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exercer une surveillance continuelle. Ce bureau consistait autrefois en une table revêtue d'un tapis vert et placée au milieu du mur qui longe le quai Conti. La nouvelle installation a été créée par M. F. Baudry. Elle a nécessité la suppression d'un immense globe terrestre, dont l'histoire est assez curieuse 1.

1. Il fut entrepris vers 1784, par ordre de Louis XVI. On connaît la prédilection de ce souverain pour l'étude de la géographie. Il voulut laisser un monument qui pût rendre témoignage des découvertes faites dans cette science jusqu'à l'époque de son règne. Je rappelle que le giobe de Coronelli, aujourd'hui à la Bibliothèque nationale, a été dressé d'après les cartes de Sanson, et résume l'état de la géographie sous Louis XIV.

M. de Vergennes, alors ministre des affaires étrangères, fut chargé de prendre les mesures nécessaires pour la réalisation de ce projet.

On convint que le nouveau globe serait formé de lames de cuivre polies au tour. La partie géographique fut confiée à MM. Leclerc père et fils, Robert de Vaugondy et Buache; le dessin à Leymonnerye, et l'exécution mécanique à dom Bergevin. Il fut aussi arrêté que l'on décrirait les procédés dont il serait fait usage dans la construction, soit relativement à la fonte des grands cercles qui devaient être d'une seule pièce, soit relativement à l'application des fuseaux, à la nature des vernis et des peintures, et surtout au choix des sources géographiques.

Ce dernier travail seul a été rédigé. C'est un manuscrit in-quarto d'une très belle écriture et qui appartenait à la bibliothèque Mazarine. Le titre général ne porte que ces mots : Globe exécuté par ordre du Roy. L'introduction, de douze pages seulement, commence au feuillet suivant, et a pour titre Introduction à la description du globe terrestre de huit pieds de diamètre, exécuté par ordre du Roy, d'après le plan proposé à feu M. le comte de Vergennes, par M. Le Clerc, chevalier de l'ordre du Roy, membre de plusieurs académies. Vient enfin l'Indication des sources où l'on a puisé les connoissances géographiques dont on a fait usage sur le globe terrestre exécuté par l'ordre du Roy. Il résulte de ce travail que MM. Le Clerc ont utilisé l'ensemble des découvertes faites dans les dix-neuf voyages autour du monde qui avaient été accomplis à cette époque.

Voici les mesures exactes du globe, la plus belle pièce de ce genre qui existât en Europe :

Surface: 21 mètres carrés, 24 centim. carrés.
Volume: 9 mètres cubes, 203 décim. cubes.

Diamètre de l'équateur: 1 mètre 60 centim.

Circonférence : 8 mètres 17 centim.

Les mers sont peintes en bleu clair et les terres en jaune, les montagnes sont ombrées, tous les noms géographiques sont gravés sur le cuivre et incrustés de noir.

L'horizon pèse 740 kilogrammes, le méridien un peu moins. Lors de la fonte de ces cercles, quelques artistes avaient engagé le comte de Vergennes à ne pas les faire couler d'un seul jet. Le ministre hésita, puis finit par envoyer un contre-ordre, mais celui-ci arriva au moment même où l'opéra

Deux grandes tables couvertes par des tapis de drap sont à la disposition des lecteurs. La première, de forme ovale, mesure 4m 70 de long sur 2m 70 de large. La seconde a 12m 70 de longueur.

Au fond de la salle s'étend un grand buffet de chêne1 divisé en deux corps, qui ont chacun cinq mètres de longueur sur 1m 90 de largeur. Les rayons qu'ils renferment supportent les volumes de la réserve. Le dessus, disposé en vitrines, a reçu les ouvrages les plus dignes d'être exposés, et sur la large arête qui les couronne sont placés les modèles de construction pélasgique dont j'ai déjà dit un mot 2.

Petit-Radel était en 1791 aumônier de l'hôpital du Saint-Esprit ; il refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé, et la municipalité le révoqua de ses fonctions. Il partit pour Rome le 3 octobre. Sur une lettre du cardinal de Larochefoucauld, M. de Bernis, notre ambassadeur, lui fit le plus cordial accueil, et Pie VI lui accorda bientôt deux modestes emplois, il le fit sous-bibliothécaire dans une abbaye de chanoines réguliers et directeur d'un jardin botanique. Petit-Radel entreprit alors de planter, d'après les méthodes comparées de Linnée et de Jussieu, les jardins du cardinal de Bernis et du duc Caetani; il lui fallut au moins un palmier, afin d'en marquer la classe, et l'on n'en connaissait à Rome pas un seul. Le duc l'engagea à explorer le mont Circé, où croissaient en grand nombre les arbres de cette espèce, et PetitRadel partit, en quête d'un chamærops humilis.

C'est au cours de cette excursion qu'il remarqua un monument dont la construction lui parut fort antérieure à la domination romaine. Il fit part de sa découverte à quelques archéologues, qui encouragèrent ses recherches. Il parcourut alors l'Italie dans

tion avait parfaitement réussi. Les signes du zodiaque sont exécutés en relief et du plus beau travail; les balustres sont également en cuivre.

M. Baudry n'hésita pas à proposer en 1886 l'aliénation de ce chef-d'œuvre qui est aujourd'hui à l'Observatoire.

1. Voy. ci-dessus, p. 317.

2. Voy. ci-dessus, p. 281 et 315.

tous les sens, et y reconnut plusieurs autres constructions qui présentaient le même caractère d'antiquité.

Il devint bientôt évident pour lui qu'il avait retrouvé les restes de monuments construits par le peuple grec anciennement connu dans l'histoire sous la dénomination de Pélasges et dans la mythologie sous celle de Cyclopes.

