inflammation. D'ailleurs, une trop forte efferveséence détruirait la qualité des sucs et des sels, et ferait pourrir le tabac.
Lorsque la fermentation a cessé, on dépouille les tiges de leurs feuilles, et, séparées par qualités, on les fait sécher de nouveau, après quoi on les réunit au nombre de dix à douze feuilles, et on les met couche par couche dans des barils.
ODE, lue à la séance de l'Académie du 16 juin 1809,
Par M. DE CAUSAN, ancien capitaine de cavalerie, membre associé des Académies de Marseille et de
Montpellier, et de l'Athénée de Vaucluse.
EST-CE au moucheron, qui, sous l'herbe,
Voltige insensible à nos yeux,
A juger de l'élan superbe
De l'aigle égaré dans les cieux!
Non, non, en sa bouillante audace,
Le cigne altier suit seul la trace
Du noble oiseau de Jupiter,
Et d'un transport, non moins sublime, Atteint l'Olympe, dont la cime Fend les vagues d'or de l'Ether,
En vain, la critique rebelle, Au plus puissant de tous les arts, A son lourd compas voudrait-elle Asservir nos fougueux écarts. Fuis l'Echo sacré de la rime, Toi, dont le luth jamais n'exprime
Le nombre heureux des beaux accords Toi, qu'aucun concert ne réveille, Pas même la douce merveille Qui triompha du Dieu des morts.
Vouloir à l'hymne pindarique Interdire les Cicux divers, C'est briser le char olympique, C'est mettre la victoire aux fers; C'est, dans sa brûlante carrière, Rendre la foudre prisonnière, Au moment que l'effroi la suit ; Précipitant, sur son passage, L'horrible fracas de l'orage Et l'éclair au sein de la nuit.
L'urne, à la source transparente, Réveille à peine les Echos, Tandis que le torrent tourmente Et blanchit d'écume ses flots; Fidèle à l'Amour qui le guide, Le Zéphir, à l'aile timide, S'exhale en sons doux et discrets; Baise les fleurs, dort sur les herbes, Mais c'est aux vents les plus superbes, A faire mugir les forêts.
Riche et brillante effervescence Divine ardeur viens, à mes chants, Imprimer ta vive présence
Par tes traits actifs et pressans; Que la froide et lente analyse N'émousse point la touche exquise Du beau feu, qui vient nous saisir; A l'aspect d'une grande image, Changeons en transports notre hommage Et notre raison en plaisir.
Au feu de la riche matière, Tonnante d'un éclat soudain, Signalons, dans la nue altière, L'aigle enflammé du mont Thébain. Il est brisé ce char rapide,
Qui, dans l'arêne, aux champs d'Elide, Vola sur deux sillons d'éclairs;
Tandis que des sons de Pindare, Torrent qui fuit, gronde et s'égare, L'Echo roule encor dans les airs.
Dieu des vers, à peine ta lyre Fait retentir le mont sacré, Qu'un charme délectable attire Les flots du Permesse égaré; Ta voix, féconde en doux prestiges, Va multiplier les prodiges
De l'art éclatant des beaux sons ; Moment enchanteur, où la gloire Embellit encor la victoire, Promise à tes fiers nourrissons,
Veux-tu, plein des hautes merveilles De tes triomphes ravissans,
Sur les yeux et sur les oreilles Régner par tes accords puissans ; Eteint sous des nuances sombres, L'air se noircit au gré des ombres Qu'enfante un art imitateur : Ta lyre, au ton fier et sauvage, Semble rouler, sur le rivage, Le fracas des flots en fureur.
Fais-tu briller la voûte immense Où flottent les astres épars, Les traits de ta magnificence Frappent les yeux de toutes parts; Veux-tu, sous tes touches sublimes, Des monts fuyans peindre les cimes, Le noir des bois, l'azur des mers; Astre, rival du soleil même, Tu prends les Cieux pour diadême, Et pour marche-pied les Enfers.
Dans les tableaux pompeux et vastes
Des plus magnifiques objets, De l'art magique des contrastes Tu fais ressortir les effets; Le Ciel, sous sa nocturne image, Croit en beauté, quand le nuage, Dans ses sombres flancs, a relui, Et le silence, sur la terre,
Semble augmenté, quand du tonnerre Le dernier Echo s'est enfui.
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