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convient pas. C'est un fait historique comme celui qui sert de sujet au drame connu sous le nom de l'Abbé de l'Epée, c'est-à-dire un fait controuvé, falsifié. Milton, après la el restauration du fils de Charles Ier, ne fut ni proscrit ni fugitif: il resta chez lui sans être inquiété, quoiqu'il eût été, comme on sait, ardent républicain, puis secrétaire sidu protecteur. On se contenta de l'exclure des charges publiques. On a même prétendu que dans la suite, on lui offrit la place de secrétaire de Charles II. Le fait n'est pas probable, mais il est possible, attendu la douceur et l'insouciance du monarque anglais. On ajoute que Milton refusa, et dit à sa femme qui l'en blåmait : « vous autres » femmes, vous feriez tout pour un carrosse. Moi, je » veux vivre et mourir libre. » Ses idées de liberté le conduisirent à l'apologie du divorce. Il écrivit pour soutenir qu'on devoit le prononcer dès qu'il y avait contrariété d'humeur, et qu'il est ridicule de se dire libre, si l'on est l'esclave du sexe le plus foible. On connaît sa querelle avec Saumaise. Cependant par un contraste qui n'est pas rare ce sauvage controversiste était dit-on d'une société très-douce.

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La nouvelle pièce ne donne aucune idée exacte, ni do sa vie, ni de ses opinions, ni de son génie. Il est vrai que les poètes dramatiques ne sont pas asservis à suivre littéralement l'histoire, et qu'on n'a pas coutume de l'étudier dans leurs productions. Ils cherchent à intéresser pour leurs héros en les entourant de dangers.

Il a donc été permis de supposer Milton proscrit et réfugié chez un quaker de ses amis, accompagné de sa bonne fille Emma. Il demande si, avec son Antigone, il ne ressemble pas à OEdipe. On lui répond: c'est à Homère que vous ressemblez. Il parle de ses dangers on lui fait entendre qu'un homme de génie sera sûrement respecté.

Le talent et le génie répond-il sont, dans le danger, » deux ennemis de plus. »>Un jeune lord dont il a sauvé le père, condamné sous Cromwel à l'échafaud, est venu, sous un nom emprunté, lui servir de lecteur chez le quaker. Il y voit Emma pour la première fois, en devient amoureux en est aimé, mais sans oser se déclarer, et sans connaître son bonheur. Miss Charlotte fille du quaker, majeure depuis, bien des années, croit que c'est elle qui fait soupirer le lord, caché sous le nom d'Arthur. Son père la désabuse: tandis que les deux amoureux sont sur la scène, il est avec elle dans une petite pièce voisine et ouverte. Il lui révèle leur amour réciproque, et met ainsi fort à l'aise Arthur qui ne s'en étoit pas encore expliqué, et même son amante, laquelle baisse la vue, rougit et ne dément point le quaker. On a trouvé ce moyen ingénieux. C'est à-peu-près la même situation que dans le vaudeville intitulé le 'Mur mitoyen. Je ne sais d'ailleurs s'il est permis de faire jouer ainsi deux scènes à la fois dans deux pièces différentes.

Le quaker, pour alonger la pièce, imagine qu'Arthur a trahi Milton; ce qui est d'autant plus extraordinaire que ce quaker sait qu'il aime éperdûment la fille du poète. Un courrier arrive, apporte un papier au lord à l'instant même où celui-ci est accusé publiquement par le quaker de la plus noire perfidie. Il le remet à ce dernier, en lui disant : « on est prompt ici à soupçonner; lisez. » C'est la grace de Milton accordée à la sollicitation du lord. «Tou» chez là, lui dit le quaker, je suis un sot. » Le mariage des amans termine la pièce. Milton fait d'abord quelques difficultés. Il craint que ses torts ne nuisent au généreux lord. Son futur gendre le rassure: «Le temps, dit-il efface » le souvenir d'une erreur, et les fruits du génie restent. » Cela est vrai, en général, mais s'il y a des vérités qui no

soient pas bonne à dire, celle-ci pourrait bien être de - ce nombre.

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Ty a dans cet opéra quelques pensées qui ont un air de sentences et de prétention. Je n'en citerai qu'un exemple. Arthur s'était donné pour un vieillard, afin que Milton ne refusât point des services qui procuraient la facilité à son lecteur de voir sa fille à toute heure. Le poète lui demande s'il ne la trouve pas charmante. « Je fais plus de cas de sa » vertu que de sa beaute. Egoisine, s'écrie Milton! »nous vantons les vertus de son sexe, parce qu'à notre âge, » mon ami, nous en avons plus de besoin que de ses at» traits.» Je ne voudrais pas garantir la justesse de cette pensée; en tout cas elle est froide et déplacée, sur-tout dans un opéra.

Tout le monde s'est accordé à trouver des morceaux très-brillans et trop d'abondance dans la musique. Son succès a été à peu près le même que celui des paroles. On a jugé qu'il y avait à louer et à reprendre. Celui de madame Gavaudan a été sans mélange. Elle a, mis aptant d'à-plomb que de grace, de douceur et de modestie dans son rôle d'Emma. Elle s'est entièrement corrigée de son excessive volubilité. Son mari, qui est un excellent acteur, met quelquefois, si je ne me trompe, un peu d'emphase dans son débit; ce qui est partout à éviter, et sur ce théâtre-là forme une espèce de discordance.

ANNONCE.

Fastes de la nation française, on Tableaux pittoresques gravés par d'habiles artistes, accompagnés d'un texte explicatif, et destinés à perpétuer la mémoire des hauts faits militairs, des traits de vertus civiques, ainsi que des exploits de la légion d'houeur.

