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6o Du loyer de seize maisons sises rue Mazarine et rue Guénégaud.

La mense abbatiale de Saint-Michel-en-l'Herm avait été léguée au collège par Mazarin. Son revenu, qui dépassa soixante mille livres, fut parfois inférieur aussi à vingt mille. On peut l'évaluer, année moyenne, à trente-cinq mille livres 1.

La rente sur les gabelles était également due à la générosité du fondateur. Elle devait normalement rapporter quinze mille livres.

La rente sur le trésor produisait douze mille livres. Le capital placé se composait de deux cent quarante mille livres.

Deux appartements, donnant sur la place du collège, étaient loués à des particuliers.

Le premier faisait suite au logement du grand-maître 2; il s'étendait entre la porte d'entrée du collège et la chapelle. Le loyer, qui était de sept cents livres en 1699, fut porté à mille livres en 1732. A cette date, il appartenait à M. de Bréhan, conseiller au grand conseil 3; celui-ci fut remplacé vers 1745 par la comtesse de Raymond, et le prix de location porté à treize cent cinquante livres 4. Il a été concédé plus tard à la bibliothèque.

1. L'abbaye était alors occupée par des Bénédictins. En 1664, quatre des exécuteurs testamentaires, voulant procéder à la réalisation des volontés de Mazarin, conclurent le 18 août, avec les religieux, une transaction par laquelle ils leur assignèrent des pensions de retraite, « moyennant quoy ceux-cy, par le même acte, consentirent que leurs maisons, les lieux réguliers et autres batimens de l'abbaye, leur mense conventuelle et tous les biens et droits en dépendant, fussent unis et incorporés au collège Mazarin, avec promesse de leur part de laisser le monastère et tous ses batimens libres dans les derniers jours de la même année. Et les parties convinrent que, en attendant l'établissement du collège, le tout seroit administré par M. Mariage. » Mémoire pour les inspecteurs, grand-maître et procureur du collège Mazarin, contre les prieurs et religieux de l'abbaye de Saint-Michelen-l'Herm, in-folio, s. 1. n. d., p. 3.

2. J'ai dit où était situé l'appartement du grand-maitre. Voy. ci-dessus, p. 176 et 179.

3. Compte que rend messire Barthélemy de la Fleutrie... Archives nat., H, 2,830.

H,

4. Compte que rend messire Barthélemy de la Fleutrie... Archives nat., 2,833.

Le second de ces appartements était beaucoup plus vaste; il comprenait toute la façade située entre la chapelle et le pavillon des Arts. En 1674, il était loué douze cents livres à M. de Villesdoin 1; en 1689, on l'augmenta de trois cents livres 2; enfin, en 1789, le sieur Langlois, ancien administrateur des hôpitaux militaires, le payait seize cent vingt livres 3. Cet appartement fut, dans la suite, coupé en deux. C'est là qu'ont logé plusieurs secrétaires perpétuels de l'académie des Beaux-Arts et de l'académie des Inscriptions. Il a aujourd'hui pour locataires M. Wallon et M. G. Larroumet. Ce dernier y a succédé à MM. Beulé et Delaborde.

Le revenu de deux logements établis dans le pavillon des Arts varia entre quatre cents et neuf cents livres. Pendant fort longtemps, l'un fut occupé par le peintre Jouvenet ; l'autre par un sieur Roger, « secrétaire de messieurs les princes de Conty. »> Ces deux logements ont été accordés à la Mazarine.

Le prix de location des vingt-quatre boutiques qui bordaient la façade du collège fut plus que doublé dans l'espace de cent ans. Les sept premières étaient louées ensemble douze cents livres en 16985, douze cent quatre-vingt-dix livres en 1745 6, et deux mille sept cents livres en 1789 7. Le revenu des vingt-quatre boutiques était, en 1696, de huit mille livres environ 8. Ce chiffre comprend les sommes perçues pour le loyer de quelques échoppes adossées au collège, près de la rue de Seine, et pour plusieurs

1. Comple que rend Simon Mariage, conseiller du Roy... Archives nat., H, 2,823.

2. Compte que rend Me Charles Tharel d'Allo... Archives nat., H, 2,825. 3. Compte que rend messire André Raulin..... Archives nat., H, 2,842.

4. Germain Brice, Description de Paris, t. IV, p. 132. Son adresse est lainsi libellée sur l'acte de décès d'une de ses filles (5 juin 1680): « Sur e quai Malaquais, dans le grand pavillon sur l'eau, au collège des QuatreNations » Voy. Le livre commode pour 4692, p. 93.

5. Compte que rend Me Charles Tharel d'Allo... Archives nat., H, 2,826. 6. Compte que rend messire Barthélemy de la Fleutrie... Archives nat., H, 2,833.

7. Compte que rend messire André Raulin..... Archives nat., H, 2,842. 8. Compte que rend Me Charles Tharel d'Allo... Archives nat., H, 2,825.

chambres et greniers situés dans l'établissement, et qui servaient de dépôt à différents commerçants 1.

Nous n'avons encore mentionné qu'en passant les seize maisons que le collège possédait rue Mazarine et rue Guénégaud. Elles avaient été prêtes plus promptement que le collège, car la plupart des baux datent de 1664 2.

Le prix des loyers fut longtemps à peu près le même pour chaque maison. En 1670, le premier étage se payait ordinairement six cents livres ; le deuxième, trois cents livres ; le troisième, cent vingt livres; le quatrième, quatre-vingts, et les boutiques cent vingt 3.

