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dessus du dôme, qui présente une particularité curieuse sa forme, parfaitement circulaire au dehors, est elliptique à l'intérieur, et les escaliers ont été pratiqués dans l'espace que laissent libre ces deux dispositions différentes 1.

Le plan de l'église se prêtait fort peu à sa nouvelle destination. On verra plus loin les changements qu'y apporta l'architecte Vaudoyer après la Révolution.

Rien, d'ailleurs, n'avait été épargné pour la décoration de cette chapelle. Le pavé, formé de compartiments de marbre blanc, noir et jaspé, était semé d'étoiles, pièces principales des armoiries de Mazarin. Sous les archivoltes des quatre grands arcs de la nef

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Vue de l'interieur de l'Eglise, prise de la principale porte.

principale, Desjardins avait sculpté les huit béatitudes, et sur les clefs des voûtes étaient sculptées les armes des quatre provinces en faveur desquelles le collège avait été fondé. Le tableau du grand autel était de Paul Véronèse et représentait la Circon

1. Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers, t. II, p. 485. l'église du collège des Quatre-Nations, etc. Archives nat., N, 982.

Plan de

cision. Tout autour de la frise qui règne au-dessous du dôme, on lisait cette inscription, qu'on aperçoit encore sous la couche de badigeon dont on l'a recouverte :

SEDEBIT SUB UMBRACULO EJUS IN MEDIO NATIONUM.

Ezechiel, cap. 31, v. 17.

et sur les quatre fausses portes qui semblent soutenir le dôme, se trouvaient les inscriptions suivantes :

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Le mausolée du cardinal Mazarin est le chef-d'œuvre de Coysevox. Sur un sarcophage de marbre noir soutenu par des consoles en bronze doré, se dresse la statue en marbre blanc du cardinal. Il est représenté à genoux, les mains jointes, dans l'attitude d'un homme en prière; derrière lui un ange supporte un faisceau, une des pièces de son blason. La base du cénotaphe se compose de trois marches de marbre blanc sur lesquelles sont assises trois figures allégoriques en bronze, qui représentent la Prudence, l'Abondance et la Fidélité. Les seules critiques que ce mausolée ait soulevées ont été dirigées contre Mazarin, non contre l'artiste. Dulaure prétend que le cardinal semble demander à

1. Piganiol de la Force, Description de Paris, t. VIII, p. 222.

Dieu le pardon des maux qu'il a fait subir à la France 1; enfin, les figures allégoriques ayant toutes trois la bouche close, on a dit que Coysevox avait voulu rappeler ainsi le silence que Mazarin, pendant son ministère, avait imposé à la Prudence, à l'Abondance

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et à la Fidélité 2. Sous l'arc qui surmontait ce mausolée, la Charité et la Religion, sculptées en bas-relief, soutenaient les armes du cardinal; et au-dessous, on lisait l'inscription suivante gravée en or sur une longue et épaisse plaque de marbre noir 3:

1. Dulaure, Histoire de Paris, t. V, p. 233.

2. P. Villiers, Manuel du voyageur à Paris, p. 268.

3. L'inscription, telle que nous la donnons ci-contre, est fidèlement copiée sur l'original conservé au Louvre. Piganiol de la Force, et tous les historiens qui ont écrit après lui, n'en ont reproduit que le texte; tous ont modifié la disposition des lignes pour se plier aux nécessités du format qu'ils avaient adopté.

D. O. M.

ET PERENNI MEMORIAE JULII DUCIS MAZARINI

S. R. ECCLESIAE CARDINALIS

ITALIAE AD CASALE GERMANIAE AD MONASTERIUM TOTIUS DENIQUE
ORBIS CHRISTIANI AD MONTES PYRENEOS PACATORIS

QUI CUM RES GALLICAS LUDOVICO MAGNO Adhuc impubere felicissime adminISTRASSET

ATQUE ILLUM IAM ADULTUM ET REGNI CURAS CAPESSENTEM FIDE CONSILIO AC INDEFESSO LABORE IUVASSET
DEPRESSIS UNDIQUE FRANCIAE HOSTIBUS IPSISQUE FAMAE SUAE AEMULIS VIRTUTUM SPLENDORE BENEFICIIS CLEMENTIA
DEVICTIS AC DEVINCTIS PLACIDE ET PIE OBIIT ANNO R. S. M.DC LXI. AETAT. LIX

TEMPLUM HOC ET GYMNASIUM AD EDUCATIONEM NOBILIUM ADOLESCENTIUM EX IV. PROVINCIIS IMPERIO GALLICO
RECENS ADDITIS ORIUNDORUM EXTRUI TESTAMENTO IUSSIT ET MAGNIFICE DOTAVIT.

Le tombeau de Mazarin était placé au fond de la petite chapelle qui existait à droite du maître-autel, précisément à l'endroit où se trouve aujourd'hui la statue de Napoléon Ier. Le corps reposait dans les vastes caveaux qui s'étendent sous toute cette partie de l'édifice.

Ils servaient aussi de dernière demeure aux fonctionnaires du collège et même aux professeurs. Voici, par exemple, un extrait des lettres d'invitation envoyées après le décès du savant astronome Lacaille :

Vous êtes priés d'assister au convoy et enterrement de Messire Nicolas-Louis de la Caille...., professeur de mathématiques au collége Mazarin, décédé audit collége. Qui se fera ce jourd'huy lundi 22eme mars 1762 à 5 h. précises du soir, en l'église Saint-Sulpice, sa paroisse. Et au transport qui se fera ensuite en la chapelle du collége Mazarin, où il sera inhumé. Requiescat in pace.

Quelques jours après, un service eut lieu au collége même, comme le constate le billet suivant:

Vous êtes prié, de la part de Messieurs du collège Mazarin, de leur faire l'honneur d'assister au service qu'ils célébreront mercredi 31 mars 1762 dans leur chapelle, à dix heures précises, pour le repos de l'âme de Messire Nicolas-Louis de la Caille, professeur de mathématiques audit collége.....

Le caveau consacré à ces inhumations s'étend sous le vestibule de la chapelle. Les recherches qui y ont été faites ont permis de constater la présence d'une foule d'ossements; mais des inscriptions, grossièrement tracées au crayon ou au charbon sur la voûte, conservent seules le souvenir de ces enfouissements. J'y ai recueilli les noms de deux grands-maîtres : Le Chapelier de Moron 1 et Emmanuel Bruget 2; de trois bibliothé

1. Mort en 1721. 2. Mort en 1791.

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