Images de page
PDF
ePub

en plus grand nombre que les cheveux de votre tête, voire que le sable de la mer.

teur

III. Considérez à part le péché d'ingratitude envers Dieu, qui est un péché général, lequel s'épanche par tous les autres, et les rend infiniment plus énormes: voyez donc combien de bénéfices Dieu vous a faits, et que de tous vous avez abusé contre le donasingulièrement combien d'inspirations méprisées, combien de bons mouvements rendus inutiles; et, encore plus que tout, combien de fois avez-vous reçu les sacrements, et où en sont les fruits? Que sont devenus ces précieux joyaux dont votre cher époux vous avoit ornée ? tout cela a été couvert sous vos iniquités : avec quelle préparation les avez-vous reçus ? Pensez à cette ingratitude, que Dieu vous ayant tant couru après pour vous sauver, vous avez toujours fui devant lui pour vous perdre.

Affections et résolutions.

I. Confondez-vous en votre misère. O mon Dieu ! comme osé-je comparoître devant vos yeux! Hélas! je ne suis qu'un apostème du monde, et un égout d'ingratitude et d'iniqui té. Est-il possible que j'aie été si déloyale, que je n'aie laissé pas un seul de mes

sens, pas une des puissances de mon âme, que je n'aie gâtée, violée, et souillée, et que pas un jour de ma vie ne soit écoulé, auquel je n'aie produit de si mauvais effets? Est-ce ainsi que je devois contrechanger les bénéfices de mon Créateur, et le sang de mon Rédemp

teur.

II. Demandez pardon, et vous jetez aux pieds du Seigneur, comme un enfant prodigue, comme une Madelaine, comme une femme qui aurait souillé le lit de son mariage de toutes sortes d'adultères. O Seigneur ! miséricorde sur cette pécheresse! Hélas! ô source de vive compassion! ayez pitié de cette misérable!

III. Proposez de vivre mieux. O Seigneur ! non, jamais plus moyennant votre grâce, non jamais plus je ne m'abandonnerai au péché.

Hélas! je ne l'ai que trop aimé : je le déteste et vous embrasse. O père de miséricorde ! je veux vivre et mourir en vous.

IV. Pour effacer les péchés passés, je m'en accuserai courageusement, et n'en laisserai pas un que je ne pousse dehors.

V. Je ferai tout ce que je pourrai pour en déraciner entièrement les plantes de mon cœur, particulièrement de tels et tels qui me sont plus ennuyeux.

VI. Et pour ce faire, j'embrasserai cons

tamment les moyens qui me seront conseillés, ne me semblant d'avoir jamais assez fait pour réparer de si grandes fautes.

Conclusion.

I. Remerciez Dieu qui vous a attendue jusqu'à cette heure, et vous a donné ces bonnes affections.

II. Faites-lui offrande de votre cœur pour les effectuer.

III. Priez le qu'il vous fortifie, etc.

CHAPITRE XIII.

V MÉDITATION.

De la Mort.

Préparation.

1. Mettez-vous en la présence de Dieu.

2. Demandez-lui sa gràce.

3. Imaginez-vous d'être malade en extrémité dans le lit de la mort, sans espérance aucune d'en échapper.

Considérations.

I. CONSIDÉREZ l'incertitude du jour de votre mort. O mon âme ! vous sortirez un jour de

ce

corps! Quand sera-ce? En hiver ou

en été? en la ville ou au village? de jour ou de nuit ? sera-ce à l'imprévue ou avec avertissement? sera-ce de maladie ou d'accident? aurez-vous le loisir de vous confesser ou non? serez-vous assistée de votre confesseur et père spirituel? Hélas! de tout cela nous n'en savons rien du tout; seulement cela est assuré, que nous mourrons, et toujours plus tôt que nous ne pensons.

II. Considérez qu'alors le monde finira pour ce qui vous regarde; il n'y en aura plus pour vous; il renversera sens dessus dessous devant vos yeux: oui; car alors les plaisirs, les vanités, les joies mondaines, les affections vaines, nous apparoîtront comme des fantômes et nuages. Ah! chétive, pour quelles bagatelles et chimères ai-je offensé mon Dieu ? Vous verrez que nous avons quitté Dieu pour néant. Au contraire, la dévotion et les bonnes œuvres vous sembleront alors si désirables et douces et pourquoi n'ai-je suivi ce beau et gracieux chemin ? Alors les péchés qui sembloient bien petits, paroîtront gros comme des montagnes, et votre dévotion bien petite.

III. Considérez les grands et langoureux adieux que votre âme dira à ce bas monde: elle dira adieu aux richesses, aux vanités et vaines compagnies, aux plaisirs, aux passetemps, aux amis et voisins, aux parents, aux

enfants, au mari, à la femme, bref à toute créature; et en fin finale, à son corps, qu'elle délaissera pâle, hâve, défait, hideux et puant.

IV. Considérez les empressements qu'on aura pour lever ce corps-là, et le cacher en terre; et que cela fait, le monde ne pensera plus guère à vous, ni n'en sera plus mémoire, non plus que vous n'avez guère pensé aux autres. Dieu lui fasse paix ! dira-t-on ; et puis c'est tout. O mort! que tu es inconsidérable! que tu es impiteuse ?

V. Considérez qu'au sortir du corps l'âme prend son chemin ou à droite ou à gauche. Hélas! où ira la vôtre ? quelle voie tiendrat-elle ? Non autre que celle qu'elle aura com-. mencée en ce monde.

Affections et résolutions.

I. Priez Dieu, et vous jetez entre ses bras. Las! Seigneur, recevez-moi en votre protection pour ce jour effroyable; rendez-moi cette heure heureuse et favorable, et que plutôt toutes les autres de ma vie me soient tristes et d'affliction !

II. Méprisez le monde. Puisque je ne sais l'heure en laquelle il te faut quitter, & monde! je ne me veux point attacher à toi. O mes chers amis! mes chères alliances, permettez-moi

« PrécédentContinuer »