Images de page
PDF
ePub

DE LA GÉOGRAPHIE ET DE L'HISTOIRE,

SIXIÈME SÉRIE, rédigée

PAR M. V. A. MALTE-BRUN,

SECRÉTAIRE ADJOINT DE LA COMMISSION CENTRALE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE PARIS, MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE GÉOGRAPHIQUE DE RUSSIE,

MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOGRAPHIQUE DE BERLIN,

MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ ROYALE GÉOGRAPHIQUE DE LONDRES, ETC.

avec la Collaboration

DE PLUSIEURS SAVANTS ET DE MEMBRES DE L'INSTITUT.

Il paralt régulièrement le premier de chaque mois un cahier de 8 à 9 feuilles : les 12 cahiers réunis forment 4 beaux volumes in-8° ornés de cartes, vues et plans quand les sujets l'exigent.

Cette nouvelle série comprend, dans chaque cahier:

1o Une ou plusieurs relations inédites et des méinoires originaux;

2o Une revue mensuelle, par M. V. A. Malte-Brun, présentant le tableau critique de tout le mouvement géographique du mois précédent, publications, découvertes, voyages, etc.;

3o Le compte rendu des travaux de toutes les sociétés savantes de l'Europe en ce qui se rapporte aux sciences géographiques;

4° L'analyse et des extraits ou des traductions partielles d'un ou de plusieurs ouvrages récents, français ou étrangers;

50 Un choix nombreux et varié d'articles divers, de notices, etc., parmi les plus piquants et les plus remarquables publiés par les recueils et par les journaux français, ou par les revues étrangères;

6 Une bibliographie très-complète de toutes les publications géographiques du mois.

[blocks in formation]

NOTA. On ne peut pas souscrire pour moins d'une année, qui doit toujours commencer avec le mois de janvier.

Les NOUVELLES ANNALES DES VOYAGES, une des plus anciennes revues scientifiques publiées en France, est la seule qui soit exclusivement consacrée aux sciences géographiques et historiques. Créées en 1808 par Malle-Brun, elles ont toujours continué à paraître sans interruption jusqu'à ce jour.

Chaque année forme 4 forts volumes in-8° et un ouvrage complet qui represente fidèlement le mouvement des nouvelles, ainsi que des explorations géographiques de l'année.

Des cartes spéciales, exécutées avec le plus grand soin, tiennent toujours le lecteur au courant des changements et des découvertes les plus récentes.

Paris. Imprime par E. THUNOT et Ce, 26, rue Racine

OBSERVATIONS GÉNÉRALES

SUR LE

MÉMOIRE SUR LE SOUDAN (

DE M. LE COMTE D'ESCAYRAC DE LAUTUre.

AU RÉDACTEUR DES NOUVELLES ANNALES DES VOYAGES.

MON CHER MONSIEUR MALTE-BRUN,

J'ai l'honneur de vous faire passer une lettre que M. le docteur Cuny m'a adressée au sujet de mon Mémoire sur le Soudan. Cette lettre rectifie quelques-unes des erreurs inévitables dans un travail de la nature de celui que j'avais entrepris. Comme médecin en chef de la province de Siout, M. le docteur Cuny a pu recueillir depuis plusieurs années, auprès des caravanistes fouriens, les renseignements les plus détaillés sur leur pays, et il est certainement l'homme du monde qui connaît le mieux le DârFour, et peut-être le Wâday. Je dois vous dire, du reste, que j'ai l'espoir (sans qu'il me soit permis d'entrer à cet égard dans aucun détail) de voir bientôt le Dâr-Four parcouru et visité par des Européens capables d'en donner un tableau exact. Ce pays a envoyé récemment des ambassadeurs au vice-roi d'Égypte; je les ai vus et entretenus dernièrement au Caire. Deux de ces personnages sont natifs du Sénégal; j'aurais voulu que l'un d'eux, qui

(1) Publié dans le Bulletin de la Société de Géographie 1855-1856, et tiré à part à quelques exemplaires, se trouve chez Arthus Bertrand.

4

désirait regagner Saint-Louis, passât par Marseille; mais, malgré son désir de prendre cette route, je doute qu'il lui soit possible de le faire.

Dans sa lettre, M. le docteur Cuny exprime la pensée que le mot khela signifie campagne plutôt que désert; il a raison pour l'Égypte; mais ce mot m'a paru avoir une autre acception dans le Soudan, et il me semble aussi en Arabie et en Syrie; cette différence d'acception est fréquente dans la langue arabe répandue sur un espace immense. Ainsi dâr signifie maison à Tunis et pays dans le Soudan; ex. Dâr-Four.

