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Pour le mesme, du mardi suivant, 12 sols.
Au libraire qui a fait les pacquetz, 5 livres.

A trois crocheteurs, qui chargèrent et deschargèrent la première charretée de livres, 12 sols.

A deux crocheteurs, pour journée entière, 3 livres.

A Denys, crocheteur de la maison, pour journée entière', 2 livres.

Au mesme, pour deux matinées, 2 livres 10 sols.

Au libraire qui a aidé à transporter la bibliothèque, 5 livres.
A Pierre le cocher, pour boire, 5 sols.

Au peintre qui a grisé les tablettes, 5 livres.

Naudé, qui ne néglige aucun détail, complète le matériel de la bibliothèque en achetant de la ficelle, un arrosoir de fer blanc, une brosse, une cruche, du charbon, un soufflet, des pincettes, des balais de jonc et de bouleau, des souricières, des canifs, des plumes, des encriers, etc. Le 9 septembre, il avait aussi payé treize livres «< une table plus longue que large et six escabelles. » A la fin d'octobre, tous les préparatifs semblent terminés, et Mazarin fait distribuer «< 10 livres aux compagnons menuziers qui travailloient à la bibliotèque. »

Elle renfermait alors douze mille volumes imprimés et quatre cents manuscrits; c'était donc « l'une des plus accomplies de l'Europe 2. » Le cardinal réalise aussitôt une idée généreuse que les dernières volontés de Richelieu semblent lui avoir inspirée 3 : il ouvre les portes à deux battants, et met sa collection tout entière à la disposition du public.

L'exactitude de cette date a été contestée. La bibliothèque de Mazarin, après avoir été transférée au collège qu'il fonda plus tard, fut de nouveau, en 1691, ouverte aux lettrés; et quelques écrivains, négligeant toute une période de son histoire, n'ont

1. Il paraît que ce Denys avait, aussi bien que Naudé lui-même, été blessé pendant le transport des livres. C'est au moins ce qui ressort de ces deux mentions « Au chirurgien, pour ma jambe, 12 livres. Au chirurgien, pour la teste de Denys, 9 livres. >>

2. L. Jacob, p. 487.

3. Voy. A. F., La Sorbonne, etc., p. 153 et suiv.

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4. Leprince, Essai historique sur la bibliothèque du roi, p. 339. — Dulaure,

fait remonter qu'à cette époque l'origine de sa publicité. La plupart des historiens modernes ont relevé l'erreur et sont tombés d'accord sur la date de 16481. Ils se trompent encore de cinq années.

L. Jacob, dans son Traicté des plus belles bibliothèques de l'Europe, publié en 16442, écrit p. 487 « Elle est commune à tous ceux qui y veulent aller estudier. » Auberoche, dans un recueil de vers latins 3, également publié en 1611, vante, p. 9, la générosité de Mazarin, qui ne veut être que l'hôte de ses livres,

Hospes, vult potiare libris.

Page 10, il parle de l'amour de Mazarin pour les savants à qui il ouvre l'asile sacré de ses livres,

Qui tibi librorum pandit loca sacra suorum.

Dans sa Juliade, le même poète cite les noms de plusieurs savants, qui venaient travailler chez Mazarin, et parmi eux figure Hugo Grotius, dont la mort remonte à 1645.

Renaudot, dans sa Gazette du 30 janvier 1644, annonce que «Mazarin fait servir son hostel d'une académie pour tous les doctes et curieux, qui y vont en foule tous les jeudis, depuis le matin jusques au soir, feüilleter sa belle bibliothèque.

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Histoire de Paris, t. V, p. 234. Jèze, État ou tableau de la ville de Paris relativement à l'utile et à l'agréable, p. 195.

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1. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 476. Dézobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, etc., t. I, p. 297. Encyclopédie moderne, t. VI, p. 162. De Laborde, Projets pour l'amélioration et l'embellissement du Xe arrondissement, p. 26. De Laborde, Le palais Mazarin, p. 196. — MM. L. Lalanne, Curiosités bibliographiques, p. 180, et de Guilhermy, Itinéraire archéologique dans Paris, p. 348, se prononcent pour l'année 1644. · Seuls, M. Petit-Radel, Recherches sur les bibliothèques anciennes et modernes, p. 261, et M. Vallet de Viriville, Histoire de l'instruction publique, p. 256, acceptent la date de 1643.

