Images de page
PDF
ePub
[graphic][subsumed][ocr errors][graphic][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][merged small][subsumed]

testamentaires un nouveau projet tendant à placer la fondation de Mazarin, soit dans les bâtiments du collège du CardinalLemoine, soit au Jardin des plantes. Le premier point fut aussitôt rejeté, « par la raison qu'il ne faut pas esteindre une fondation pour en establir une autre, »> mais le second parut fort acceptable. Le Jardin des plantes était de création toute récente : Richelieu en avait eu la première pensée 2, Mazarin avait beaucoup contribué à l'agrandir, et il offrait alors une étendue de vingt arpents. Fouquet se chargea de demander l'agrément du roi, et Louis XIV arrêta que le Jardin des plantes serait transporté au bois de Vincennes 3.

Le débat semblait donc vidé, quand deux adversaires survinrent. C'était d'abord Vallot, premier médecin du roi 4 : il obtint que le Jardin des plantes ne serait pas déplacé. C'était ensuite le recteur de l'Université : celui-ci déclara qu'il ne souffrirait point que le collège fût construit en dehors des limites de l'Université.

Les exécuteurs testamentaires durent s'incliner. L'opposition de Vallot n'était pas décisive, car on aurait pu agir encore sur l'esprit de Louis XIV; mais le recteur s'était exprimé très énergiquement, et il était tout à fait dans son droit.

L'Université ou le « païs latin, » comme l'appelait déjà Balzac 3, formait une des divisions officielles de la capitale. Jusqu'à la Révolution, elle est, sur les actes publics comme sur les plans, partagée en quatre sections: la Cité, la Ville, l'Université et les

1. Le collège du Cardinal-Lemoine était situé rue Saint-Victor, un peu au-dessus du séminaire Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

2. Les lettres patentes de la fondation sont du 15 mai 1633.

3. Registre des délibérations du conseil de la fondation du collège Mazarini. Archives nat., série MM, registre no 462, p. 23.

4. Antoine Vallot fut nommé médecin du roi en 1652, à la mort de Vautier. S'il faut en croire Gui Patin, il avait dû acheter cette charge 30,000 livres, qui furent payées à Mazarin. Vallot était directeur du Jardin des plantes, il y introduisit de grandes améliorations, et ce fut là qu'il mourut en 1671.

5. Voyez encore G. Patin: « J'ai été aujourd'hui au païs latin, qui est l'Université. » Lettre du 24 mai 1650, à Spon, t. II, p. 15.

[graphic][subsumed][merged small][merged small]

Faubourgs 1. Chacune de ces sections avait ses limites fixes. L'Université comprenait toute la portion de la rive gauche renfermée dans le mur d'enceinte construit par Philippe-Auguste. Cette muraille commençait à la tour de Nesle. Elle suivait ensuite le tracé approximativement indiqué par la rue Mazarine, le passage du Commerce, les rues Monsieur-le-Prince, Soufflot, de l'Estrapade, Thouin et du Cardinal-Lemoine. Là, elle retrouvait la Seine, où une grosse tour carrée, appelée la Tournelle, faisait pendant à la tour de Nesle. Dans ce vaste espace, l'Université était chez elle; aussi ne souffrait-elle même pas qu'un membre des corporations placées sous son patronage, libraires, imprimeurs, parcheminiers, papetiers, relieurs, etc., s'établit ailleurs. Le collège Mazarin devant être agrégé à l'Université, ne pouvait être bâti en dehors de ces limites: le choix des exécuteurs testamentaires se trouva donc fort restreint.

On songea alors à acheter un pâté de maisons qui se trouvait entre la rue de Sorbonne et la rue des Maçons; puis, enfin, à commencer les constructions sur une petite place située entre le collège de Lisieux et l'abbaye de Sainte-Geneviève; l'espace libre n'était que de deux arpents, mais on pouvait, pour établir les cours, exproprier quelques vieilles maisons de la rue de l'Estrapade.

Colbert laissait discuter tous ces projets, sans d'ailleurs perdre le sien de vue. Au mois de décembre 1661, il fit consulter l'architecte du roi, Levau, qui construisait alors la partie du Louvre

1. Cette division n'était pas purement arbitraire, elle était tout indiquée par le cours de la Seine. Palma Cayet écrivait, quelques années seulement avant l'époque qui nous occupe : « Paris est divisé comme en trois villes par la rivière de Seine qui passe au milieu. La partie qui est à main dextre dans l'Isle de France se nomme la Ville, et de ce costé est SainctDenis et le bois de Vincennes. L'autre partie, qui est à gauche de ladicte rivière, est nommée l'Université; et la troisiesme partie, qui est une isle entre la Ville et l'Université, dans laquelle sont les deux magnifiques bastimens de la grande église Nostre-Dame et du Palais Royal, où se tient la Cour de Parlement, siége des Pairs de France, se nomme la Cité. » Chronologie novénaire, livre II.

2. Voy. A. F., Écoles et collèges, p. 47 et suiv.

élevée sur les jardins de l'Infante. Levau proposa de « bastir le collége proche la porte de Nesle, vis-à-vis le Louvre, au quel lieu on pourroit faire une place publique, qui serviroit d'ornement à l'aspect du Louvre 1. » Il comptait donner à la façade la forme d'un cercle parfait, orné d'obélisques et de fontaines 2; mais Louis XIV repoussa cette disposition, qui aurait masqué le point de vue du côté du palais. Levau, ne voulant point abandonner complètement sa première idée, songea à la construction de deux gros pavillons qui limiteraient de chaque côté de l'édifice une façade dessinant un demi-cercle seulement.

De guerre lasse, les exécuteurs testamentaires allaient céder, lorsqu'on leur remit une protestation du prévôt des marchands. « Il est à craindre, disait-il, que ceste advance de la demy-lune, venant à étrécir le canal de la rivière en cest endroit, vis-à-vis duquel la pluspart des bateaux sont à l'ancre, ne porte préjudice à la navigation et au commerce, et que dans les grands desbordemens, lorsque les glaces viennent à rompre en hyver, que les bateaux n'en soient endommagés, que le Louvre mesme n'en reçoive des incommodités. Et cela est d'assez grande importance au public pour se donner le temps d'examiner ces inconveniens 3. >>

1. Registre des délibérations du conseil de la fondation, etc. Archives nat., série MM, carton no 462, p. 38.

2. « Multa propterea confertæ et propositæ delineationes. Juxta nonnullos præteribat platea terminos quibus nunc circumscripta est; exibat enim in orbem perfectum, porrecta magis in partem Sequanæ, et intus obeliscis et fontibus adornata. » Præfatio catalogi alphabetici bibliothecæ Mazarineæ.

3. Registre des délibérations du conseil, etc. (Archives nat., MM, 462, p. 54.) Une autre protestation, conçue d'après les mêmes idées, se trouve à la bibliothèque de l'Institut, cartons de Godefroy, portefeuille n° 190. Elle a été publiée par M. de Laborde dans la Revue de l'Architecture, année 1847, p. 4 et suiv.

On lit enfin dans un mémoire qui fut imprimé à cette époque : « Le dessein de bastir vis à vis du Louvre une place en demy lune, avec deux grands pavillons au devant et un dosme au milieu, sur le quay de la tour de Nesle, est aussi magnifique et digne de la gloire et du règne de Sa Majesté, comme sa situation et construction sur le bord de la rivière et à travers la largeur d'une grande ruë ou quay est défectueuse, difforme,

« PrécédentContinuer »