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Tel m'achète qui me revend
Avec ou plus ou moins d'usure.
Enfin avec moi, chers lecteurs,
On est dans l'aisance ou la gêne:
Zulime à force de faveurs,
Serre més liens et m'enchaine;
Elle me quitte, me reprend;

A sa suivante elle me donne ;
On me traite comme un enfant;

Quand je suis vieux, on m'abandonne.

PON...... SIM.. (de Reims ).

LOGOGRIPHE.

Je t'offre, avec cinq pieds, les attraits de ta belle;
Avec quatre, d'un Dieu l'adorateur fidèle;

Sur trois, je fuis à tire-d'aile.

Par un Abonné (de Sens, département de l'Yonne).

CHARAD E.

DANS les forêts on peut entendre mon premier;
Par tout, avec plaisir, on reçoit mon dernier;
Mais à Bysance on craint l'envoi de mon entier.

Par un Abonnė,

Mots de l'Enigme, du Logogriphe et de la Charade insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier numéro est Cruche. Celui du Logogriphe est Pressentiment, où l'on trouve ressentiment.

Celui de la Charade est Sou-ris.

Esprit de Mirabeau, extrait de ses divers ouvrages,' divisé par ordre de matière, et embrassant les différentes branches de l'économie politique, précédé d'un précis historique de sa vie privée et publique, revu, corrigé et augmenté de plusieurs anecdotes inédites. Deuxième édition. Deux volumes in-8°. Prix : 9 fr., et 12 fr. par la poste. A Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Hautefeuille, no. 20; et chez le Normant, rue des Prêtres S. Germain-l'Auxerrois, no. 42.

LA

A première édition de cet ouvrage a paru en l'an V de la république; aussi a-t-on eu grand soin d'y montrer M. de Mirabeau républicain, philosophe, économiste, athée, ennemi général de toutes les institutions favorables à la monarchie; d'où il résulte que si l'esprit de Mirabeau est un bon esprit, nous sommes tous des fous au jourd'hui ; et qu'au contraire, si nous sommes revenus aux vrais principes de gouvernement et d'administration qui conviennent à la France, c'est M. de Mirabeau qui ne sait ce qu'il dit. Cette manière de poser la question me plait beaucoup; la réputation de cet orateur est si grande encore, que tous ses amis se révolteraient contre moi si je me permettais de le juger aussi sévèrement qu'il mérite de l'être comme publiciste, moraliste et administrateur je vais donc les placer dans une position assez embarrassante, puisqu'ils ne pourront défendre leur idole sans faire le procès d'un ordre de choses dans lequel ils occupent tous des places, et par conséquent sans blâmer leur propre conduite. Mais ce n'est point assez pour moi de les mettre dans cette pénible alternative; il faut

qu'ils se prononcent également et contre le plus éloquent des révolutionnaires, et contre le dix-huitième siècle; car suivant l'éditeur de cet ouvrage :

L'esprit de Mirabeau fut déterminé par l'in» fluence du dix-huitième siècle, auquel il faut le » rapporter tout entier. » Voyons donc quelle a été l'influence de la philosophie du dix-huitième siècle sur un homme auquel il est impossible de refuser de l'esprit et un grand caractère; cela nous aidera à deviner quelles pensées cette singulière philosophie inspire à ceux qui n'ont ni caractère, ni esprit.

D'après l'expérience de tous les siècles, et l'opi nion des bons politiques, nous devons croire que les grands états sont favorables à la tranquillité du monde et aux progrès de la civilisation; nous avons tous applaudi à l'agrandissement de la Frane, et aux différens traités qui ont fait disparaître quelques-unes de ces petites souverainetés qui avilissent le pouvoir, et dans lesquelles se sont formées presque toutes les opinions dangereuses qui agitent encore l'Europe; mais nous nous sommes trompés. Voici l'opinion de M. de Mirabeau, opinion qu'il donne moins encore comme la sienne que comme celle de tous les philosophes:

