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instances et à l'activité de l'abbé Leblond; son grand âge le décida alors à abandonner ses fonctions. Le titre de conservateur honoraire lui fut accordé 2, et l'auteur de La dunciade, Charles Palissot de Montenoy 3, qui le suppléait depuis quelques années déjà, lui fut donné pour successeur.

Dès 1800, Leblond avait fait nommer conservateur Henri Coquille des Longchamps, ancien syndic général de l'Université, et, comme lui, originaire de Caen. A.-A. Barbier prétend que Coquille mourut administrateur de la Mazarine. C'est une erreur. Il décéda en janvier 1808, sans avoir eu jamais d'autre titre que celui de conservateur. Il est vrai qu'à ce moment, et encore six ans plus tard, il n'en existait pas d'autre. De 1800 à 1806, Leblond, Coquille et Palissot, placés dans cet ordre et tous trois qualifiés. de conservateurs, formaient tout le personnel de la bibliothèque.

Le nom de Coquille ne figure ni dans le Moniteur, ni dans nos archives, où sont relatés des faits de moindre importance. J'y lis, qu'à la date du 4 messidor an XI, le caissier du ministère de l'Intérieur reçut de Palissot une somme de cent dix francs, « montant de la souscription faite par les personnes attachées à la bibliothèque, pour la construction d'un bateau plat destiné à la guerre contre l'Angleterre 3.

La salle établie par Lambert et Dorbay avait pris le nom de Colbert; ses fonctions d'exécuteur testamentaire, et plus encore l'influence dont il disposait, lui avaient valu cet honneur. Un hommage bien tardif fut enfin rendu à la mémoire de Naudé, véritable créateur de la bibliothèque, et le nouveau local fut appelé GALERIE NAUDÉ, nom qu'il conserva jusqu'en 1887 6.

1. En 1805.

2. Il mourut à Laigle, le 17 juin 1809.

3. « Palissot, vieillard souriant, revenu de la satire, se consola dans le voisinage de l'Institut, de ne pouvoir en être. » Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II, p. 468.

4. Examen critique et complément des dictionnaires historiques, p. 213. 5. Voy. A. Thiers, Histoire du consulat et de l'Empire, t. IV, p. 350. 6. Au cours de cette année, l'administrateur crut devoir modifier les dénominations existantes, qui n'étaient pas en harmonie avec les services rendus à la bibliothèque. Le nom de COLBERT, peut-être conservé à tort,

Mais malgré les doubles et triples rangs de livres qui y avaient été placés, un grand nombre d'ouvrages restaient encore entassés sur les planchers de la salle publique. M. Crétet, ministre de l'Intérieur, décida que l'entre-sol qui régnait alors sous la grande galerie serait destiné à la bibliothèque. Cet espace, composé de huit pièces, fournit enfin les moyens de n'avoir plus de livres en monceaux, et permit de procéder au classement méthodique d'ouvrages qui étaient restés longtemps pêle-mêle '.

Dans l'intervalle, le service public avait subi une importante. modification. Dès 1799, la bibliothèque avait commencé à ouvrir ses portes tous les jours de midi à deux heures, « excepté les quintidis et décadis 2. » A dater de 1801, le jeudi seul fut réservé <«< aux travaux intérieurs ; » et cette disposition resta en vigueur jusqu'à l'ordonnance du 22 novembre 1830.

S'il faut en croire un rapport officiel 4, la bibliothèque recevait alors environ soixante-dix lecteurs par séance. Quant au nombre de volumes qu'elle possédait à cette époque, il est impossible de le fixer d'une manière certaine. Kotzebue, qui écrivait en 1804, lui accorde 120,000 volumes, et un Guide de 1807 se prononce pour 60,000 seulement 6. L'Almanach impérial donne le chiffre de 92,304 volumes, et il est certainement le plus près de la vérité; malheureusement, il maintient la même indication jusqu'en 1820, ce qui devient invraisemblable, et mentionne, sans transition, 150,000 volumes en 1821.

fut donné à l'antichambre de la grande galerie publique. Celle-ci devint GALERIE GABRIEL NAUDÉ, et l'ancienne galerie Naudé, celle qui existe sous les combles devint GALERIE PIERRE DESMARAIS. En même temps, chacune des salles de l'établissement reçut le nom d'un des anciens administrateurs.

1. Petit-Radel, Recherches sur les bibliothèques anciennes et modernes, p. 336.

2. Almanach national, de 1799 à 1801.

3. Almanach national de 1802.

4. Rapport de Lacuée sur l'état des bibliothèques de Paris. Messidor an IX (juin 1801). Dans le Bulletin de la société de l'histoire de Paris, an. 1889, p. 183.