Ces prix furent successivement augmentés. En 1745, M. de Bréhan, devenu doyen des conseillers au grand Conseil, quittait son logement de la place du collège et venait habiter le premier étage de la quatrième maison, il le payait douze cent quatrevingts livres. Soixante ans auparavant, le deuxième étage de la même maison était loué trois cents livres seulement par « le sieur Lange et la damoiselle Diamantine sa femme, comédiens italiens. En 1688, la première maison de la rue Mazarine, celle qui touchait à la cour des cuisines, avait pour locataire « le sieur Champmeslé, comédien 6. »

Les seize maisons rapportèrent dix-huit mille livres en 1696 et dix-sept mille seulement en 1745. Mais tous les appartements étaient loin d'être occupés, et les locataires ne payaient pas tou

1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de messieurs les inspecteurs du collège Mazarin, et grand-maitre. Archives nat., MM, 463. 2. Compte rendu par M. Mariage, trésorier du collége Mazarinj... Archives nat., H, 2,822.

3. Compte rendu par M. Mariage, trésorier du college Mazarinj... Archives nat., H. 2,822.

4. Compte que rend messire Barthélemy de la Fleutrie... Archives nat., H, 2,833.

5. Compte que rend Simon Mariage, conseiller du roy... Archives nat., H, 2,823.

6. Archives nat., S, 6,499.

jours très exactement leur terme. Il est vrai que, dans ce cas, le collège faisait sans pitié vendre leurs meubles 1.

La bibliothèque avait ses revenus particuliers. Ils se composaient d'une somme de mille livres qui lui étaient allouées sur les fonds de l'établissement pour achat de livres, et de dix-sept mille deux cent quarante-huit livres placées sur l'Hôtel de Ville ; cette somme provenait de la vente des manuscrits de Mazarin qui, en 1684, avaient été achetés par le roi 2. En 1690, ces dixmille deux cent quarante-huit livres donnaient un intérêt de sept cent cinquante-neuf livres 3, en 1760, il était tombé à quatre cent trente-trois livres, et en 1792, elles ne rapportaient plus que quatre cent trente et une livres dix sols.

Les dépenses annuelles du collège étaient naturellement soumises à des fluctuations très nombreuses. Nous allons les indiquer en chiffres ronds, calculés sur une moyenne de trente années, que nous avons fixée vers 1700. Établies de la sorte, voici comment elles se décomposent :

Appointements des fonctionnaires supérieurs et

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1. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de MM. les inspecteurs et grand-maître du collège Mazarin. Archives nat., MM, 464, p. 47. 2. Voy. ci-dessus, p. 213.

3. Compte que rend Me Charles Tharel d'Allo... Archives nat., H, 2,825.

4. « Pour les habits et linges de leurs personnes, » disent les Lettres patentes de 1688, article 8.

Lard....

250

Légumes, vinaigre, moutarde, huile, verjus, épices 5,000

Éclairage....

Chauffage.

Blanchissage.

Entretien du mobilier, de la vaisselle et du linge
Distribution des prix et tragédie..

700

1,800

500

600

500

Sous la Régence, le collège ressentit le contre-coup de la crise financière qui bouleversa Paris. A cette époque, les procès-verbaux des séances du conseil sont remplis du récit des pertes causées à l'établissement par les diminutions successives que subissaient les espèces métalliques. En août 1719, chaque louis d'or perd vingt sols; en décembre, nouvelle diminution de vingt sols par louis et de quatre sols par écu. Enfin, en 1720, la débâcle devient complète. Laissons parler le procès-verbal : « Aiant tiré du thrésor 1 les espèces d'or et d'argent montant à la somme de 12,848 liv., tant en écus de 8 liv. qu'en louis d'or de 48 liv., et 2 liv. 8 sols en monnoie, on y a remis 500 liv. On a donné 500 liv. à Varnier pour la dépense courante, et on lui a laissé 500 liv. qu'il remettra au sieur Ledoux, officier du collége, pareillement pour la dépense courante. Quant à la somme de 11,348 liv. restante, Messieurs, pour obéir à l'arrêt du... 2 qui deffend sous des peines grièves de garder plus de 500 liv., ont été d'avis de la faire porter à la banque roiale pour être convertië en billets de banque 3. »

1. Le trésor de chaque collège était déposé dans un coffre qui fermait à trois clefs, le supérieur en avait une, le procureur une autre, et le plus ancien des boursiers la troisième. « En iceluy coffre sont gardez les principaux privilèges et filtres de la Maison, l'argent monnoyé, et le grand seau auquel est inculpée l'image du fondateur. Et toutes ces choses se doivent visiter et inventorier une fois l'an. » Dubreul, Théâtre des antiquitez de Paris, p. 531. Au collège des Quatre-Nations, ce coffre était alors remplacé par une grande armoire de chêne, scellée dans l'antichambre du logement du procureur. Voyez aux archives la liasse inventoriée Q, 1274. 2. En blanc sur le registre.

3. Registre pour servir aux délibérations et arrêtés de messieurs les inspecteurs du collège Mazarin, et grand-maistre. Archives nat., MM, 463. Séance du 16 mars 1720, p. 29.

HIST. DE LA BIBLIOTHÈQUE MAZARINE.

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