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Petit-Radel n'avait pas fait, par disposition formelle, la donation de ces modèles à l'État. Mais sa famille, qui connaissait ses intentions, regarda comme un devoir de les réaliser. Ses héritiers ont donc, par une lettre adressée au ministre de l'Instruction publique le 18 janvier 1838, offert tous les monuments pélasgiques à la bibliothèque Mazarine.

Une porte, ouverte vers l'extrémité de la galerie, en haut de l'escalier commençant au rez-de-chaussée, donne accès dans le cabinet de l'administrateur, qui est suivi d'un arrière-cabinet. On remarque dans ces deux pièces, dont la seconde est fort petite :

Une cheminée en marbre blanc, style Louis XV. La tablette, les montants, la traverse, sont sculptés, portent des ornements divers et d'anciennes armoiries.

Deux buffets de Riesener, en acajou, colonnes, baguettes et ceinture en cuivre, style Louis XVI.

Sur chacun d'eux, un vase Borghèse, en bronze, sur socle de cuivre doré. Hauteur, 0m 56.

Deux bustes en marbre 2 et deux bustes en bronze 3, sur leurs gaînes en marbre.

Quatre toiles, représentant des paysages, et attribuées à Joseph Vernet.

Une inscription gravée en caractères gothiques sur une plaque de cuivre haute de 47 centimètres et large de 44 centimètres. C'est l'épitaphe d'Adam de Saint-Victor, chanoine régulier de l'abbaye de Saint-Victor, mort en 1192. Elle se compose des quatorze vers suivants :

1. Voy. Petit-Radel, Recherches sur les monuments cyclopéens, 1841, in-8. 2. Une Sabine en Vénus et une jeune Romaine.

3. Auguste et Vitellius.

Epitaphium magistri Ade

de Sancto victore.

Heres peccati natura filius ire

Exilii que reus : nascitur omnis homo.
Unde superbit homo : cujus conceptio culpa
Nasci pena: labor vita: necesse mori.
Vana salus homiuis: vanus decor : omnia vana

Inter vana nichil vauius est homine.

Dum magis alludit presentis gloria vite

Preterit: ymo fugit : non fugit ymo perit.

Post hominem vermis : post vermen fit cinis: heu heu!
Sic redit ad cinerem gloria nostra simul.
Hic ego qui jaceo miser et miserabilis Adam
Unam pro summo munere posco precem.
Peccavi fateor, veniam peto, parce fatenti;

Parce, pater, fratres parcite, parce Deus.

Il est prouvé que les dix premiers vers seulement sont d'Adam. Le septième renferme un solécisme dû au graveur, et qu'il est facile de rectifier; il faut lire gaudia au lieu de gloria. A la fin du dixième vers, le mot suum au lieu de simul présenterait un sens bien préférable.

Cette épitaphe, d'une touchante éloquence, n'a jamais été placée sur la sépulture d'Adam de Saint-Victor. Destinée seulement à orner un cénotaphe honorifique, elle était scellée sous la voûte du cloître. Elle fut retrouvée et achetée chez un fondeur en 1793, puis donnée à la bibliothèque par Petit-Radel, architecte, frère de l'administrateur de la Mazarine 1.

DEUXIÈME ÉTAGE

Presque à l'entrée de la grande galerie, une petite porte donne accès à un escalier qui conduit au balcon, et ensuite au deuxième

- De

1. Voy. l'Histoire littéraire de la France, t. XV, p. 40, et t. XVII, p. xxi. Et. Pasquier, Recherches sur la France, édit. de 1723, t. I, p. 275. Guilhermy, Inscriptions de la France, t. I, p. 355. J.-J. Barthélemy, OEuvres, t. IV, p. 40. Léon Gautier, OEuvres poétiques d'Adam de SaintVictor, t. I, p. xci.

étage. Un premier palier sert d'introduction à quatre pièces dont j'ai déjà parlé et qui furent réunies à la bibliothèque vers 1877 1. On y conserve les archives, les périodiques pendant l'année courante et les ouvrages publiés par livraisons. On remarque dans ces pièces neuf grandes aquarelles de Piranesi, et seize tableaux qui décoraient la salle de billard du roi à Versailles; ces derniers représentent des scènes militaires chinoises, et ont été exécutés sous la direction de C.-N. Cochin, le fils.