5. Souvenirs de Paris, t. II, p. 119.

6. P. Villiers, Manuel du voyageur à Paris, p. 164.

Rapportons encore quelques menus faits relatifs à cette période. Le 24 novembre 1799, les fonctionnaires de la bibliothèque sont invités à prêter le serment exigé par la loi du 25 brumaire an VIII. Il est ainsi conçu : « Je jure d'être fidèle à la république une et indivisible, fondée sur l'égalité, la liberté et le système représentatif. » Je ne trouve aucune trace de serment prêté au gouvernement impérial; toutefois, durant les Cent-Jours ?, le personnel fut tenu de jurer « obéissance aux constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur 3 ». En 1807, je vois approuver une dépense de 276 francs, qui avait permis d' « habiller à la livrée de l'Empereur le garde des salles de la bibliothèque. En 1815, « les gens de service » et le portier reçurent une redingote dont l'objet était de ménager leurs habits galonnés ".

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Il paraît qu'à cette époque, les hauts fonctionnaires de l'État se levaient de bonne heure, car le 24 juillet 1810, le ministre de l'Intérieur écrivit à Palissot qu'il irait visiter la bibliothèque, le jeudi suivant à six heures du matin. De fait, il n'y put venir, ayant consacré cette matinée au conservatoire des arts et métiers 6.

Le crédit accordé à la Mazarine pour ses dépenses était de 28,000 francs, et dans le personnel figurent dès lors un attaché et deux employés. En 1811, M. L.-C.-F. Petit-Radel avait été nommé administrateur adjoint. Il connaissait depuis longtemps le collège, car il y avait fait ses études. Devenu chanoine et vicaire général du diocèse de Couserans, il émigra en 1791 7, et se rendit à Rome, où il se livra à d'assez curieuses études sur les constructions cyclopéennes. Il revint en France, soumit à l'Institut le résultat de ses recherches, et obtint un rapport élogieux, à la suite duquel

1. Archives de la bibliothèque.

2. Le 12 avril 1815.

3. Archives de la bibliothèque. 4. Archives de la bibliothèque. 5. M. de Montalivet.

6. Archives de la bibliothèque.

7. Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopéens, p. 13.

il entra à la bibliothèque 1, rêve caressé peut-être au temps où il la fréquentait comme écolier.

En 1813, M. Amar-Durivier, connu par de nombreux travaux littéraires, avait le titre de conservateur adjoint. M. Brisset était premier employé. M. Arsène Thiébaut de Berneaud, second employé, venait d'être nommé sous-bibliothécaire au traitement de quinze cents francs 2. C'est à lui qu'est dû le premier catalogue de nos manuscrits.

Les événements qui se succédèrent en France de 1814 à 1815 ont laissé peu de traces dans l'histoire de la bibliothèque Mazarine. Un arrêté du gouvernement provisoire (6 avril 1814) enjoignit à l'administrateur de faire effacer partout « les emblèmes, chiffres et armoiries qui caractérisaient le gouvernement de Bonaparte; » quelques mois après, il fallut les rétablir. M. de Féletz était conservateur adjoint, une ordonnance du 7 avril 1815 le destitue et le remplace par M. Delisle de Sales; une seconde ordonnance destitue M. Delisle de Sales, et rend à M. de Féletz sa position 3.

Dès 1806, le ministre avait écrit à l'architecte Vaudoyer « d'attendre ses ordres avant de faire mettre sur les portes du palais des beaux-arts les mots PALAIS DE L'INSTITUT. » En 1809, sur le papier officiel des académies, on substitue les mots Institut de France à Institut national de France. En 1811 apparaît Institut impérial et en 1814 Institut royal. Enfin, le 22 juin 1815, l'édifice change de nom, PALAIS DES BEAUX-ARTS disparaît et est remplacé définitivement par INSTITUT DE FRANCE.

C'est en 1807 que la célèbre statue de Voltaire par Houdon fut placée à l'entrée de la nouvelle bibliothèque ».

Notice sur

1. Letronne, dans la Revue encyclopédique, t. II, p. 359. M. Petit-Radel, en tête des Recherches sur les monuments cyclopéens, p. viij.

2. Archives de la bibliothèque.

3. Archives de la bibliothèque.

4. Archives de l'Institut. Procès-verbaux des séances de la commission administrative: 1er septembre 1806.6 mars 1809. 17 avril et 15 mai 1811.7 juillet 1814. — 22 juin 1815.

5. Ibid., 6 juillet 1807.

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