J'ai imaginé, pour les mots africains, un système de transcription; je le publierai en même temps que mes vocabulaires dont la publication a souffert de mon absence.

M. Cuny parle de sacrifices humains au Dâr-Four; il y a un récit analogue dans le roman grec de Théagène et Chariclée, roman dans lequel les mœurs de l'Afrique centrale sont assez fidèlement peintes.

Veuillez agréer l'expression de la profonde considération de votre dévoué serviteur,

Paris, 4 novembre 1857.

COMTE D'ESCAYRAC de Lauture.

LETTRE DE M. LE DOCTEUR CH. CUNY

A M. LE COMTE D'ESCAYRAC DE LAUTURE.

MONSIEUR LE COMTE,

J'ai lu, avec un plaisir que je ne saurais vous exprimer, votre Mémoire sur le Soudan. Comme cette année il est arrivé à Siout trois caravanes de cette contrée éloignée, j'ai eu occasion de m'assurer par moi-même de la véracité et de l'exactitude de vos

itinéraires, de votre chronologie des rois, etc. Cependant j'y ai rencontré quelques légères erreurs que je vais vous signaler et que vous pourrez rectifier, si toutefois mes informations ont été exactes.

Dans le cours de votre ouvrage vous répétez plusieurs fois que le mot khela veut dire désert: selon moi, il veut dire campagne cultivée ou non cultivée. Le mot désert vous le savez, implique avec lui l'idée de sable, de sécheresse, et l'idée d'impossibilité de culture.

Page 36. Les Djellabs et les Arabes de l'intérieur de l'Afrique désignent par le mot de khartit et quelquefois par celui d'ab-garn le rhinocéros : il y a bien deux mots pour désigner le même animal; mais il n'en existe qu'un seul de ce genre. Aussi vous avez raison de croire que l'ab-garn existe réellement.

J'ai vécu parmi les Arabes d'Alger, parmi ceux de la Syrie, parmi ceux de l'Égypte, etc., j'ai également vu dans l'intimité ceux du Dâr-Four: j'ai eu occasion de faire cette remarque que ces derniers sont plus religieux que les autres. Quant aux noms peu musulmans qu'ils se donnent, ils ne font en cela qu'imiter les autres nomades; il y a même des Fellahs égyptiens qui cherchent aussi à se signaler par l'originalité de leurs noms, et je connais un cheihk-el-Beled qui, lui aussi, s'appelle Hallouf (sanglier en Égypte, porc sur la côte de Barbarie).

Page 50. Aux Arabes qui dépendent du Dar-Four vous auriez pu ajouter les Habbanié qui forment une tribu assez considérable. Il y a aussi la tribu impor

tante des Bédayiat, qui sont de grands voleurs, indépendants et habitant le nord du Dâr-Four; ils sont pasteurs, vivent du lait de leurs brebis et de leurs chamelles; leur pays fournit beaucoup de dattes; ils ne cultivent point et vont échanger au Dâr-Four des morceaux de sel rouge contre des céréales. En allant au Borgou de l'oasis Sélimé, on passerait sur le territoire des Bédayiat. A l'ouest de ces derniers existent aussi des Gorâan, également indépendants, mais que l'on peut considérer comme attenants au Dâr-Four, puisqu'ils en habitent le nord.

Page 51. Les informations que j'ai prises me portent à croire que les hommes à queue ne sont que des orangs-outangs. M. le baron Gireaud en a vu passer un couple à Monfalut, que les noirs appelaient des hommes à queue; mais qui n'étaient en réalité que des orangs-outangs : il y avait un mâle et une femelle: ils étaient enchaînés, et ignoraient l'usage de la parole; ils étaient destinés à être offerts en cadeau à S. A. Ibrahim Pacha.

Quant aux populations anthropophages, tous les noirs qui ont pu pénétrer assez avant chez les sauvages de l'intérieur, sont unanimes pour déclarer qu'ils en ont vu qui mangeaient leurs semblables.

Page 54. Je ne vois pas pour quels motifs le royaume de Zaghawa, encore existant, n'aurait point été un grand royaume dans les temps anciens. Encore actuellement il est gouverné par un sultan et douze meliks. Un certain Fadel, esclave de Mohamed-abouKhachib, négociant à Siout, est fils de Habib, l'un

« PrécédentContinuer »