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Deux grandes portes cintrées donnaient accès dans la troisième cour. Elle avait alors la même largeur que les deux autres, mais, pendant la Révolution, l'administration de l'hôtel des Monnaies s'empara de la moitié de cet espace, et malgré les réclamations de M. Lebas, alors architecte du palais, l'Empire confirma cette

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prise de possession. La cour était construite de deux côtés seulement, et au milieu se trouvait un petit parterre planté d'arbres. Sur les côtés, se groupaient la cuisine, l'office, le garde-manger, l'écurie, la buanderie et les chambres occupées par les domestiques. Nous parlerons plus loin de la manière dont les élèves étaient nourris, constatons seulement ici que la cuisine avait été montée avec soin. Nous avons retrouvé la liste des dépenses qui furent faites en 1688 pour son organisation; dans le nombre figurent les objets suivants dont l'énumération offre quelque intérêt à cause des prix qui l'accompagnent:

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Le parterre situé au milieu de cette cour était soigné par un jardinier payé à l'année et qui recevait cent cinquante livres 2. Le grand-maître Riballier affectionnait beaucoup ce coin de terre. Par ses ordres, les arbres, qui étaient petits et malingres, furent, vers 1770, abattus et remplacés par de beaux tilleuls 3.

La porte de sortie qui ouvrait dans cette troisième cour donnait sur l'ancien chemin de contrescarpe du mur d'enceinte, chemin qui se nommait alors rue des Fossés de Nesle. En 1560, ce n'était encore qu'un sentier bordé à droite et à gauche par des prés. En 1609, des maisons existent déjà à droite3. La suppression du mur et du fossé permit de bâtir sur le côté gauche, cependant tous les plans du xvIIe siècle nomment encore la rue des Fossés. Le plan de Bullet et Blondel, dressé vers 1676, porte, le premier, rue des Fossez ou Mazarine. Sur celui de Lacaille, qui date de 1714, on lit enfin rue Mazarine 6. Un des mauvais plans

1. Compte que rend Me Charles Tharel d'Allo, etc. Archives nat., H, 2,825. 2. Compte que rend messire Barthélemy de la Fleutrie, etc. Archives nat., H, 2,833. En 1746, la dépense, pour «< fleurs et arbres,» s'éleva à cent

livres.

3. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les inspecteurs et grand-maître du collège Mazarin. Archives nat., MM, 464.

4. Voy. le plan dit de Ducerceau.

5. Voy. le plan de Vassalieu.

6. Voy. A. F., Les anciens plans de Paris, 1878, in-4o.

qui furent gravés pour le traité de la police de Delamarre écrit seul rue de Mazarin.

Avant la construction du collège, cette rue débouchait directement sur le quai, et à son extrémité se trouvait un abreuvoir. Le coude qu'elle forme aujourd'hui, et qui la met en communication avec la rue de Seine, a remplacé une petite rue englobée dans les bâtiments du collège. Celle-ci, ouverte vers 1530, fut successivement appelée rue Traversine, Petite rue de Nesle, Petite rue 'de Seine, etc.

Sur l'excédent des terrains expropriés pour l'érection du collège, on avait construit seize maisons, qui lui appartenaient. Elles étaient situées rue Mazarine et rue Guénégaud, et l'aspect des lieux qu'elles occupaient n'ayant subi presque aucun changement, il est facile de se rendre un compte exact de leur situation.

La première << touchoit la porte de la cour des cuisines » qui, de ce côté, sert encore d'entrée au palais de l'Institut. Elle était suivie de six autres, qui formaient toute la face gauche de la rue Mazarine jusqu'à la rue Guénégaud. Les septième et huitième maisons étaient adossées l'une à l'autre, et faisaient le coin de ces deux rues. Les quatre maisons placées à la suite de la huitième appartenaient encore au collège. La treizième était située du côté opposé, à l'angle des deux mêmes rues. Les trois dernières s'étendaient à la suite, ayant leurs façades sur la rue Mazarine.

La cinquième maison est presque partout désignée sous le nom d'hôtel de Flandres, la quinzième était dite hôtel d'Anvers, et la seizième hôtel d'Orléans. Les dénominations de ce genre, tirées souvent d'une circonstance particulière à la maison, étaient encore fréquentes au XVIe siècle, et n'indiquaient nullement l'existence d'un hôtel garni dans le sens que nous attachons aujourd'hui à ce mot. Constatons pourtant que la rue Mazarine posséda toujours un grand nombre de ces établissements. On y trouvait, en 1742, les hôtels des Quatre-Nations, de la Toison

d'or, de Hollande, de Bourgogne, de Calais, de Picardie et de Flandres. Nous voyons encore mentionné l'hôtel de Flandres, situé rue Mazarine, dans le chapitre intitulé « hôtels et chambres garnies » d'un ouvrage publié en 1760 2.

1. Les rues de Paris, avec les quays, ponts, fauxbourgs, portes, hôtels, hôtelleries, etc., p. 198 à 207.

2. Jèze, État ou tableau de la ville de Paris, considérée relativement au nécessaire, à l'utile, à l'agréable et à l'administration, p. 68.

CHAPITRE II

ORGANISATION

-

I

PERSONNEL DU COLLÈGE

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Le collège envahi par une foule de personnes étrangères à la fondation. Prétentions du duc de Mazarin. Elles sont repoussées, et Colbert fait expulser tous les intrus. — Lettres patentes de Louis XIV. A quelles conditions l'Université consent à admettre le collège dans son sein. Elle exige la fermeture du théâtre de Molière. Elle exclut les Théatins. Elle interdit la création d'un manège, l'enseignement de la danse et de l'escrime. Les jésuites se montrent. plus clairvoyants que l'Université. - Attributions du personnel du collège. Suprématie de la Sorbonne. Les quatre inspecteurs et le grand-maître. Le bibliothécaire. Le procureur. Le sousprincipal. Le sous-bibliothécaire. lain.

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Les professeurs.

Les sous-maîtres. Les domestiques.

nel et des traitements.

Le chapeTableau du person

En 1672, les ouvriers travaillaient encore au pavillon de la bibliothèque et à la chapelle, mais toutes les autres constructions étaient terminées. Les exécuteurs testamentaires du cardinal devaient enfin songer à organiser l'établissement.

Une première difficulté se présenta. Le moment venu de donner aux bâtiments leur destination, on s'aperçut qu'ils avaient été peu à peu envahis par une foule de personnages qui refusaient obstinément de se retirer. Jusqu'à quel point avaient été poussés le laisser-aller, le désordre, c'est ce qui serait impossible

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