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on donna à Nicolas le Marinier cinq cents livres «< pour le cuivre rouge par luy fourni pour la boule et les cinq estoilles qui sont au-dessus du dosme de l'église; » et au sieur Jacques le Breton trois cents livres « pour les lettres de cuivre doré par luy fournies pour les inscriptions tant dedans que dehors de l'église 1. »

La façade actuelle du palais de l'Institut ne donne qu'une idée inexacte de ce qu'était celle du collège des Quatre-Nations. Nous allons essayer d'en reproduire la physionomie.

Les vases en pierre qui ornent la corniche furent entièrement refaits en 1763. A cette date, nous voyons le procureur du collège déclarer que « les vases qui forment un ornement autour du comble des deux pavillons méritent d'être conservés, tant parce qu'ils sont nécessaires à la décoration extérieure de ces pavillons, que parce qu'ils sont eux-mêmes d'une très belle forme; mais quelques-uns de ces vases paroissent inclinés sur le comble

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1. Compte rendu par M. Mariage, trésorier, etc... Archives nat., H, 2,822.

et d'autres sont destitués de leurs flammes 1. » Le conseil vota les fonds indispensables pour une réparation complète.

La grille qui ferme l'entrée de la chapelle n'existait pas alors, les sept marches qui y conduisent étaient entourées de lourdes bornes en pierre. Les quatre lions de bronze qui, il y a quelques années encore, versaient un maigre filet d'eau dans des vasques d'assez mauvais goût, datent du premier empire 2. Au-dessus du portail, entre les colonnes corinthiennes, l'inscription suivante rappelait que la chapelle avait été consacrée sous l'invocation de saint Louis :

D. O. M. SUB INVOCATIONE SANCTI LUDOVICI

Plus haut, sur la frise du fronton, à la place qu'occupent aujourd'hui les mots INSTITUT DE FRANCE, on lisait :

JUL. MAZARIN. S.R.E. CARD. BASILICAM. GYMNAS. F.C.A. M.DC.LXI.

Six massifs de pierre, qui existent encore au pied du dôme, supportaient six groupes sculptés, composés chacun de deux personnages les quatre évangélistes d'abord; puis les Pères de l'Église grecque, saint Basile, saint Athanase, saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Naziance; enfin, quatre docteurs de l'Église latine, saint Jérôme, saint Augustin, saint Ambroise et saint Grégoire le Grand. Le dôme était « couvert d'ardoises taillées en écailles de poisson, avec des bandes de plomb doré 3. » La lanterne, qui a été récemment reconstruite, était plus large et moins élevée, elle était entièrement à jour, soutenue par des consoles et surmontée d'un globe doré supportant une croix1.

1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les inspecteurs et grand-maître du collège Mazarin. Archives nat., MM, 464.

2. Elles furent établies en vertu d'un décret impérial du 2 mai 1806. Chacun des quatre lions de bronze pèse seize cents kilogrammes.

3. G. Brice, Description de Paris, t. IV, p. 120.

4. Bibliothèque nationale, Estampes, Va, 110. Au mois de mai 1756, on recouvrit le dôme et on fit redorer la boule et la croix. La lanterne, les

La porte qui conduit aujourd'hui dans la première cour, servait également d'entrée au collège. Mais toutes les autres baies étaient fermées par des devantures vitrées, et formaient une série non interrompue de vingt-quatre boutiques. La loge actuelle des portiers de l'Institut était alors coupée en deux et on louait la pièce qui prenait jour sur le quai 1.

Neuf boutiques étaient établies sous le pavillon de la Bibliothèque et cinq d'entre elles donnaient sur la place Conti. En 1689, les deux premières étaient louées au sieur Leroux, maître tailleur; la troisième était occupée par le sieur Dor, vitrier; les quatre suivantes, par le sieur Valfontaine, limonadier; les deux autres, donnant sur la place du collège, par un tapissier nommé Lamy.

Entre le pavillon de la Bibliothèque et la porte d'entrée du collège se trouvaient les dixième et onzième boutiques, « l'horlogeur » Hanet y demeurait. La librairie classique d'Éclassan était établie dans les suivantes, qui formaient le rez-de-chaussée de l'appartement occupé aujourd'hui par le secrétaire de la bibliothèque Mazarine.