TROISIÈME ÉTAGE

La disposition de cet étage est fort compliquée. On y compte vingt et une pièces, outre la galerie Pierre Desmarais, qui renferme elle-même neuf divisions.

A l'extrémité de l'escalier, on rencontre à gauche un couloir sur lequel donnent quatre petites pièces consacrées seulement à des in-quarto et à des in-octavo.

De l'autre côté de l'escalier, on entre dans une antichambre. A droite est un petit cabinet où a pris place le Journal officiel depuis sa transformation en in-quarto (1871).

A gauche, quatre pièces abritent des volumes de tous les formats.

La porte qui fait face à l'entrée donne accès dans deux salles assez vastes, à la suite desquelles commence la galerie Pierre Desmarais.

J'ai déjà dit que son exécution avait présenté de grandes difficultés. Le plafond de la galerie Naudé est soutenu par huit séries de tirants en fer qui, traversant la galerie Desmarais à des distances inégales, viennent s'attacher à la charpente du toit. L'architecte, forcé de subir ces divisions, dissimula les tirants entre deux rangées de tablettes qui, à droite et à gauche, laissent entre le mur et elles un espace d'un mètre environ. La galerie se trouva, dès lors, composée de neuf pièces, qui n'en forment réel

1. Voy. ci-dessus, p. 321. 2. Voy. ci-dessus, p. 277.

lement qu'une seule, car grâce aux baies ménagées aux côtés de chaque travée, on peut d'un coup d'œil embrasser l'ensemble.

Il fallut vaincre d'autres obstacles encore. La galerie, établie sous les toits, étant mansardée d'un bout à l'autre, on ne pouvait songer à placer des tablettes le long des murs. On les éleva sous l'aplomb de l'angle courant du plafond, et l'espace qui resta entre elles et la muraille étant assez grand pour permettre à une personne d'y entrer facilement, on calcula la largeur des tablettes de manière à pouvoir y déposer une autre rangée de livres, dont les dos se trouvèrent ainsi tournés du côté des fenêtres.

La galerie Pierre Desmarais est éclairée par neuf fenêtres et par autant de lucarnes percées sur le toit. Elle présente en largeur un développement de quarante-deux mètres et contient partout sept rangées de livres.

A la suite de cette galerie, et placées en retour se trouvent encore six salles assez vastes. La dernière a dix mètres de longueur. Sauf celle-ci, toutes prennent jour sur la grande cour de l'Institut, et elles communiquent entre elles par des baies sans portes.

APPENDICE

I. Fondation du collège (6 mars 1661). -- II. Lettres patentes portant règlement pour le collège (mars 1668). - III. Règlement intérieur du collège. IV. Local accordé à l'Institut dans les bâtiments du collège (20 mars 1805). V. Règlement de la

bibliothèque (21 mars 1882).

I

FONDATION DU COLLÈGE

(6 mars 1661.)

PARDEVANT Nicolas le Vasseur et François le Fouïn, notaires gardenotes du Roy nostre sire au Chastelet de Paris, soussignez. Fut présent très Illustre et Éminentissime monseigneur Jules, cardinal Mazarini, duc de Nivernois et Donziois, Pair de France, estant de présent en son appartement, au chasteau de Vincennes.

1. Cette pièce a été publiée pour la première fois dans un volume qui est devenu à peu près introuvable et qui a pour titre : Recueil de la fondation du collége Mazarini : Lettres patentes et arrests d'enregistrement; Concordat pour l'introduction des religieux réformez de la congrégation de Saint-Maur en l'abbaye de Saint-Michel en l'Herm; Bulles de cour de Rome de l'union de ladite abbaye audit collége Mazarini; Sentence de fulmination desdites bulles; acte d'aggrégation dudit collège à l'Université de Paris, et autres actes concernant ladite fondation. C'est, en effet, bien réellement un Recueil, car les différentes pièces qu'il contient ont été imprimées séparément, et ont chacune sa pagination distincte. Le texte que nous donnons ici est reproduit d'après l'exemplaire de la bibliothèque Mazarine. Cet exemplaire a appartenu autrefois à la bibliothèque de la Sorbonne, et est d'autant plus curieux que deux des pièces qu'il renferme portent des signatures autographes; celle de Simon Mariage, trésorier du collége des Quatre-Nations, et celle d'Égasse Duboulay, alors recteur de l'Université. On a enlevé le bas d'une page où figurait, selon toute apparence, une troisième signature.

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