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éconduire le Chevalier d'industric. Nos mœurs sont` si ai→ sées, qu'on ne s'arrête point à de semblables bagatelles : on aurait pu souffrir l'immoralité, on n'a pu résister à l'ennui; c'est là pour les auteurs le crime irrémissible. Le plan ne valait rien, et l'exécution était bien pire.

Madame de Mersanges, jeune veuve, se cache sous le nom de Joséphine; elle est à Paris, dans l'hôtel de l'Univers, à la suite d'un procès. Saint-Léon, logé au même hôtel, en devient amoureux. Cette passion ne convient point aux intérêts de Préval, qui s'est lié avec lui, qui en quatre jours lui a escroqué mille louis au jeu, et compte bien lui enlever toute sa fortune. Pour rompre cette liaison amoureuse, il dresse deux batteries. D'un côté, il persuade à Saint-Léon que Joséphine est d'une humeur très-accommodante, qu'il a cu avec elle d'anciens arrangemens, et qu'elle consent à ce qu'il l'enlève. ( Qu'est-il besoin d'enlèvement avec une pareille femme ?)

De l'autre, il dit à Joséphine que Saint-Léon a le projet de l'enlever. Pour le faire échouer, il lui propose de la faire.condaire dans une maison décente et sûre : Joséphine a démêlé les intentions du fourbe; el'e feint d'en être la dupe, sent à ce qu'il propose. Préval fait en sorte que Saint-Léon soit témoin de la fuite de sa maîtresse. Celui-ci en est au désespoir. Au plus fort de son emportement, elle paraît avec un vêtement plus riche que celui qu'elle avait le matin, C'est la femme de chambre qui a été emmenée. Préval, démasqué, sort en proférant des menaces, et les amans se marient suivant l'usage.

Un valet de Saint-Léon était d'intelligence avec le chevalier d'industrie pour dépouiller son maître : cette basse scélératesse a semblé encore plus dégoûtante que celle du principal escroc.

Ce mauvais canevas n'était couvert par aucune beauté de

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détail. Au contraire, la broderie le faisait paraître encore plus défectueux. Dans une scène où Préval témoigne à Joséphine l'impatience de la posséder, elle objecte que son père lui destine une autre épouse. « Jamais elle ne m'appartiendra. La connaissez-vous ? Je l'ai vue une fois; je ne l'ai presque pas regardée. Vous avez eu très-grand tort vous deviez du moins l'envisager. « Qui croirait que c'était Joséphine elle-même qu'il avait ainsi dédaignée, et à laquelle il avait fait si peu d'attention, qu'il ne la reconnaissait pas ? Cette double invraisemblance a révolté.

On a trouvé aussi très-mauvais le jargon de tripot dont Préval se servait pour enseigner à Saint-Léon le moyen de s'enrichir an Trenteet Un. Regnard a cependant employé quelques termes de jeu, et Molère, dans son Fácheux, en racontant un coup de piquet inattendu, a fait un petit chefd'œuvre de narration. Ce sont donc moins les termes d'argot dont s'est servi le chevalier que leur accumulation, le mauvais emploi qu'il en a fait, et la longueur de la leçon, qui ont déplu. Pendant une scène entière il n'a été question que de rouge, de noire, de gagnante, de paroli, de masse en ayant, de martingale; langage heureusement inconnu à plus d'un auditeur et à plus d'un lecteur. Quelqu'un, qui le comprenait fort bien, s'est écrié dans un mou. vement d'impatience : « Voilà une vraie martingale (1) de » sottises. » Le talent de madame Scio, l'intérêt qu'elle inspire, la belle voix de Martin, la naïveté de mademoiselle Pingeret, le naturel piquant de madame Gontier, le jeu très-animé de Jausserand, quelques morceaux agréables de musique, ont cependant soutenu le Chevalier jusqu'à la fin; mais alors on lui a, d'une manière équivalente, intimé l'ordre de ne plus reparaître, et l'auteur a eu le bon esprit de ne pas s'obstiner à le reproduire.

