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Suivent les DISPOSITIONS PARTICULIÈRES aux fonctionnaires des

bibliothèques :

Broderies en soie violette et or au collet, parements et taille.
Bande brochée en soie violette sur fond noir au pantalon.
Chapeau à plumes noires.

Épée à poignée de nacre, garde dorée '.

Je ne crois pas que cette épée ait jamais été portée par aucun conservateur. Pourtant, un tailleur, le sieur Carrière, se chargeait de fournir le costume complet pour 408 francs.

Mais la sollicitude du nouveau gouvernement ne se bornait pas à orner de broderies la poitrine et même le dos des fonctionnaires attachés à ses bibliothèques, elle se préoccupait aussi d'assurer santé et confort au public habitué à les fréquenter. Celui-ci se plaignait depuis longtemps du froid qui le forçait à déserter les salles durant l'hiver 3. Dans un article auquel j'ai déjà fait un emprunt, M. de Vaulabelle disait : « Le froid glacial qui règne à la Bibliothèque du roi et à celle Mazarine en chasse le savant, l'homme studieux pendant près de quatre mois. Cette absence de feu compromet inutilement la santé des employés et va directement contre le but de la création de ces établissemens. C'est un criant abus; quelques centaines de francs le feraient cesser. » Dix-huit ans plus tard, en novembre 1852, l'administrateur de la Mazarine écrivait encore au ministre : « A mesure que le froid augmente, le nombre de nos lecteurs diminue. Nos salles ne sont pas chauffées; voilà bien des années que je fais entendre mes réclamations à cet égard, permettez-moi de les renouveler avec la confiance que m'inspirent la justice de ma cause et la bienveillance que vous nous avez toujours témoignée 5. » Cette fois, l'appel fut entendu, et au mois de novembre

1. Archives de la bibliothèque. 2. Archives de la bibliothèque. 3. Voy. ci-dessus, p. 229 et 232.

4. Tableau de Paris au XIXe siècle, t. II. p. 30.

5. Archives de la bibliothèque.

1853, la bibliothèque possédait un calorifère. Elle ne put, d'ailleurs, jouir de ce bienfait que l'hiver suivant, car la dépense de son entretien n'avait pas été prévue dans le budget de 1852. Pour épuiser cette question, je dirai tout de suite qu'en 1865, on construisit un second calorifère, destiné aux pièces du rez-dechaussée et de l'entresol. Enfin, en 1881, on substitua à ces deux excellents appareils qui cumulaient le chauffage et la ventilation, un calorifère alimenté par l'eau chaude, procédé défectueux quand il s'applique à des salles où l'air a besoin d'être sans cesse renouvelé. Le chauffage de la bibliothèque coûte aujourd'hui en viron 2,700 francs par an.

L'année 1860 inaugure une série de faits qui, dans la vie si calme, si uniforme de la Mazarine, peuvent presque être qualifiés d'événements.

Le conseil municipal recherchait alors les moyens de dégager l'entrée de la rue de Seine. Dans les premiers mois de 1860, le préfet M. Haussmann, ennemi, comme on sait, des demi-mesures, soumit au Conseil un projet qui consistait tout simplement à démolir les deux pavillons de l'Institut. Le Conseil, toujours docile, se prononça à l'unanimité en faveur de la proposition. La Mazarine disparaissait du même coup, mais il était vaguement question de la transporter ailleurs.

L'affaire traîna en longueur, puis prit des proportions inattendues. La commission supérieure des bâtiments civils refusa de s'associer au vou du préfet. Celui-ci tint bon, et le conflit finit par être porté devant l'empereur, qui manifesta le désir de visiter la Mazarine.

Il y vint le 6 mai. Reçu par l'administrateur, il parcourut la grande galerie pas à pas, d'un air distrait. Arrivé au bout de la salle, il sortit de son mutisme pour demander à Mérimée qui l'accompagnait, l'explication des modèles de constructions cyclopéennes exposés sur les tables; Mérimée pris, je crois, au

1. Voy. ci-dessous.

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dépourvu, répondit évasivement. J'écris ceci de souvenir, car humble attaché alors à la Mazarine, je m'étais joint au cortège. En somme, l'impression de l'empereur fut bonne, et il nous déclara en partant que les pavillons seraient conservés.

Mais on jugeait, en ce temps-là, qu'une si auguste visite devait laisser des traces durables dans l'établissement qui en avait été honoré. L'empereur avait admiré notre salle publique; on lui démontra qu'elle pouvait être embellie encore, et un crédit exceptionnel de quinze mille francs nous fut aussitôt accordé. On en profita pour supprimer la cloison qui coupait en deux la galerie, et pour refaire une partie du plafond2. On dépensa cinq mille francs pour monter les cercles en cuivre d'un globe terrestre dont je parlerai plus loin, deux mille francs pour la construction du grand buffet qui meuble tout le fond de la salle, et huit mille francs pour le polissage des gaines et des bustes en marbre qui, remisés jusque là dans les caves, constituent aujourd'hui un des ornements de la galerie. Et puis, le ministère d'État, dans les attributions duquel la bibliothèque venait d'être placée 3, nous offrit gratuitement un portrait de Napoléon III, buste en marbre blanc qui, depuis 1870, est allé remplacer dans les caves ceux que l'original en avait fait sortir.

La bibliothèque était restée fermée près de deux ans, et l'on

1. Voy. ci-dessus, p. 276.

2. Suivant M. de Ligny, alors architecte du palais, la galerie a un double plafond. Le premier repose sur les extrémités des poutres qui servaient d'arêtes à la voûte primitive; le second supporte presque entièrement le poids du premier, et est soutenu par des tirants de fer qui vont s'agraffer dans la toiture de l'édifice (Voy. ci-dessus, p. 221). A l'entrée de la salle, du côté de la place, une des solives de ce second plafond avait cédé. 3. Décret du 11 décembre 1861.

4. On lit sur la face antérieure du socle :

LE VI MAI MDCCCLX

L'EMPEREUR NAPOLÉON III

A VISITÉ CETTE BIBLIOTHÈQUE
ET EN A ORDONNÉ LA RESTAURATION

QUI A ÉTÉ EXÉCUTÉE

M. LE COMTE WALEWSKI ÉTANT MINISTRE D'
D'ÉTAT.

Le buste est signé A. BARRE. 1861.

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