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ment à mieux constater la capacité : car, dans une classe bien faite, de bons élèves doivent se rencontrer même sur les derniers bancs. Mais, en général, des élèves peuvent être légitimement suspects de n'avoir pas toute l'aptitude nécessaire; et ils auront eu devant eux un ou deux mois pour réparer l'insuffisance de leur instruction.

D'après le résultat de l'examen, dont le procès-verbal me sera transmis, tout élève qui n'aura point justifié d'une instruction suffisante devra rester dans la classe inférieure ; et ici, je ne saurais trop recommander à MM. les professeurs, et surtout aux chefs d'établissements, une équitable sévérité. La plus sûre prospérité d'un établissement de l'État consiste moins dans le grand nombre des élèves que dans l'excellence de la discipline et des études.

Les élèves ont quelquefois éludé les mesures prescrites par les arrêtés de 1836 et de 1837, en ne rentrant au collége qu'après les examens terminés. Cette infraction à la règle ne doit plus avoir lieu. Tout élève est tenu de se présenter au collége la veille de la rentrée des classes; et s'il y avait à cet égard quelque exception motivée, elle ne saurait, dans aucun cas, dispenser l'élève retardataire de l'examen prescrit.

Tout élève venant du dehors, soit au commencement, soit dans le courant de l'année scolaire, sera soumis aussi une épreuve spéciale devant le professeur de la classe pour laquelle il se présente.

MM. les recteurs ou inspecteurs de l'Académie ne pourront pas assister à ces examens particuliers; mais le proviseur et le censeur des études devront y prendre part.

En exécutant avec modération, mais avec persévérance, ces diverses mesures, nous atteindrons, monsieur le recteur, le véritable but que l'on doit se proposer dans l'en

seignement public assurer le progrès de tous. Nos établissements répondront mieux aux vœux et aux sacrifices des familles; et le seul titre de la classe donnera une idée fidèle de l'instruction réelle des élèves.

Recevez, monsieur le recteur, etc.

Agrégation spéciale de physique et d'histoire
naturelle.

Circulaire relative à la création d'un concours général d'agrégation pour les sciences physiques et naturelles, et d'une nouvelle division scientifique à l'école normale.

Du 2 octobre 1840.

Monsieur le recteur, je vous adresse deux nouvelles décisions du conseil royal, d'une grande importance pour les études scientifiques de nos colléges.

Jusqu'ici les sciences mathématiques et physiques étaient confondues dans la même agrégation. Il en résultait ce grave inconvénient que, l'agrégation embrassant des épreuves très-diverses, les candidats qui s'y préparaient avaient plus d'étendue que de profondeur dans leurs connaissances, et cette inconséquence qu'après avoir passé par le même concours, les agrégés admis étaient appliqués à des enseignements différents, les uns aux mathématiques, - les autres à la physique et à la chimie. Enfin, il faut le dire, la physique et la chimie, la physique surtout, n'étaient pas suffisamment représentées dans ce concours unique, et les sciences naturelles n'y jouaient aucun rôle : ce qui condamnait l'université à chercher des maîtres pour les sciences naturelles en dehors de l'agrégation et de l'école normale qui y prépare.

J'ai donc pensé qu'il fallait diviser le concours d'agréga

tion des sciences en deux concours, l'un pour les sciences mathématiques, l'autre pour les sciences physiques et naturelles. Par là, ces diverses branches d'études seront plus développées dans chacun des concours qui leur seront spécialement affectés. Pour maintenir les liens qui les unissent, le diplome de licencié ès-sciences mathématiques est exigé pour l'agrégation des sciences physiques et naturelles, et le diplome de licencié ès-sciences physiques pour l'agrégation des sciences mathématiques. Sur ce commun fondement, les vocations particulières se développeront avec liberté, et chaque candidat pourra se présenter au concours institué pour le genre d'enseignement auquel il se destine. Les siences physiques et naturelles y gagneront, sans que les mathématiques puissent y perdre.

