Ainsi parlait Armar..... Déjà la nuit obscure. Et cependant l'ami des malheureux, Il veille, tourmenté des pensers les plus sombres, Et s'arrachant de la fatale plaine, A. B... ...... A MONSIEUR DELILLE, LES RHÉTORICIENS DE L'ÉCOLE SECONDAIRE D'AVALLON IL voit le jour enfin ce chef-d'œuvre nouveau (1), Qui pourrait, en voyant cette métamorphose, Virgile et son génie, et ses plus heureux fruits, Le chantre de Didon renaît, revit encore : (1) Sa traduction de l'Enéide. O toi, vivant portrait du plus parfait modèle, Rends-nous le tout entier, en tout sois-lui fidèle. Tu chantas ses héros, ses essaims, ses vergers; Il ne te reste plus qu'à peindre ses bergers. Jusqu'aujourd'hui fidèle à ta première gloire, Jusqu'au bout, de Virgile honore la mémoire. NAKON A De ta reconnaissance, encor ce monument. Après ses chants guerriers, redis-nous ses chansons. Peut-il dans l'art des vers craindre quelques rivaux ? (1) Delille, Georg., livre II, vers 417. Tels on a vu les Dieux accueillir en tous temps, ENIGM E. MINERVE se promène en ma rase campagne; Le mot de l'Enigme du dernier numéro est Bonheur. Celui du Logogriphe est Corail, où l'on trouve cor, or, ail, Lia, cil et arc. roc, Celui de la Charade est But-or. Septième livraison du Répertoire du Théâtre Français (1), ou Recueil de toutes les tragédies et comédies restées au théâtre, depuis le Venceslas de Rotrou, pour faire suite aux éditions in-8°. de Corneille, Molière, Racine Regnard, Crébillon, et au théâtre de Voltaire; avec des notices sur chaque auteur, et l'examen de chaque pièce, par M. Petitot; dessins de M. Périn, impression de Didot l'aîné. (Nous avons pris l'habitude de n'accorder d'éloges à cet ouvrage, qu'en le citant; nous continuerons, en prenant dans cette livraison la Notice sur Marivaux ; elle prouvera que le travail des éditeurs ne se sent point de la fatigue qu'on remarque assez ordinairement à la fin des collections volumineuses.) « Notice sur Marivaux. PIERRE CARLET DE MARIVAUX naquit à Paris en 1688. Son père, d'une famille ancienne dans le parlement de Rouen, avait été long-temps directeur de la monnaie à Riom : il ne négligea rien pour l'éducation de son fils auquel il avait peu de fortune à laisser. Marivaux fit de rapides progrès dans ses premières études, et se livra de bonne heure à son goût pour les lettres. Il se maria en 1721, et perdit deux années après son épouse dont il conserva toujours un tendre souvenir: il n'eut (1) Cette livraison forme les tomes 19, 20, 21, et contient les comédies en trois actes et en un acte de Lesage, Lafont, Marivaux, Dallinval, Poisson, Fagan, Destouches, Boissy, Saint-Foix. La livraison suivante sera la dernière, et n'aura que deux volumes. Prix : fr. le vol., et 14 fr. pap. vélin, gravures avant la lettre. Paris, chez Perlet, libraire, rue de Tournon, no. 1133, et le Normant, etc. qu'une fille qui se fit religieuse. Ainsi les événemens parurent s'arranger pour le ramener à ses goûts qui l'éloignaient de toute occupation sérieuse et lucrative. La pureté de ses mœurs, la sagesse de ses principes, l'aménité de son caractère, lui firent des amis sincères; ses talens et son respect pour la religion lui donnèrent des protecteurs utiles. Il avait une pension sur la cassette de Louis XV, il en touchait une autre plus considérable qui lui fut exactement payée jusqu'à sa mort, et il ignora toujours à qui il la devait. Sans luxe, sans aucun besoin dispendieux, il aurait vécu dans une douce aisance s'il avait été en son pouvoir de résister aux cris de l'infortune; mais ses soins et son argent étaient à tous les malheureux: délicat dans sa ma nière d'obliger, il cachait les privations personnelles que lui coûtait sa générosité; et lorsqu'il manquait lui-même des choses nécessaires, il ne s'en apercevait que par l'impossibilité où il était de donner. La bienfaisance fut sa seule passion: nous la caractérisons ainsi parce qu'il est vrai qu'il ne sut jamais en régler l'usage; mais qui oserait blâmer l'excès de cette vertu d'autant plus admirable chez lui qu'il n'affecta jamais de la prêcher dans ses ouvrages? sa modestie ne lui aurait pas permis de s'offrir pour modèle, ou de s'ériger en apôtre de philantropie. Cette observation nous conduit naturellement à remarquer que cet écrivain n'a eu rien de commun avec les philosophes dont il vit la naissance, les progrès, et dont les principes lui parurent toujours dangereux et ridicules; mais, sans déguiser son opinion à cet égard, il evita avec eux toute querelle qui aurait pu annoncer une animosité étrangère à son caractère. On sait qu'il ne voyait dans la prétendue universalité des talens de M. de Voltaire que la perfection des idées communes: il le disait parce qu'il le pensait, |