Dans les diverses constructions, ou plutôt substructions, des murs des villes antiques, il détermina les parties depuis longtemps ruinées qui doivent représenter les fondations primitives. Les assises inférieures constituant les murailles des plus anciennes villes grecques étaient bâties d'après les mêmes procédés, il put en conclure que ces monuments étaient l'œuvre des mêmes peuples, des anciennes dynasties auxquelles les traditions recueillies par Denys d'Halicarnasse font remonter la civilisation primitive de ces contrées.

Toutes ces ruines, formées de blocs en polyèdres irréguliers et sans ciment, avaient été jusque là rapportées par les archéologues soit aux Romains, soit aux Goths, soit aux Sarrazins ; Petit-Radel prouva que ce sont les restes des monuments que Varron, Hérodote, Strabon, Pausanias et Denys d'Halicarnasse attribuent aux Pélasges.

De retour en France, Petit-Radel communiqua à l'Institut différents mémoires sur ce sujet. Il rencontra des adversaires dont il sut réfuter les arguments; en sorte que son système, corroboré par les investigations de Dodwell et d'un grand nombre d'auteurs modernes, est aujourd'hui presque universellement accepté.

La collection réunie à la bibliothèque Mazarine a été exécutée, sous la direction de Petit-Radel, par l'un des gardiens de l'établissement, le sieur Poulain, mort en 1845. Deux médaillons de bronze, scellés dans le modèle numéro 16, conservent le souvenir de ces travaux. Le premier médaillon, fait par Gayrard en 1827, porte pour légende LUD.-CAR.-FR. PETIT-RADEL, PELASGICORUM

OPPIDORUM INDAGATOR. On lit autour du second: STEPHANUS POULAIN, INSTINCTU SUOPTE, CYCLOPEORUM MONUMENTORUM PLASTES.

Ces modèles sont en plâtre et fixés sur des socles de bois. Ils ont été coloriés, et retracent ainsi à l'oeil le moins exercé l'échelle chronologique des temps qui se sont écoulés entre les Pélasges et les Sarrazins, dont les Hellènes, les Étrusques, les Latins et les Romains n'ont été que les intermédiaires. Sur les plate-bandes des plinthes et sur les autres parties lisses de chaque modèle, on lit, gravés en lettres capitales, les textes grecs et latins relatifs à chaque ruine.

La collection se compose de quatre-vingt-quatre modèles. Les quatre premiers ne représentent aucun monument, ils sont destinés à faciliter l'interprétation des autres. Ce sont:

A. Modèle de construction cyclopéenne, en blocs polyèdres irréguliers mobiles, taillés à la règle flexible de plomb.

B. Modèle de construction romaine, en blocs parallélipipèdes mobiles, taillés à l'équerre.

[blocks in formation]

XXIII. Mur de l'acropole de

Cora.

XXIV. Mur de Norba.

XXV. Mur et éperon d'Ardea.
XXVI. Mur de Bovianum.
XXVII. Oracle de Mars à Tiora.
XXVIII. Hiéron de Mars à Tiora.
XXIX. Ruines du fanum de Mars
à Suna.

XXX. Monument souterrain de
Suna.

XXXI. Mur de Vesbola.
XXXII. Mur auprès du lac Fucin.
XXXIII. Ara d'Alba Fucensis.
XXXIV. Mur de Spoletum.
XXXV. Mur d'Ameria.
XXXVI. Autre mur d'Ameria.
XXXVII. Partie basse du mur de
Cortona.

XXXVIII. Autre mur de Cortona. XXXIX, Mur de Rusella.

XL. Mur de Cosa.

XLI. Mur de Saturnia.

GRÈCE

XLII. Mur de Sicyone.

XLIII. Mur de l'acropole de Scilluns.

XLIV. Poterne des murs de Scilluns.

XLV. Mur de l'acropole d'Argos.

XLVI. Mur de Tiryns.

XLVII. Mur de l'acropole de My

cènes.

XLVIII. Autre mur de l'acropole de Mycènes.

XLIX. Porte aux lions fondée
par Persée.

L. Partie intérieure de la
porte aux lions.
LI. Herœum ou temple de
Junon, près de Mycè-

nes.

LII. Substruction de l'hereum, près de Mycènes.

LIII. Mur et porte de Midea. LIV. Mur de l'acropole de Nauplia.

LV. Mur de l'hiéron d'Éleusis, en Attique.

LVI. Murde Rhamnus, en Atti

que.

LVII. Mur de tombeaux, à Anagyrus.

LVIII. Mur de Chéronée, en Béotic.

LIX. Mur d'Orchomène, en Béotie.

LX. Mur d'Haliartus, en Béotie.

LXI. Mur de Coronée, en Béotie.

LXII. Mur d'un péribole, à Delphes.

LXIII. Autre mur du même péribole.

LXIV. Mur de Crissa,

LXV. Mur de Calydon, en Étolie.

LXVI. Mur d'Halyzea, en Acarnanie.

LXVII. Mur hellénique d'Argos-
Amphilochicum.

LXVIII. Mur d'Ambracia.
LXIX. Mur de Passaron.

LXX. Mur de l'acropole de Phar-
sale.

ARCHIPEL GREC

LXXI. Mur de Palatia. LXXII. Porte de l'acropole de Pronoé.

ILE DE MALTE

LXXIII. Mur de Mélita.

SICILE

LXXIV. Ruines du temple de Vénus, sur le mont Éryx.

ESPAGNE

LXXV. Mur et tour de Tarraco.

ASIE

LXXVI. Mur de Persépolis,

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