Pour propager en France l'esprit public, il est essentiel de mettre sans cesse sous les yeux du militaire et du citoyen les faits héroïgnes .ct les belles actions qui ont mérité à la nation française l'admiration et l'estime de toute l'Europe.

Le but de cet ouvrage est de multiplier les archives aux membres de la légion d'honneur, et de faire connaître les titres de tous ceux qui, par des preuves authentiques, pourrontespérer les bontés de sa inajesté impériale.

Deuxième livraison, présentée à leurs majestés et à la famille impériale, par Thermisien-d'Haudricourt, contenant les sujets suivans:

N°. V.

Fol. 13.- Héroïsme du sénateur Rampon, au fort de Monte on elezimo, Fol. 14. Jean Calla, des guides de l'Empereur, monte un des premiers sur les murs de la ville d'Alexandrie, et malgré le feu terriple ve l'entemi, aide les grenadiers Sabatier et Labruyère à esca❤ lader les rempart..

Fol. 15. — Beau dévouement d'Aubert et des préposés des douanes du port Bail.

N°. V I.

'Fol. 16. J. H. Ségur, maréchal de France, ramène près de Menden, an duc de Briss c, 10,000 hommes d infanterie que ce grand général croyait perdus, et qui avaient combattu pendant cinq heures contre 30,000 hommes sans être entamés.

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Fol. 17. Oletta, marin corse, court relever le pavillon national qu'un boulet de canon venait de renverser, et en l'assurant il fut atteint d'un cop mortel.

Fol. 18.

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Bean dévouement de Monferrat, volontaire ; de Perruchon, char.elier d'Essonne, et d'un cuisinier de la Croix de Saint-Remy.

Fol. 19.

N°. VII.

Dernier moment du général en chef Dugommier. Fol. 20.- Expert, chef de bataillon, avec 350 hommes, soldat malades, parvient à chasser de Faioum 3000 Arabes, 1000 Mamelucks et on grand nombre de Fellaks.

Fol. 21.

Fol. 22.

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Dévouement d'un soldat de la 86° demi-brigade.

N°. VIII.

Le général Jordy, aîné, grièvement b'essé d'un coup de fe à la cuisse, se fait porter sur des branches d'arbres par des grenadiers du 57 régimest, effectue la descente dans l'ile de Noirmoutiers, et commande encore pendant sept heures, jusqu'à l'arrivée du genéra! Koxo qui commandait la réserve.

Fol. 23.- Beau dévouement du docteur Desgenettes, inédecin en ch-f de l'armée d'Egypte.

Fol. 24.

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Fin funeste et malheureuse du général en chef Kléber, arrivée au Caire le 25 prairial an 6 ( 14 juin 1800.)

La souscription, ouverte en tout temps, est de 10 fr. par livraison, Composée de quatre numéros en beau papier; de 12 fr. en papier vélin; de 21 fr. coloriée, et de 24 fr. avant la lettre.

Les membres de la légion d'honneur, dont les titres de gloire seront consignés dans les Fastes de la France, auront la faculté de se procurer chaque numéro séparément, et à leur choix, au prix de 3 fr.

On souscrit, pour cet ouvrage, au bureau de l'Auteur, rue de Seine, no. 1434, faubourg Saint-Germain ; et chez les principaux libraires de l'Europe et directeurs des postes de tous les départemens. Et chez LE NORMANT, imprimeur-libraire, rue des Prêtres SaintGermain-l'Auxerrois, n°. 42.

Nota. On ne recevra que les lettres affranchics.

NOUVELLES DIVERSES.

On écrit de Saint-Domingue, le 18 septembre, que Dessalines, avec une armée considérable, marche sur Santo Domingo, et se propose de réduire toute la partie espagnole de l'île sous sa domination. ̈

Hongrie. Il se rassemble dans ce royaume des forces imposantes, La mort du grand-seigneur, qu'on dit dangereusement malade, amènerait, suivant toute apparence, des événemens d'un intérêt majeur.

Une maladie contagieuse règne à Livourne; la garnison française de cette ville, campe hors de ses murs. Les papiers d'Italie n'arrivent plus en Allemagne que piqués et passés au vinaigre. La fièvre jaune s'étend aussi dans plusieurs cantons des Etats-Unis. Ainsi, ce fléau ravage

simultanément les deux mondes.

Angleterre. Ce pays vient d'apprendre la perte de trois gros vaisseaux. Le Centaure, de 74 canons, poursuivant un corsaire français qui désolait le commerce anglais dans les parages de la Martinique, s'est engagé jusqu'à la portée des batteries du cap Salomon, près le Fort Royal. Saisi tout-à-coup d'un calme plat, le feu des forts le contraignit d'amener. Le Ruyter a été entièrement brisé à Antigoa par la tempête, sans parler d'un paquebot qui a péri dans le même port. Enfin, le Romney, de 60 canons monté par 350 hommes, a échoué à l'entrée du Texel; l'équipage est fait prisonnier; le vaisseau est perdu; l'artillerie sera sauvée.

PARI S.

Voici quelques détails que M. Rumbold, agent anglais dans la Basse Saxe, a donnés lui-même sur son enlèvement aux personnes qui ont pu causer avec lui dans le peu d'heures qu'il a passées à Caen. Il était à sa maison de campagne, lorsque vers une heure et demie du matin on frappe à sa porte, en lui annonçant une estafette. Sur le refus qu'il fit d'ouvrir, attendu, disait-il, qu'il n'avait pas coutume de se lever la nuit, l'aide-de camp du général Frère, qui cernait la maison avec trente grenadiers, monte sur les épaules de l'un d'eux, s'accroche à une fenêtre, l'enfonce, et se trouve dans la chambre de M. le chevalier. Au même instant des gendarmes entrèrent par

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