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Riche de sa magnificence, L'astre au coloris vif et pur, En rayons dorés la dispense, Jusqu'au désert du sombre azur; C'est du sein des humbles campagnes, Que le front altier des montagnes S'élève en trône impérieux ; Les vapeurs des terrestres plages, Servent d'autel aux noirs orages, Qui vont s'embraser dans les Cieux.

Exempt des soins du rang suprême,
Riche sans or, roi sans soldats,
Mon pacifique diadême

Ne doit rien au fer des combats ;
Peu Jaloux du bruit des trompettes
Je sème de fleurs les conquêtes
Que je fais la lyre à la main;
Empire doux et plein de charmes,
Puisqu'il ne coûte point de larmes,
Ni de travaux au genre humain.

Sous la cataracte tonnante,
Qui vomit ses flots bondissans,
La subite horreur, qui m'enchante,
S'empare à grand bruit de mes sens.
Vois-je au prisme d'or de la nue,
D'Iris l'écharpe retenue,

Au sein des airs s'épanouir;
Le vif sentiment, qui m'entraîne,
Me retient dans sa douce chaîne,
Non pour penser, mais pour jouir.

Endormi sous la voûte obscure De bois peuplés, d'arbres épais, Beaux sans ordre, et verds sans culture, Aimable asile de la paix;

Au sein des riantes images

Les doux bruits, les songes volages,
M'éveillent aux sons enchanteurs,
Dont le Dieu Pan, qui se promène,
Anime, à l'ombre d'un vieux chêne,
Son haut-bo's plein d'accens flatteurs.

I.Echo d'Amathonte répète,
A chaque Silvain attentif,
Les airs légers de ma musette,
Où murmure un zéphir plaintif;
Agitant à mon gré sa lance,
Bellone sur mes pas s'avance,
Au bruit de mille accents guerriers ;
Mon clairon sonore et rapide
Presse l'élan du char d'Alcide,
Quand il va cueillir des lauriers.

Plus loin, amante des ténèbres,
L'Elégie aux sombres pinceaux,
Prolonge mes accens funèbres,
A travers l'horreur des tombeaux ;
Lasse, en dépeignant les alarmes,
Les cris des morts, le choc des armes,
D'exciter de tendres regrets;

Veut-elle, au vain fracas du monde,
Dérober sa douleur profonde,

Elle s'endort sous un cyprès,

Luth sacré du choeur des Orphées, Au gré de ton droit souverain, Le tems, sur l'or de tes trophées, Vient briser son septre d'airain; Ton charme atteint la rive noire, Ton art consomme sa victoire, Jusques sur le Dieu des Enfers, Où, malgré le Cocyte avare, Le héros, vainqueur du Ténare, Doit son triomphie à tes concerts,

O vous, dont la voix est montée Sur l'aile d'un transport divin, Volez, de l'ardent Promethée, Renouveler l'heureux larcin; Superbe élan, sublime ivresse, Qui, seule aux rives du Permesse, Ravit, dans tout leur appareil, Ces sons nombreux dont l'harmonie, Des chastes nymphes d'Ausonie, Consacra les nuits sans sommeil.

Mais quel ravissant spectacle, Sous un aspect délicieux, Fait de l'antique tabernacle, Réjaillir les traits radieux ? De Jupiter au Capitole, Ils ont brisé la vaine idole, Au bruit de son trône écroulé ; Des rochers sanglans du Calvaire, S'ouvre l'auguste sanctuaire Et le vrai Ciel est dévoilé.

Le Liban à ma voix s'abaisse,
Au fond des bois harmonieux ;
Du Cèdre saint la voûte épaisse
Roule l'Echo mystérieux;
Déjà la harpe prophétique,
Exhale son divin cantique,
Et sous ses accords immortels,
Du Jourdain, la rive animée,
Voit la palme de l'Idumée,
S'incliner aux pieds des autels.

Mais déjà le char, qui m'élève,
Ravit la terre à mes regards;
Elle s'efface comme un rêve,
Tableau confus de traits épars.
Aux concerts deş Cieux réunie,
Ma muse, aux ailes d'Uranie,
Attache son rapide essor;

Et sous les feux de l'Empyrée,
Même en son sommeil inspirée,
Suspend au Ciel sa lyre d'or.

C'est là, que ses hordes brillantes, Au gré des plus hardis transports, Vont des sphères au loin roulantes. Répéter les pompeux accords: Déjà, du vrai beau possédée, Elle en atteint la haute idée, Au sein des célestes loisirs ;

Où mes chants, aux Dieux en silence, Lorsque mon hymne recommence, Font goûter de nouveaux plaisirs.

DISCOURS DE RÉCEPTION

DE M. RIGORDY, membre de la classe de littérature et d'histoire, prononcé dans la séance publique du 26 août 1810.

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MESSIEURS,

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E voudrais, par un hommage digne de vous, acquitter ma reconnaissance et justifier votre choix; mon impuissance me fait mieux sentir ce que je dois à votre bienveillance. Vous avez voulu, sans doute, récompenser mes longs: efforts dans une carrière qui tire une grande partie de son lustre de la culture des lettres.. La connaissance des lois, de même que celle de toutes les sciences exactes, n'est jamais que les fruit de l'étude. Pénétrer leurs motifs, saisir leurs rapports, juger sainement de leur application, peut n'être que le travail d'un sens droit et d'un esprit juste; mais il faut plus à l'orateur du barreau: il doit connaître l'art d'exprimer sa ̧ pensée sans l'exagérer et sans l'affaiblir, de lier ses preuves pour ajouter à leur force, de faire, parler à la raison le langage qui doit le mieux assurer son triomphe; l'art de répandre la lu

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