, il interroge, avec soin, l'expérience sur la précipitation spontanée du sucre, et discute savamment sur ses résultats.

L'auteur passe ensuite au raffinage de la moscouade de raisin. Il fait connaître, à ce sujet, divers moyens chimiques qui tous reposent sur l'emploi de l'alcool.

On ne peut voir, sans beaucoup d'intérêt, la table des pesanteurs spécifiques de ce liquide, qui a servi aux expériences du raffinage. Cette table est vraiment neuve, et les résultats des expériences sur lesquelles elle est basée, y sont énoncés avec la plus grande exactitude.

Il suffit de lire cette partie du mémoire que nous analysons, pour se convaincre qu'elle se trouve enrichie de plusieurs observations intéressantes; et quoiqu'on ait déjà employé l'alcool pour le raffinage du sucre de raisin, il n'est pas moins vrai que les recherches variées, faites à ce sujet par l'auteur, doivent faire regarder son travail comme nouveau, et très-propre à rapprocher le moment où l'on pourra tirer du sucre de raisin tout l'avantage qu'on peut en attendre.

Après avoir décrit divers procédés relatifs au raffinage du sucre de raisin, l'auteur établit des calculs pour évaluer les frais que l'extraction de ce sucre doit comporter. Il examine les propriétés de ce même sucre. Vous vous êtes convaincus, Messieurs, de l'existence de ces propriétés, en examinant l'échantillon de sucre de raisin que l'auteur vous a adressé. C'est en rendant compte de la différence qu'il offre comparativement au sucre de canne, sous le rapport de sa douceur et sous celui de sa solubilité, que l'auteur est conduit à examiner tout ce qui a trait à l'emploi du sucre de raisin dans les usages économiques. Il observe, et avec raison, que s'il est des cas où son peu de solubilité présente un inconvénient dans son emploi, il en est d'autres où cette propriété peut offrir des avantages. Le mélange de ce sucre avec celui

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