2. Le privilège est du 16 juillet.

3. Eminentissimo principi Julio cardinali Mazarino, patritio romano, etc. Paris, in-4o.

Enfin, dans le Mascurat publié en septembre 16491, Naudé expose, p. 244, les améliorations projetées par Mazarin en faveur de sa collection qui, fermée à cause du changement de local, allait être rendue au public, et il ajoute : « Je me souviens d'y avoir veu, quand on l'ouvroit tous les jeudis, plus de quatre-vingts ou cent personnes qui y estudioient toutes ensemble. >>

Pour comprendre les avantages que cette généreuse disposition devait procurer aux savants, il faut se rendre compte des difficultés que rencontraient à cette époque les hommes qui se livraient à des travaux d'érudition. Les livres étaient plus chers qu'aujourd'hui, les occasions de se les procurer beaucoup moins fréquentes, et pas plus qu'à présent les ouvrages sérieux n'enrichissaient leurs auteurs. Les bibliothèques nombreuses, quoique assez répandues, étaient d'un difficile accès pour qui n'avait ni charge officielle ni blason. L'illustre historien de Thou avait employé quarante années 3 à former la sienne, qui ne se montait guère qu'à huit mille volumes. Celle de Guillaume Marescot, conseiller du roi et maître des requêtes, en contenait six mille 3. Gui Patin en possédait autant o. On citait encore la bibliothèque

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1. G. Patin, Lettre du 3 septembre 1649, à Spon, t. I, p. 473. A. Bazin, Histoire de France sous Louis XIII, t. IV, p. 103. Nous lisons dans les comptes de Naudé la note suivante, sans indication de date : « A Mr Cramoisy, pour la première impression du Mascurat, 450 liv., 3 s.; plus, aux garçons imprimeurs et libraires, 10 liv. »

2. Elle venait d'être transportée de l'ancien hôtel Tubeuf dans une nouvelle galerie qui longeait la rue Richelieu. Voyez ci-dessous, p. 33.

3. On lit dans son testament: «Bibliothecam meam XL amplius annorum spatio magna diligentia ac sumptu congestam... » Naudé se trompe done quand il écrit VINGT ANS. Voy. son Advis pour dresser une bibliothèque, p. 109.

4. Sur cette admirable collection, voy. A. F., Ilistoire de la Bibliothèque du roi, p. 167 et s.

5. L. Jacob, Traicté des bibliothèques, p. 535.

L. Jacob,

6. L. Jacob, Bibliographia parisina, anno 1645, dédicace. Traicté des bibliothèques, p. 531. La grammaire surtout y était très richement représentée, s'il faut en croire ce vers de la Rymaille sur les plus célèbres bibliotières de Paris :

Grammatiquailles chez Patin.

HIST. DE LA BIBLIOTHÈQUE Mazarine.

Vers 36.)

du maréchal de Bassompierre, riche de quatre mille volumes qui n'étaient sans doute pas payés 1; celle du président de Mesmes 2, à qui Naudé venait de dédier son Advis pour dresser une bibliothèque; celle du chancelier Séguier 3, et celle du premier président Amelot de Beaulieu ; enfin la collection particulière de Naudé, qui renfermait huit mille volumes 5.

La Bibliothèque du roi, encore rue de la Harpe, ne possédait guère qu'environ six mille volumes, et fermait ses portes au public. Dans une lettre datée de Paris, 22 août 1643, H. Grotius s'engage à employer tout son crédit pour y faire pénétrer Isaac Vossius 7. En 1666, Colbert voulut que cette bibliothèque fût transportée rue Vivienne, dans une maison qui lui appartenait 8, mais il ne changea rien à son organisation. Vingt-cinq ans plus tard, Les adresses de la ville de Paris 9 publiaient encore des notes comme celle-ci : « Les curieux, par faveur, peuvent avoir quelque entrée dans la bibliothèque du Roy, rue Vivienne, et dans le

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1. L. Jacob, Traicté des bibliothèques, p. 494. Voy. Inventaire et prisée des livres trouvés en la bibliothèque de hault et puissant seigneur Messire François de Bassompière, chevalier des Ordres du Roy, mareschal de France et colonel général des Suisses, faite à la requeste de Monsieur le Procureur du Roy au Chastelet, et ensuivant l'ordonnance de Monsieur le Lieutenant civil, par nous Sébastien Cramoisy, Paris, 1646, in-4°.

2. A. F., Les anciennes bibliothèques de Paris, t. II, p. 196.

3. Ibid., t. I, p. 117.

4. Ibid., t. II, p. 32.

5. « Tant en ce qu'il a encore à Rome que ce qu'il conserve en cette ville. » L. Jacob, Traicté des bibliothèques, p. 549. Voy. à la Bibliothèque nationale, fonds français no 5,683, autrefois 10202, un manuscrit de Naudé intitulé: Inventaire de mes livres qui sont à Rome.

2

6. Mémoires sur quelques bibliothèques de Paris, rassemblés par le P. Léonard de Sainte-Catherine. Bibliothèque nationale, manuscrits, fonds français, no 22,592.

7. Præstantium ac eruditorum virorum epistolæ, epist. DLXXLVIII, p. 824. 8. Félibien, Histoire de Paris, t. II, p. 1493. G. Brice, Nouvelle description de Paris, t. I, p. 344. Nous donnons ci-contre un fac-simile du plan de Paris de Lacaille, où l'on trouve indiqués le Palais Mazarin, la Bibliotecque du Roy et l'Hôtel de Colbert.

9. Livre commode, ou les adresses de la ville de Paris, par Abraham du Pradel, astrologue Lionnois. A Paris, chez la veuve de Denis Nion, M.DC.XCI, p. 11.

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