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dévots en leurs boutiques: sainte Anne, sainte Marthe, sainte Monique, Aquila, Priscilla, en leurs ménages: Cornélius, saint Sébastien, saint Maurice, parmi les armes : Constantin, Hélène, saint Louis, le bienheureux Amé, saint Edouard, en leurs saints trônes. Il est même arrivé que plusieurs ont perdu la perfection en la solitude, qui est néanmoins si désirable pour la perfection, et l'ont conservée parmi la multitude, qui semble si peu favorable à la perfection. Loth, dit saint Grégoire, qui fut si chaste en la ville, se souilla en la solitude. Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite.

CHAPITRE IV.

DE LA NÉCESSITÉ D'UN CONDUCTEUR POUR ENTRER ET FAIRE progrÈS EN LA DÉVOTION.

LE jeune Tobie commandé d'aller en Ragez: Je ne sais nullement le chemin, dit-il: Va donc, réplique le père, et cherche quelque homme qui te conduise. Je vous en dis de même, ma Philothée : voulez-vous à bon escient vous acheminer à la dévotion? cherchez quelque homme de bien qui vous guide et con

duise. C'est ici l'avertissement des avertissements, quoique vous cherchiez, dit le dévot Avila, vous ne trouverez jamais si assurément la volonté de Dieu que par le chemin de cette humble obéissance, tant recommandée et pratiquée par tous les anciens dévots. La bienheureuse mère Thérèse, voyant que madame Catherine de Cordoue faisoit de grandes pénitences, désira fort de l'imiter en cela, contre l'avis de son confesseur, qui le lui défendoit, auquel elle étoit tentée de ne point obéir pour ce regard. Et Dieu lui dit : Ma fille, tu tiens un bon et assuré chemia: vois-tu la pénitence qu'elle fait ? mais moi, je fais plus de cas de ton obéissance. Aussi elle aimoit tant cette vertu, qu'outre l'obéissance qu'elle devoit à ses supérieurs, elle en voua une toute particulière à un excellent homme, s'obligeant de suivre sa direction et conduite, dont elle fut infiniment consolée, comme, après et devant elle, plusieurs bonnes ames, qui, pour se mieux assujettir à Dieu, ont soumis leur volonté à celle de ses serviteurs: ce que sainte Catherine de Sienne loue infiniment en ses dialogues. La dévote princesse sainte Élisabeth se soumit avec une extrême obéissance au savant Conrad. Et voici l'un des avis que le grand saint Louis fit à son fils avant que de mourir: Confesse-toi souvent, élis un confesseur

idoine, qui soit prud'homme, et qui te puisse sûrement enseigner à faire les choses qui te seront nécessaires.

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L'ami fidèle, dit l'Écriture sainte, est une forte protection : celui qui l'a trouvé, a trouvé un trésor. L'ami fidèle est un médicament de vie et d'immortalité : ceux qui craignent Dieu, le trouvent. Ces divines paroles regardent principalement l'immortalité, comme voyez, pour laquelle il faut sur toutes choses avoir cet ami fidèle, qui guide nos actions par ses avis et conseils, et par ce moyen nous garantit des embûches et tromperies du malin: il nous sera comme un trésor de sapience en nos afflictions, tristesses et chûtes; il nous servira de médicament pour alléger et consoler nos cœurs ès maladies spirituelles ; il nous gardera du mal, et rendra notre bien meilleur, et quand il nous arrivera quelque infirmité, il empêchera qu'elle ne soit pas à la mort, car il nous en relèvera.

Mais qui trouvera cet ami? Le sage répond: Ceux qui craignent Dieu, c'est-à-dire les humbles qui désirent fort leur avancement spirituel. Puisqu'il vous importe tant, Philothée, d'aller avec une bonne guide en ce saint voyage de dévotion, priez Dieu avec une grande instance, qu'il vous en fournisse d'une qui soit selon son cœur et ne doutez point,

car quand il devrait envoyer un ange du ciel, comme il fit au jeune Tobie, il vous en donnera une bonne et fidèle.

Or, ce doit toujours être un ange pour vous: c'est-à-dire quand vous l'aurez trouvée, ne la considérez pas comme un simple homme, et ne vous confiez point en icelle, ni en son savoir humain, mais en Dieu, lequel vous favorisera, et parlera par l'entremise de cet homme, mettant dans le cœur et dans la bouche d'icelui, ce qui sera requis pour votre bonheur; si que vous le devez écouter comme un ange qui descend du ciel pour vous y mener. Traitez avec lui à cœur ouvert, en toute sincérité et fidélité, lui manifestant clairement votre bien et votre mal, sans feintise ni dissimulation; et par ce moyen votre bien sera examiné et plus assuré, et votre mal sera corrigé et remédié: vous en serez allégée et fortifiée en vos afflictions, modérée et réglée en vos consolations. Ayez en lui une extrême confiance, mêlée d'une sacrée révérence, en sorte que la révérence ne diminue point la confiance, et que la confiance n'empêche point la révérence; confiez-vous en lui avec le respect d'une fille envers son père, respectez-le avec la confiance d'un fils envers sa mère. Bref, cette amitié doit être forte et douce, toute sainte, toute sacrée, toute divine et toute spirituelle.

Et pour cela, choisissez-en un entre mille, dit Avila; et moi je dis, entre dix mille; car il s'en trouve moins que l'on ne sauroit dire qui soient capables de cet office il le faut plein de charité, de science et de prudence: si l'une de ces trois parties lui manque, il y a du danger. Mais je vous dis de rechef: demandez-le à Dieu; et l'ayant obtenu, bénissez sa divine majesté, demeurez ferme, et n'en cherchez point d'autres, ains allez simplement, humblement et confidemment; car vous ferez un très-heureux voyage.

CHAPITRE V.

QU'IL FAUT COMMENCER PAR LA PURGATION DE L'AME.

Les fleurs, dit l'époux sacré, apparaissent en notre terre; le temps d'émonder et tailler est venu. Qui sont les fleurs de nos cœurs Philothée, sinon les bons désirs ? Or, aussitôt qu'ils paroissent, il faut mettre la main à la serpe pour retrancher de notre conscience toutes les œuvres mortes et superflues. La fille étrangère, pour épouser l'Israélite, de, voit ôter la robe de sa captivité, rogner ses

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