(4) Progression croissante, et toujours double,

On dit que la musique est le coup d'essai de deux jeunes gens. On regrette qu'ils aient travaillé sur un sujet aussi Од ingrat; on a jugé qu'ils promettaient. Je n'ai pas ovï, au n'ai pas remarqué ces deux vers incroyables cités dans un Journal :

J'ignore quel est le destin

Que le sort me destine.

J'ai retenu ceux-ci qui sont de la même force :

J'en fais l'aveu,
J'aime avec ivresse

Et l'amour et le jeu.

Et ce duo chanté par Martin et madame Scio :
Je vous joindrai dans le salon.

-Ah! monsieur, que vous êtes bon !

Quand on peut se résoudre à faire de la musique sur de tolles paroles, la première chose dont on devrait s'occuper, ce serait de les couvrir si bien qu'il fût impossible de les entendre.

ANNONCES.

Guide de l'officier particulier en campagne; par M. CessacLacure, conseiler - d'état, président de la section de la guerre, membre de l'Institut national et de plusieurs, sociétés savantes, grand officier de la légion d'honneur, gouverneur de l'école polytechnique. Nouvelle édition, revue et augmentée, avec l'agrément de l'Auteur; par M. Mellinet. adjudant commandant, et sous- inspecteur aux revues. Deux vo. in-8°., avec 18 planches. Prix: 12 fr., et 15 fr. par La poste. Papier vélin, 24 fr., et 27 fr. par la poste.

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Le prix de l'abonnement, pour l'année, est de 12 fr. ponr Paris, et de 16 fr. par la poste. Les trois numéros réu is formeront un vol. de 250 à 300 pages. Les douze premiers numéros, complétant 4 vol., se vendent 14 fr. pour Par s, et 18 fr. 50 cent. par la poste.

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A Paris, chez F. Buisson, impr. libr., rue Hautefeuille, no. 20 Ces differens ouvrages se trouvent aussi chez le Normant, rue des Pretres Saint-Germain-l'Auxerrois, n°. 42.

NOUVELLES DIVERSE S.

Isles-sous-le-Vent. Une tempête, qui a duré trois jours dans ces parages, y a fait périr 274 vaisseaux ou bâtimens appartenans à diverses nations, mais sur-tout aux EtatsUnis d'Amérique.

- De 10 à 12000 personnes qui habitaient Gibraltar, il n'en reste pas 1000. Les troupes ont perdu 500 hommes. Des bords du Mein. La solennité qui doit avoir lieu à Vienne au sujet de l'hérédité de la dignité impériale dans la maison d'Autriche, est décidément fixée au 8 décembre. -L'électeur de Bavière, qui s'était proposé de se rendre à Paris pour le sacre et le couronnement de l'Empereur des Français, en est empêché par la grossesse avancée de madame l'électrice. S. A. E. y sera représentée par M. de Mongelas, son premier ministre.

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Nos politiques répètent que la constitution de la république Italienne est sur le point de subir de grands changemens.

On mande de Rotterdam que le comte d'Artois, suus le nom du comte de Ponthieu, est arrivé à Yarmouth, venant de Calmar. Il était accompagné du chevalier de Puységur et de l'abbé de Latil.

Des mouvemens insurrectionnels ont éclaté en Irlande, et une gazette ministérielle donne à entendre que des réunions de mécontens continuent d'y avoir lieu. Le gouvernement a besoin de la plus grande vigilance pour y maintenir la tranquillité. Le parlement est prorogé jusqu'au 3 janvier. — On a lu, dans un conseil tenu dernièrement, un manifeste adressé aux puissances de l'Europe, touchant l'arrestation de M. Rumbold à Hambourg. On ignorait probablement alors qu'il était déjà relâché, grace à la médiation du roi de Prusse.

PARI S.

LES ON DIT.

Sterne a fait, dans son Voyage sentimental, la découverte de certains degrés de comparaison qui ont lieu dans notre langue, pour marquer différentes nuances d'étonnement. Les trois mots on dit, on parie, on assure ont également entr'eux la valeur du positif, du com paratif et du superlatif. Ils s'emploient tantôt d'après le degré de

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