Rien n'est changé, d'ailleurs, dans l'organisation actuelle du concours d'agrégation pour les sciences: les trois épreuves distinctes de la composition, de l'argumentation et de la leçon subsistent. De même, le cadre des études de la section des sciences, à l'école normale, est agrandi et développé, sans subir aucun changement essentiel : il y aura, dans la troisième année, deux divisions correspondantes aux deux concours d'agrégation.

En un mot, monsieur le recteur, la mesure nouvelle est analogue à celles qui successivement ont institué des concours particuliers, en 1825, pour la philosophie, en 1830, pour l'histoire. L'université marche donc toujours dans la même voie, mais elle y fait un pas de plus; et ce pas est un progrès véritable, une amélioration considérable de l'enseignement des sciences physiques et naturelles. Recevez, monsieur le recteur, etc.

Baccalauréat ès-lettres.

Circulaire relative aux réformes à introduire dans les examens du baccalauréat ès-lettres.

Du 8 mai 1840.

Monsieur le recteur, le baccalauréat ès-lettres, comme complément des études classiques et première condition des professions savantes, doit être, pour tous les candidats, une épreuve sérieuse qui constate véritablement leur instruction. Les facultés et les commissions apportent maintenant, je le sais, beaucoup plus de sévérité dans les examens; et, d'un autre côté, les mesures prescrites pour déjouer les réceptions frauduleuses ont fait, en grande partie, disparaître un abus non moins grave qui avait excité de si justes plaintes. Mais d'autres améliorations sont également urgentes. Il importe surtout de déterminer un programme uniforme pour les diverses parties de l'examen, ainsi qu'il a été fait déjà pour la philosophie. J'appelle sur ce point votre attention particulière, et celle de la faculté des lettres de votre Académie.

Les examens du baccalauréat doivent comprendre trois épreuves distinctes: la composition, l'interrogation, l'explication.

L'épreuve de la composition, telle qu'elle est exigée par l'arrêté du 9 février 1830, ne consiste guère qu'en un simple exercice d'orthographe; et, ainsi restreinte, elle a même cessé d'être demandée dans beaucoup d'Académies. L'intérêt des études exige au contraire qu'elle soit fortifiée, développée; car elle est la meilleure garantie du véritable savoir: elle laisse au candidat la plénitude deses moyens; elle permet au juge de motiver plus sûrement

son opinion; et elle écarte ceux des candidats qui n'ont à faire valoir que des connaissances superficielles, un peu de mémoire et beaucoup de hardiesse.

Il est reconnu que, pour bien posséder une langue, bien sentir la valeur et la propriété de ses termes, il faut être exercé à la parler et à l'écrire. De là l'introduction et le maintien dans nos classes des compositions françaises, latines et grecques. Pour conserver à ces compositions la part qu'elles doivent avoir dans les études, il est nécessaire que les épreuves du baccalauréat les reproduisent dans une certaine mesure.

Vous aurez à examiner, monsieur le recteur, quelles sortes de compositions écrites doivent être exigées des candidats. Cette épreuve portera-t-elle, ainsi que plusieurs facultés en ont exprimé le vœu, sur toutes les parties de l'enseignement dans les classes de rhétorique et de philosophie? ou doit-on se borner à quelques facultés principales ou même à une seule? Ne pourrait-on pas dispenser de toute composition ceux des élèves qui, en rhétorique et en philosophie, auraient obtenu des prix dans les diverses facultés ?

La composition écrite étant prise pour le fondement de l'examen, y aura-t-il lieu, ainsi que cela se pratique dans les concours d'agrégation de grammaire, de n'admettre aux autres épreuves que ceux des candidats qui auront suffisamment réussi dans la première?

La seconde épreuve, qui se compose d'interrogations sur la philosophie, l'histoire et la littérature, sera réglée dans ses diverses parties, comme elle l'est déjà pour la philosophie. Quant aux questions littéraires, d'excellents esprits ont pensé qu'elles ne doivent plus se borner à l'art oratoire d'Aristote et de Quintilien, et que la rhétorique actuelle doit être un cours de littérature générale où la

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