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prêcher le libre échange, puisqu'on fournit tout à tous et qu'on ne reçoit rien de personne; s'engager dans de longues entreprises, où l'on sait bien qu'on ne s'oubliera jamais.

L'auteur de ce travail croit devoir protester ici qu'il n'a qu'un but en rappelant par quelques traits généraux les mœurs politiques de la Grande-Bretagne. Il veut éclairer, par l'antithèse, la thèse que Voici :

L'Autriche est politiquement, socialement et historiquement dans des conditions absolument contraires à celles où se trouve l'Angleterre; ses intérêts sont aussi stables que ceux de l'Angleterre sont mobiles, et comme il y a autant d'harmonie entre son régime monarchique et ses besoins qu'entre le régime et les intérêts de l'Angleterre, son gouvernement doit avoir et a dans le fait, autant de lenteur dans les évolutions que le gouvernement anglais a de vivacité dans les mouvements.

De cette opposition générale dans les intérêts des deux pays et dans les procédés des deux gouverne

leurs mœurs et de leurs caractères. Souvenez-vous de ceci, mon cher Marcellus, c'est ma conviction inébranlable. » (Politique de la Restauration, par M. le comte de Marcellus. 4853, p. 44.) Et c'est précisément sous le règne de ce roi que l'Angleterre a commencé sa propagande constitutionnelle. Rien ne fait mieux ressortir ce que c'est qu'un roi d'Angleterre.

ments, il résulte logiquement que l'Angleterre doit offrir son alliance à l'Autriche et que l'Autriche doit la refuser, du moins jusqu'à nouvel ordre. C'est, en effet, ce qui arrive et je crois qu'on trouverait difficilement, dans l'histoire des deux États, une situation qui mette plus en relief la contrariété de leur tempérament respectif.

La cour de Vienne cherche à établir le bon ordre dans son empire, sa prépondérance en Allemagne et sa domination en Italie. Dans l'accomplissement de cette triple tâche, elle a toujours été dérangée par l'Angleterre. Partout, en Hongrie, en Italie, à Constantinople, dans l'affaire des réfugiés, elle a toujours rencontré l'action, je ne dis pas hostile, mais très-peu bienveillante du gouvernement britannique. En butte à ce mauvais vouloir systématique, étant d'ailleurs moins qu'aucun autre État capable de supporter l'isolement, force a été pour elle de prendre une alliée parmi les trois autres grandes puissances.

La France n'offrait alors aucune garantie. La Prusse est une rivale. Il n'y avait, et jusqu'à ce que des transformations récentes se soient consolidées, il n'y aura que la Russie qui puisse offrir à l'Autriche cette ressource essentielle d'une alliance durable. Je signale cette cause comme une de celles

qui rendent inévitable la temporisation de l'Autriche. La crise où l'Europe se trouve aujourd'hui peut se dénouer aussi vite qu'elle a pris naissance inopinément. Il y a dix-huit mois, quand les cours du nord se concertèrent pour faire face à de chimériques éventualités, quand l'Angleterre armait ses côtes, qui eût pensé que ces armements, au lieu de servir à repousser le débarquement d'un voisin, serviraient à réprimer au loin les prétentions imprévues et insoutenables du tzar, et que l'attaque viendrait précisément de celui qui organisait de plus haut la résistance? Ces anomalies ne sont rien encore comparées à celles dont j'ai fait entrevoir l'éventualité le tzar protecteur de la révolution, l'Autriche partie principale dans la guerre où elle n'a que des intérêts secondaires, l'Angleterre et la France appuyant sa domination en Italie, etc.

Dans une telle incertitude de toutes choses et sur un terrain aussi mouvant que celui de l'Europe actuelle, qui ne voit que l'Autriche doit se reconnaître, attendre les événements, laisser aux prétentions diverses le temps de se poser nettement et, tout en rompant avec son ancienne alliée la Russie, ne point se retourner contre elle les armes à la main, et se ménager pour l'avenir la ressource de son alliance? qu'elle ne doit point

briser irrévocablement avec la Russie, pour s'engager dans une entreprise dont les motifs sont justes et connus, mais dont le but et les conséquences sont loin d'être définis; que si l'Autriche est intéressée à la liberté des eaux de l'Euxin, elle ne l'est pas moins à celle de la Méditerranée; qu'elle doit prudemment éviter de contribuer à l'amoindrissement excessif d'une puissance dont elle a reçu des secours effectifs, pour fortifier d'autant, et de ses propres mains, l'autre puissance dont elle n'a point à se louer et qui, une fois le but particulier atteint, pourrait reprendre, malgré qu'on en ait, ses anciens errements. Un seul parti s'offre donc à l'Autriche c'est de garder ses positions, de prendre quelques sûretés, comme la Bosnie ou la Servie, et ne perdant pas de vue ses trois objets, de ramasser le gros de ses forces sur elle-même, maintenir l'ordre dans ses provinces, ne point dégarnir le Milanais et soutenir son influence en Allemagne, où, comme partout, les absents pourraient avoir

tort.

:

Forte de cette position de neutralité, tandis qu'elle serait faible dans la lutte, malgré le chiffre considérable de son armée, l'Autriche pourra proposer aux parties belligérantes quelque transac

tion dont elle retirera profit sans avoir sacrifié un homme.

Telle est la voie prudente et sûre dans laquelle l'Autriche est engagée, et dont la nature de son génie politique l'empêchera de sortir.

X.

Neutralité de l'Autriche dérivant de la constitution du corps germanique. Danger des coalitions.

La neutralité de l'Autriche entraîne comme conséquence celle de l'Allemagne tout entière. Cela n'est pas à démontrer. On le sait bien; et voilà pourquoi on la presse si vivement de faire accession au traité d'alliance qui vient d'être conclu récemment à Constantinople, et qui reste ouvert à la signature des cabinets qu'on appelle temporisateurs. La solution de la question pendante, mais que nous croyons résolue par la force des choses, n'est donc ni à Berlin ni à Francfort: elle est à Vienne. Voilà pourquoi nous n'avons été préoccupés jusqu'ici que des intérêts particuliers à l'Autriche. Qu'il nous soit cependant per

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