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« Ce sont les grands états qui ont perdu les » mœurs et la liberté des peuples; c'est dans les grands états que s'est formé le pouvoir arbi» traire qui tourmente et avilit l'espèce humaine. » Alors qu'un seul homme a commandé à des » millions d'hommes dispersés sur un grand es» pace, il a profité de leurs intervalles pour semer » entre eux la zizanie et la discorde; il a opposé » leurs intérêts pour désunir leur force; il les a » armés les uns contre les autres pour les asservir » tous à sa volonté : alors les nations corrompues se » sont partagées en satellites et en esclaves, et elles

pu

» ont contracté tous les vices de la servitude et de » la tyrannie: alors qu'un homme fier de se voir » l'arbitre de la fortune et de la vie de tant d'êtres, » a méconnu sa propre nature, conçu un mépris » insolent pour ses semblables, l'orgueil a engen» dré la violence, la cruauté, l'outrage: alors que » la multitude est devenue le jouet d'un petit » nombre, il n'y a plus eu ni esprit, ni intérêt »blic, et le sort des nations s'est réglé par les » fantaisies personnelles des despotes: alors que quelques familles se sont partagé, approprié la » terre, on a vu naître et multiplier les grandes » révolutions qui sans cesse changent aux nations » leurs maîtres, sans changer leur servitude. . . . » A cette longue déclamation faite en bien mauvais style, M. de Mirabeau ajoute: « Ainsi, nul doute » pour un philosophe, pour un véritable ami de l'espèce humaine, pour un citoyen du monde : » la combinaison de toutes, la plus desirable » pour les sociétés politiques, est celle des petits

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>> états. >>

Les philosophes et les citoyens du monde sont admirables si on ne les considère que comme des déclamateurs; mais lorsqu'on presse tant soit peu leurs raisonnemens, on est toujours étonné de les trouver en querelle réglée avec le bon sens et l'expérience. D'abord il est faux que le pouvoir arbitraire se soit formé dans les grands états: Thistoire nous présente de très-petits états long-temps gouvernés par des tyrans; il est encore faux que les meurs et la liberté des peuples ne se perdent que dans les grands états, puisque l'histoire nous montre également toutes les petites républiques perdant leurs mœurs avant de perdre leur liberté. Dans l'antiquité, on voit les petits états se combattre sans cesse, les vaincus réduits à l'esclavage, les nations perdre jusqu'à leur nom; en A

frique, la guerre entre les petits états va jusqu'à l'anéantissement; dans la position actuelle de l'Eu rope, les petits états ne se conservent que par la volonté des grandes puissances, et ils sont toujours la première victime des guerres dans lesquelles ils n'ont rien à gagner. Comparez le sort de l'Allemagne envahie au moins une fois tous les vingt ans, à la France qui depuis plus d'un siècle n'a reçu qu'une fois l'ennemi dans son sein (1). Rappelez le temps où l'Angleterre étoit partagée en trois royaumes indépendans; divisez par la pensée l'immense territoire de la Russie en différentes nations, et cherchez ensuite quelle sera son influence. Partout les villages se battraient entr'eux comme le village de Rome et le village d'Albe, s'il n'y avait pas des grandes villes, et les grandes villes se déclareraient la guerre s'il n'y avait pas une capitale qui rappelle sans cesse la puissance du gouvernement. Ce ne sont pas les despotes qui divisent les citoyens; c'est au contraire le pouvoir général de celui qui gouverne qui empêche l'effet de ces rivalités constantes qui existent de province à province, de bourgade à bourgade, de famille à famille; et c'est une grande erreur en politique de mettre sur le compte du despotisme ce qui est le résultat naturel des passions humaines. Mais je ne me suis pas chargé de combattre les pensées de M. de Mirabeau; j'ai voulu prouver seulement qu'il étoit en contradiction avec la politique de la France. Passons maintenant de la grandeur des états à la forme de leur gouvernement.

En qualité de philosophe et de citoyen du monde, M. de Mirabeau voulait de petits états comme plus propres aux révolutions, car il aime les révolutions; il ne s'en cache pas, et dit « qu'une

(1) Il ne faut pas confondre des frontières passées, et le sein d'un état occupé par l'ennemi.

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