De la chapelle au pavillon des Arts, on voyait cinq autres boutiques, louées aux sieurs Coquet, chandelier, Leblanc, aubergiste, et Taboureux, vitrier.

Sous le pavillon des Arts étaient six boutiques partagées entre les sieurs Audiger et Lopinot 2. Enfin, un peu plus tard, trois autres boutiques furent ouvertes en retour de ce pavillon, sur la rue de Seine un charron et un menuisier les occupèrent d'abord 3.

consoles, guirlandes et autres ornements furent «< peints de la couleur la plus approchante de l'or qu'il fut possible. » Registre pour servir aux délibérations, etc. Archives nat., MM, 464.

1. Plan de l'église du collège des Quatre-Nations et de ses aisles et pavillons du costé qui regarde la rivière. Archives nat., N., 982.

2. Compte que rend Me Charles Tharel d'Allo, procureur du collège Mazarin. Archives nat., H, 2,826.

3. Compte que rend messire Barthélemy de la Fleutrie, etc. Archives nat., H, 2,833.

La partie du quai qui se trouve devant le collège venait d'être entièrement refaite 1, et nous avons dit qu'une somme de 150,000 livres avait été employée à ces travaux. Une balustrade à jour, en pierres de taille, avait remplacé l'ancien parapet. En dehors, sur le mur qui fait face au Louvre, les armes de Mazarin, sculptées avec soin, étaient répétées trois fois à distances égales, et au milieu, on lisait sur une plaque de marbre noir l'inscription suivante :

LUDOVICO MAGNO

LUPARAM ABSOLVENTE,

RIPAM HANC UT RIPAE ALTERIUS

DIGNITATI RESPONDERET,

QUADRO SAXO VESTIRI C. C.

PRAEF. ET AEDILES

ANNO M.DC.LXIX ET M.DC.LXX 2.

Faute de fonds suffisants, on ne put jeter un pont entre les deux rives. Mais, en face du pavillon des Arts, à l'endroit où se trouvait le port au charbon, on installa de petits bateaux qui, moyennant six deniers par personne, transportaient devant le Louvre 3.

La première cour du collège des Quatre-Nations offrait alors exactement le même aspect qu'aujourd'hui. A droite et à gauche s'élèvent deux portails dont l'un conduit à la chapelle et l'autre à la bibliothèque. Tous deux, placés au-dessus d'un large perron

1. Félibien, Histoire de Paris, t. II, p. 1497.

2. Lemaire, Paris ancien et nouveau, t. III, p. 370. Lerouge, Curiosités de Paris, t. II, p. 137. G. Brice, Description de Paris, t. IV, p. 131. L'endroit sur lequel s'appuie aujourd'hui le pont des Arts avançait un peu sur la rivière, de manière à donner plus de largeur au quai. Voyez le Plan de Deharme. Ce quai, avec ses balustrades et ses sculptures, est très fidèlement représenté dans les planches qui accompagnent les ouvrages de Félibien et de Piganiol.

3. Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, t. II, p. 487.

de pierre, sont composés de quatre pilastres cannelés, d'ordre corinthien, qui supportent un fronton. Chacun de ces frontons représente deux vertus cardinales, appuyées d'un côté sur les armes de Mazarin, de l'autre sur le cadran d'une horloge.

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Sous la voûte qui sépare la seconde cour de la première existait une grille fort élégante 1. Un portier en avait la garde.

La chapelle a été entièrement métamorphosée sous l'Empire, lorsque l'Institut a pris possession des bâtiments du collège. Le sanctuaire était sous la coupole du petit dôme qui se trouve au fond de l'église, et aux deux côtés s'ouvraient deux chapelles qui devaient servir de lieu de sépulture aux membres de la famille Mazarin. Un peu plus loin, une nef était réservée aux élèves du collège 2. Comme aujourd'hui, on parvenait à quatre petites tribunes par quatre escaliers à vis; un autre montait jusqu'au

1. On en trouve le dessin, signé d'Orbay, à la Bibliothèque nationale: Estampes, topographie de Paris.

2. Lemaire, Paris ancien et nouveau, t. II, p. 558.

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