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petites bouclettes de travail archaïque; les mèches de cheveux qui encadrent le visage sont stylisées et figurées par des cercles concentriques juxtaposés qui alternent avec des dessins plus allongés. Cette technique a passé dans l'art ibérique et on la trouve appliquée à la chevelure de beaucoup des têtes du Cerro de los Santos.

D'autres sont nettement phéniciennes, telles ces déesses-mères qui se touchent les seins, tiennent une fleur, portent un enfant, font un geste de prière ou d'offrande; telles encore toutes ces têtes, dont le corps a malheureusement disparu, coiffées de la tiare ou de stéphanés richement ornés.

En dehors de l'intérêt artistique très réel d'un grand nombre de ces images, les masques et les statuettes puniques ou grecques d'Ibiza ont une valeur historique considérable. Elles sont le précieux témoignage de cette industrie des îles qui, transportée sur le continent et mêlée aux éléments indigènes, donnera naissance au chefd'œuvre de la sculpture ibérique, à la Dame d'Elche.

II

Alors que les Carthaginois établissaient leurs premiers comptoirs dans l'île d'Ibiza, les Phocéens de Marseille, au dire de Strabon et de Tite-Live, envoyaient à peu près vers les mêmes temps une colonie dans la petite île, située en face de la ville indigène d'Indica, au fond du golfe de Rosas, tout près du cap Creus. Plus tard, ils étendirent leurs établissements sur le continent, aux abords immédiats de la ville ibérique dont ils n'étaient séparés que par la muraille. Peu à peu les deux populations, tout en restant séparées, s'unirent sous un même gouvernement et, lors de la conquête romaine, César fonda une colonie.

y

Au siècle dernier, les ruines d'Emporia avaient excité la curio

(4) A. Schulten, Ampurias, dans les Neue Jahrbücher, Leipsig, 1907; J. Puig y Cadafalch, Las excavaciones d'Ampurias, dans l'Anuari d'Estudis Catalans, мCмVII, p. 151-194;

M. Cazuro, Fragments de vasos, ibid., MCVI, p. 551-555; A. Frikenhaus, Griechische Vasen aus Emporion, ibid; p. 195-249; Cronica de las excavaciones d'Empuries, ibid., p. 558

sité scientifique de certains érudits. Des fouilles furent tentées sur le site de la ville grecque par Jaubert de Plassa (1823), Botet y Siso (1878), Pella y Forga (1888). Les travaux de déblaiement ne furent réellement entrepris qu'en 1908 par la Junta du Musée de Barcelone, sous la direction de M. Manuel Cazuro.

Jusqu'à ce jour on a reconnu le tracé général de la ville grecque de terre ferme et de la colonie romaine, ainsi que la nécropole grecque du Portichol creusée dans une petite colline, au sud de la cité, près de la mer; la présence du village de Saint-Martin d'Ampurias, bâti sur l'emplacement de la Palæopolis, a empêché tout travail dans la première ville phocéenne. Quant à Indica, il est hors de doute que ses ruines sont cachées sous les décombres de la colonie romaine et que la suite des fouilles nous rendra quelque jour les lointains vestiges de la bourgade ibérique.

L'enceinte qui séparait la Neapolis d'Indica est maintenant bien déterminée. On a reconnu les murailles dont parle Tite-Live, et la porte unique, gardée jour et nuit par un magistrat qui, sous aucun prétexte, ne devait abandonner son poste un seul instant. Cette porte, située sur le côté de la muraille, était flanquée de deux grosses tours carrées, construites en assez gros blocs polygonaux, très frustes, posés sur un bain de mortier et callés avec de petits matériaux. De chaque côté de la porte, deux larges rainures marquent l'emplacement de la herse. Les parois inférieures d'une tour d'angle étaient taillées directement dans le roc.

En arrière de la muraille, sur la pente de la colline s'étageaient les constructions de la ville, dont le centre devait être vers le couvent de la Vierge de Grâce. De larges escaliers et des terre-pleins rachetaient des différences de niveau assez considérables. Les rues, d'un tracé fort irrégulier, étaient bordées de maisons en terre ou en pisé, recouvertes de paille et s'ouvrant sur la rue.

A l'angle formé au sud-ouest par le plus ancien mur d'enceinte, presque au point culminant de la colline, on a découvert les ruines

560; Ramón Casellas, Las troballes esculptoriques à las excavaciones d'Empuries, Anuari d'Estudis Catalans MCMIX, p. 281-295; Cronica de las excavaciones d'Empuries, ibid., p. 706

710; J. Puig y Cadafalch, Els temples d'Empuries, Anuari d'Estudis Catalans MCMXII, p. 303-322; Cronica de las excavaciones d'Empuries, ibid., p.671-678.

d'une aire quadrangulaire, orientée est-ouest, mesurant 25 m. 45. Un portique, ayant sept colonnes sur les petits côtés et un nombre indéterminé sur les grands, entourait la construction. Un péribole clos, fermé au sud par le mur même de la ville, complétait l'ensemble. Sur la terrasse, à laquelle on accède par un double escalier latéral, s'élevait le temple proprement dit. La surface du socle indique une division en deux salles inégales, naos et pronaos; deux saillies, aux deux coins de la façade principale, marquent des sortes d'antes. A l'intérieur de la cella, on a recueilli les restes d'un petit autel de marbre blanc, en forme de pilier, dont la partie supérieure est ornée de volutes ioniques. Dans le voisinage de cette construction on déblaya également les ruines d'un temple de dimensions. beaucoup moins importantes.

