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NOTICE

SUR

LÉO ERRERA

MEMBRE DE L'ACADÉMIE

né à Laeken le 4 septembre 1858, décédé à Uccle
le 1er août 1905 (1).

I

Les origines, l'éducation, la vocation.

<< Rien n'est plus intéressant que de démêler dans les traits, dans le caractère, dans la tournure d'esprit d'un homme distingué, les multiples influences qui l'ont fait tel qu'il est, afin de reconnaître par quoi il répète l'un

(1) L'introduction et l'appréciation des travaux de LÉO ERRERA qui ne se rapportent pas à la botanique, ainsi que les détails sur sa vie de tous les jours, sont de la plume de M. LÉON FREDERICQ. M. JEAN MASSART a rédigé tout ce qui se rapporte aux travaux botaniques de LÉO ERRERA et à son rôle de professeur.

ou l'autre de ses ancêtres et par quoi il innove dans sa lignée, ce dont il est redevable à l'éducation et ce qu'il doit au hasard des circonstances ou si nous voulons

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parler le langage des naturalistes, de chercher à faire en lui la part de l'hérédité, du milieu et de la variation personnelle. Mais, pour mener à bien une telle étude, il faudrait avoir su d'avance qu'un littérateur, qu'un artiste, qu'un savant naîtra un jour dans une famille donnée et s'être, comme on dit « documenté » copieusement sur les membres de cette famille, depuis plusieurs générations. >>

Ainsi s'exprimait l'homme éminent dont nous allons essayer d'évoquer le souvenir, au début de sa notice sur FRANÇOIS CRÉPIN, sa dernière œuvre, qu'une mort foudroyante a laissée inachevée (1). Inspirons-nous ici de sa pensée si heureusement formulée. Cherchons d'abord, si possible, à faire en lui la part de l'hérédité, du milieu et de la variation personnelle.

LÉO-ABRAM ERRERA, né à Laeken le 4 septembre 1857, était l'aîné des deux fils (2) de JACQUES BENOIT (GIACOMO BENEDETTO) ERRERA et de MARIE Oppenheim.

Suivant une tradition, la famille ERRERA serait originaire d'Espagne : le nom s'écrivait alors HERRERA, comme

(1) Notice sur FRANÇOIS CRÉPIN, Annuaire de l'Académie royale de Belgique, LXXIIe année, 1906; p. 84.

(2) Son frère PAUL ERRERA, plus jeune de deux ans, est avocat et professeur de droit constitutionnel comparé à l'École des sciences politiques et de droit public à la Faculté de droit de l'Université de Bruxelles. Il s'occupe d'art et de littérature.

pour grand nombre d'Espagnols d'aujourd'hui. Il est porté actuellement sous cette forme par un naturaliste estimé de Mexico. Les HERRERA émigrèrent vers 1460 à Alep en Syrie, d'où ils vinrent à Venise, dans la seconde moitié du XVIIe siècle. A cette époque, HERRERA se transforma en ERRERA. Le premier dont le nom ait été conservé, BENJAMIN ERRERA, se vêtissait encore à l'orientale, avec caftan et turban. Il fut assassiné en descendant de gondole, sur le Quai des Esclavons, en 1724.

La famille ERRERA a produit toute une pléiade de professeurs des deux sexes, dont plusieurs vivent encore actuellement (1).

Son grand-père ABRAMO ERRERA était un homme d'affaires d'un caractère méthodique. C'était aussi un patriote : à Venise, en 1848. il se met dans les rangs des insurgés, au mépris de ses intérêts. Sa grand'mère

(1) Citons ALBERTO ERRERA, Cousin germain de JACQUES ERRERA, mort il y a plusieurs années, professeur de droit et d'économie politique aux Instituts techniques de l'Université de Naples; GIORGIO ERRERA, professeur de chimie à l'Université de Messine, et CARLO ERRERA, professeur de géographie à l'Université de Pise, tous deux arrière-cousins de LÉO ERRERA; EMILIA (décédée) et ROSA ERRERA (Milan), arrière-cousines, professeurs de littérature et publicistes; ALBERTO CANTONI, cousin germain, littérateur italien, mort il y a peu d'années ; ANGELO et ADOLFO ORVIETO, cousins sous-germains, le premier počte, le second critique littéraire, tous deux de Florence. Un oncle paternel, MoïSE ERRERA, avait étudié la médecine à Padoue et à Vienne et obtenu en 1854 le diplôme de docteur avec une thèse sur les maladies de la peau. II abandonna ensuite la pratique médicale pour entrer dans les affaires.

ENRICHETTA ERRERA était une femme d'une grande piété. Son père JACQUES ERRERA, né à Venise en 1834, vint habiter Bruxelles au moment de son mariage, en 1857. Il y mourut en 1880. C'était un esprit ordonné, actif, intelligent, s'assimilant vite et bien toutes les idées, possédant une grande aptitude pour les affaires. Il avait à un haut degré l'esprit d'organisation et le coup d'œil rapide pour apprécier la valeur des gens à qui il savait distribuer la besogne qui leur convenait le mieux. C'était un homme d'action, à la fois de prompte résolution et de réflexion. Il aimait la vie large et brillante et n'était pas insensible aux succès mondains. Il était pieux, mais n'attachait pas grande importance aux pratiques extérieures de la religion. Très amateur de peinture et de sculpture, JACQUES ERRERA avait orné sa demeure d'objets d'art à une époque où ce goût n'était pas aussi répandu qu'il l'est aujourd'hui.

L'ascendance maternelle de LÉO ERRERA est tout aussi intéressante que la lignée paternelle. La famille OPPENHEIM est originaire d'Allemagne (Francfort-sur-Mein) et fixée à Bruxelles depuis le commencement du XIXe siècle. Tous les ascendants maternels sont bien doués, apprécient les choses de l'esprit, surtout la littérature. L'arrièregrand-père maternel ADOLPHE OPPENHEIM était un homme très distingué, voltairien, causeur. L'arrière-grand❜mère SARAH OPPENHEIM était vive et emportée.

Son grand-père JOSEPH OPPENHEIM (né à Francfort en 1810, mort à Bruxelles en 1884), négociant, puis banquier, conseiller provincial du Brabant, prit une part active à la révolution de 1830 et combattit dans les rangs des Belges, à Louvain, comme garde civique à cheval,

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