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NEUTRALITÉ

DE L'AUTRICHE

DANS LA GUERRE D'ORIENT

PRÉCÉDÉ D'UN AVANT-PROPOS

sur

LE TRAITÉ DE BERLIN

PAR UN EUROPÉEN

« Je n'ai pas le patriotisme étroit d'une frontière politique, mais j'ai celui d'un Européen. J'aime l'Europe comme le berceau qui nous est commun à tous, comme le centre de notre civilisation, comme le foyer de cette lumière qui pénètre toutes les régions du globe. »

(Cle DE FICQUELMONT.)

Nouvelle édition corrigée et augmentée

PARIS AMYOT, RUE DE LA PAIX. 1854

AVANT-PROPOS.

TRAITÉ DE BERLIN.

Lorsque deux

corps de même poids et

même vitesse suivent une direction contraire et viennent à se rencontrer, leurs forces d'impulsion se neutralisent réciproquement, et le repos succède au mouvement. Ce phénomène vient de se produire dans l'ordre moral et politique.

La Prusse et l'Autriche, avec des forces de nature diverse mais équilibrées, ont suivi depuis l'origine du conflit oriental des tendances opposées. On s'est beaucoup exagéré cette contrariété. Elle existe toutefois, et s'explique par plusieurs raisons. Les partisans de la paix européenne ont donc pu craindre un instant que ces deux puissances, divisées pendant la paix, ne le fussent aussi

pendant la guerre, et qu'elles n'allassent chercher, l'une en Russie et l'autre en Occident, des moyens de prépondérance en Allemagne. Alors se serait engagée, par toute l'Europe, une lutte gigantesque et interminable.

Grâce à Dieu et à la sagesse des cabinets de Vienne et de Berlin, ce péril est conjuré. Malgré des sympathies dynastiques assez inégales et des intérêts fort différents sur le Danube, la Prusse et l'Autriche se sont rencontrées sur le terrain commun des intérêts allemand et européen. Un traité d'alliance offensive et défensive a été signé à Berlin le 20 avril 1854; et comme les deux hautes parties contractantes apportent dans cette alliance des éléments contradictoires qui se neutralisent réciproquement, les résolutions extrêmes ont été évitées, le seront encore, et l'Allemagne s'affirmera de plus en plus dans la plénitude de son indépendance et de son repos.

La myopie occidentale n'a pas vu dans le traité de Berlin ce qui y est, et y a vu ce

qui n'y est pas. Qu'il nous soit permis d'en présenter une courte analyse'.

Ce traité pose en principe la neutralité. « Sa Majesté l'empereur d'Autriche et Sa Majesté le roi de Prusse, voyant avec un profond regret la stérilité des efforts tentés jusqu'ici pour prévenir l'explosion d'une guerre entre la Russie d'un côté, et d'un autre côté la Turquie, la France et la Grande-Bretagne; prenant en considération le développement des mesures militaires de plus en plus étendues prises par les parties contendantes, et les dangers qui en résultent la paix de l'Europe, pour

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résolu de s'unir pour toute la durée de la guerre qui a éclaté entre la Russie d'un côté, et de l'autre la Turquie, la France et la Grande-Bretagne. Article 1er : Toute attaque dirigée contre le territoire de l'un d'eux, de quelque côté qu'elle vienne, sera

1. Le texte de ce traité se trouve à la fin du volume, P. 128.

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