Le système des eaux semble avoir été particulièrement soigné à Ampurias. Les citernes et les réservoirs y sont très nombreux et, sur l'acropole, dans les ruines d'une maison voisine du grand temple, on a retrouvé, près d'une citerne, une sorte de caveau dont les murs étaient construits avec des amphores dressées côte à côte. Ces vases, ouverts par le haut, sont percés d'un trou latéral un peu au-dessous du pied. Il est probable que c'était là un système de filtrage.

La colonie romaine s'élevait parallèlement à la Neapolis. Le mur d'enceinte repose sur un soubassement de gros blocs quadrangulaires d'origine ibérique. Les murs portent les traces de remaniements successifs. Lors de la dernière restauration, par économie, on eut recours au procédé suivant dans l'intervalle compris entre deux murailles, les constructeurs disposèrent un blocage de terre maintenant disparu. La ville, tracée suivant le procédé commun à toutes les colonies, occupe une superficie de 7 à 800 mètres de côté. A l'extrémité sud du cardo se dressent les ruines d'une porte à montants de pierre, terminée par un arc en ciment. De là part une grande voie, bordée d'une colonnade et de maisons en partie édifiées en pisé, avec revêtements de stuc. Le plan de ces habitations est carré avec, au centre, l'impluvium. Malgré la présence de quelques atria, entourés de colonnes et pavés en mosaïque, ces demeures ne paraissent pas jamais avoir été bien luxueuses.

Le tracé de la ville romaine est encore très mal connu dans son

ensemble. On a cru retrouver l'emplacement de certains monuments, mais les attributions qu'on a faites semblent, dans l'état actuel des travaux, quelque peu aventurées.

Une transformation importante dans la répartition de la population s'observe à partir de la seconde moitié du n° siècle. A cette date les cimetières envahissent les quartiers de la ville grecque abandonnée, et la vie semble se concentrer entre le port et la presqu'île de Saint-Martin d'Ampurias. Cette nouvelle distribution est confirmée par les découvertes de M. Xavier de Ferrer""), dans les dunes voisines des ruines d'Emporia. Là, dans le voisinage de la muraille, s'élevaient une petite basilique chrétienne et un cimetière semblable à celui des Aliscamps. Les sarcophages étaient déposés dans des patios entourant l'église. Il ne faudrait cependant pas conclure de ces découvertes à un abandon total de l'ancienne ville; il est depuis longtemps reconnu que les établissements chrétiens primitifs sont, en règle générale, situés en dehors des murs. Mais il est certain que les invasions barbares, le changement de direction des grands courants commerciaux et la disparition du port donnèrent un coup fatal à la prospérité d'Ampurias.

Cette prospérité se traduit par l'abondant mobilier archéologique, recueilli pendant les fouilles. Le cimetière du Portichol a fourni une importante collection de vases grecs, dont les pièces les plus intéressantes sont un rython formé d'un oiseau à tête d'homme cornu et une grande péliké à figures rouges, représentant d'un côté le banquet des noces de Pirithoos, au moment de l'irruption des Centaures, de l'autre des Victoires et Hygie couronnant un trépied en présence d'Apollon joueur de lyre, de Dionysos et d'autres personnages.

La poterie rouge à reliefs d'époque romaine s'est rencontrée également à profusion sur le site d'Emporiæ. Les marques de fabrique, au nombre de plus de 1000, ont permis de classer cette céramique en poterie arétine primitive et en poterie gallo-romaine, où sont principalement représentés les ateliers de Lezoux, de la Graufesanque, de Montans et de Banassac.

Parmi les sculptures, il faut citer la statue d'Esculape en marbre Puig y Cadafalch, A. de Falguera, Catalunya, t. I, p. 268-272.

J. Goday, L'Arquitectura romanica à

blanc, une tête de Vénus du style de Praxitèle et une curieuse tête de femme, de l'époque des Antonins, dont la chevelure est surmontée d'un énorme diadème d'ondulations.

La plupart de ces objets ont été déposés aux musées de Gérone et de Barcelone.

(La fin à un prochain cahier.)

RAYMOND LANTIER.

VARIÉTÉS.

ATHÈNES AU XVII SIÈCLE.

CAPUCINS ET CONSULS.

Le très intéressant mémoire de M. Maxime Collignon sur Le Consul Jean Giraud et sa Relation de l'Attique au XVIIe siècle (Paris, 1913) fait sentir plus vivement encore la nécessité d'une Bibliographie d'Athènes au XVIIe siècle. L'ouvrage classique du comte de Laborde (Athènes aux XV, XVI et XVII© siècles) reste un guide très sûr, mais il date de 1854. Le trésor de documents amassé par M. Henri Omont dans ses Missions archéologiques françaises en Orient aux XVII et XVIII siècles (Paris, 1902) rendra toujours les plus grands services, mais l'auteur lui-même a publié, depuis lors, des textes nouveaux, retrouvés dans le riche dépôt dont il a la garde, et d'autres y dorment inédits qui pourraient figurer dans la Bibliographie souhaitée. C'est sur l'un de ces derniers que je voudrais aujourd'hui, très brièvement, attirer l'attention des lecteurs et des chercheurs.

I

Le Catalogue des Manuscrits français, Nouvelles acquisitions, publié en 1899 par M. Henri Omont, porte au n° 4134 la mention suivante : << Recüille de la mission des Capucins à Constantinople depuis leurs etablissement en 1624, en IV volumes. >>

De ce Recueil, qui comprenait quatre volumes, il n'en reste plus qu'un,

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