Images de page
PDF
ePub

qui? par un Turc civilisé, en gant jaunes, venant de Paris; par un Turc, qui eut pour père et pour instituteur, l'auteur même de la réforme, ou du moins des prospectus auxquels on a bien voulu donner ce nom.

Je n'en ai donc pas trop dit, loin de là je n'en ai pas dit assez; mais je laisse à d'autres le soin d'accomplir une tâche que je n'ai voulu qu'indiquer (1).

Ce n'est d'ailleurs qu'incidemment que je m'occupe ici de la Turquie et de l'islamisme; j'espère avoir plus tard le temps et l'occasion de traiter de la Chine, de l'Inde, de l'Indo-Chine, du Japon et des établissements qu'ont fondés et doivent fonder encore les fortes races de l'Europe.

L'objet de tous mes travaux, objet toujours présent à ma pensée, c'est l'anéantissement de la barbarie et l'extension civilisatrice de l'Europe, jusqu'à ce que le monde entier soit devenu son domaine.

Donec totum impleat orbem.

(1) Parmi les travaux récents qui traitent de la Turquie je citerai ici l'excellent ouvrage de M. Mathieu, la Turquie et ses peuples, on y trouvera des idées analogues à celles de cet opuscule, mais avec plus de développements et plus de faits. On lira aussi avec intérêt un article très-remarquable de M. Saint-MarcGirardin, publié il y a peu de temps dans la Revue des DeuxMondes.

CHAPITRE PREMIER.

LES ARABES.

LES RACES INTERMÉDIAIRES; LA CIVILISATION INSTINCTIVE; LA CIVILISATION ARABE;

LA LITTÉRATURE ORIENTALE; LES ISRAELITES.

La race arabe est une de ces races intermédiaires qui, par certains points, touchent aux races blanches, par quelques autres s'approchent des races noires sans qu'il soit possible, dans l'état actuel de la science, de constater si ces races sont primitives ou bâtardes, pures ou altérées.

Ce qui distingue en conséquence la race arabe, comme les races de l'Océanie et celles de l'Amérique, c'est la facilité d'acclimatation dans des limites fort étendues. Établies dans le Nord, ces races deviennent blanches; dans le voisinage des tropiques, elles sont jaunes; plus près de l'équateur, leur peau

devient noire sans que leurs traits se modifient beaucoup, et par le simple effet du développement souscutané d'une matière colorante abondante chez les nègres, nulle chez les blancs qui ne changent de couleur sous aucun climat, sujette à disparaître presque entièrement, comme à se développer beaucoup chez les races intermédiaires.

Ces races n'ont point notre intelligence, elles ne raisonnent que peu, et n'ont point cette curiosité qui nous porte à rechercher les causes dans leurs effets, les effets dans leurs causes; curiosité d'où sont nés notre savoir et notre puissance.

La mémoire ne leur fait pas défaut non plus qu'une certaine aptitude à l'imitation; elles n'ont que peu d'initiative, et ne créent point; elles se montrent dociles et crédules; persévérantes, toutefois, dans leurs erreurs, et difficiles à ramener.

Un fait très-remarquable caractérise physiquement et moralement les races inférieures et intermédiaires. Chez ces races, les sutures du crâne et surtout les sutures frontales se soudent de très-bonne heure, comprimant ainsi tout à la fois le développement du cerveau et celui de l'intelligence; aussi ces races se montrent-elles, jusqu'à un âge peu avancé, trèséducables; tandis que dès la seconde période de la vie, elles deviennent rebelles à toute éducation, et laissent voir le peu d'utilité de celle qu'elles ont déjà

reçue.

L'état social des premiers Arabes et de la plupart de leurs descendants est un des plus barbares que l'on connaisse; c'est la vie pastorale avec son cortége de petites guerres et de vendette, son ignorance, son scepticisme paresseux, son esprit indépendant, son agitation vagabonde.

Les premiers Arabes étaient peu navigateurs, et paraissent avoir ignoré l'usage des roues, employées cependant par beaucoup de leurs voisins; ils connaissaient toutefois l'écriture et avaient quelques poëtes; ne constituant pas de nation, ils n'avaient que des coutumes, et ne possédaient ni police ni art militaire.

Les races intermédiaires sont susceptibles d'un certain développement, peuvent atteindre, par ellesmêmes, un certain degré de civilisation; mais leur civilisation diffère essentiellement de la nôtre, j'en prendrai pour exemple la civilisation de l'antique Égypte.

Plus les animaux se rapprochent de l'homme, plus, comme l'a si bien montré M. Flourens, l'instinct paraît faire chez eux place à l'intelligence; le chien a plus d'intelligence que d'instinct, la fourmi, l'abeille n'ont que l'instinct, de là cette remarquable différence entre des animaux qui peuvent changer leurs mœurs et d'autres animaux dont les mœurs sont immuables.

L'instinct ne manque pas à l'homme, le langage

est instinctif; les premières coutumes de tous les peuples sont instinctives aussi, et ce qui le démontre, c'est leur similitude par toute la terre; mais il y a, entre les races diverses, cette différence que les unes agissent plus par raison, les autres par instinct; d'où il résulte que les unes progressent rapidement, tandis que les autres aboutissent à une forme sociale dans laquelle elles se meuvent avec peu d'utilité.

La civilisation de l'Égypte présenta ce caractère, tout comme celle de l'Inde et de bien d'autres contrées; il est même à remarquer que toutes ces civilisations sont pareilles, toutes ou presque toutes admettent le système des castes, l'autocratie et l'action universelle de l'État, elles repoussent toute liberté, toute initiative individuelle, tout changement; aussi l'exclusion des étrangers est-elle une des conditions de leur durée. Il est clair que cette organisation de la société a sa force, et peut enfanter de grandes choses, elle peut élever des pyramides, construire des palais ou des temples, creuser des canaux, constater des faits astronomiques; mais elle ne crée point de science et n'enfante pas de grands hommes.

Ce système restrictif a son nom et ses adeptes parmi nous, c'est tout simplement une variété du phalanstère; nos fortes races ont trop d'initiative pour s'y résigner, et ce fut l'erreur de Lycurgue d'y vouloir astreindre des Grecs.

« PrécédentContinuer »