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sens,

et leurs membres pour pécher, aïnsi souffriront-ils en tous leurs membres et en tous leurs les peines dues au péché : les yeux, pour leurs faux et mauvais regards, souffriront l'horrible vision des diables et de l'enfer; les oreilles, pour avoir pris plaisir aux discours vicieux, n'ouiront jamais que pleurs, lamentations et désespoir; et ainsi des autres.

II. Outre tous ces tourments, il y en a encore un plus grand, qui est la privation et perte de la gloire de Dieu, laquelle ils sont forclos de jamais voir.

Que si Absalon trouva que la privation de la face aimable de son père David étoit plus ennuyeuse que son exil; ô Dieu! quel regret d'être à jamais privé de voir votre doux et suave visage.

III. Considérez surtout l'éternité de ces peines, laquelle seule rend l'enfer insupportable. Hélas! si une puce en votre oreille, si la chaleur d'une petite fièvre, nous rend une courte nuit si longue et ennuyeuse, combien sera épouvantable la nuit de l'éternité avec tant de tourments! De cette éternité naissent le désespoir éternel, les blasphêmes et rages infinies.

Affections et résolutions.

Epouvantez votre ame par les paroles d'Isaïe.

O mon ame! pourrois-tu bien vivre éternellement avec ces ardeurs perdurables, et emmi ce feu dévorant ? Veux-tu bien quitter ton Dieu pour jamais ?

Confessez que Vous l'avez mérité, mais combien de fois! Or, désormais je veux prendre partiau chemin contraire: pourquoi descendrai-je en cet abîme?

Je ferai donc tel et tel effort pour éviter le péché, qui seul me peut donner cette mort éternelle.

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Considérez une belle nuit bien sereine, et pensez combien il fait bon voir le ciel avec cette multitude et variété d'étoiles: or, joignez maintenant cette beauté avec celle d'un

beau jour, en sorte que la clarté du soleil n'empêche point la claire vue des étoiles ni de la lune ; et puis après dites hardiment que toute cette beauté mise ensemble n'est rien au prix de l'excellence du grand paradis. O que ce lieu est désirable et aimable ! que cette cité est précieuse !

II. Considérez la noblesse, la beauté et la multitude des citoyens et habitants de cet heureux pays; ces millions de millions d'anges, de chérubins et séraphins, cette troupe d'apôtres, de martyrs, de confesseurs, de vierges, de saintes dames; la multitude est innumérable. O que cette compagnie est heureuse ! Le moindre de tous est plus beau à voir que tout le monde; que sera-ce de les voir tous ? Mais mon Dieu, qu'ils sont heureux ! toujours ils chantent le doux cantique de l'amour éternel: toujours ils jouissent d'une constante allégresse ils s'entre-donnent les uns aux autres des contentements indicibles, et vivent en la consolation d'une heureuse et indissoluble société.

III. Considérez enfin quel bien ils ont tous de jouir de Dieu, qui les gratifie pour jamais de son aimable regard, et par icelui répand dedans leurs cœurs un abîme de délices. Quel bien d'être à jamais uni à son principe! Ils sont là comme des heureux oiseaux, qui volent et chantent à jamais dedans l'air de la di

vinité qui les environne de toutes parts de plaisirs incroyables: là chacun à qui mieux mieux, et saus envie, chante les louanges du Créateur: Béni soyez-vous à jamais, à notre doux et souverain Créateur et Sauveur, qui nous êtes si bon, et nous communiquez si libéralement votre gloire! Et réciproquement Dieu bénit d'une bénédiction perpétuelle tous ses saints: Bénies soyez-vous à jamais, dit-il, mes chères créatures, qui m'avez servi, et qui me louerez éternellement avec si grand amour et courage.

Affections et résolutions.

I. Admirez et louez cette patrie céleste: O que vous êtes belle, ma chère Jérusalem! et que bienheureux sont vos habitants!

II. Reprochez à votre cœur le peu de courage qu'il a eu jusqu'à présent, de s'être tant détourné du chemin de cette glorieuse demeure. Pourquoi me suis-je tant éloigné de mon souverain bonheur. Ah! misérable, pour ces plaisirs si déplaisants et légers, j'ai mille et mille fois quitté ces éternelles et infinies délices. Quel esprit avois-je de mépriser des biens si désirables, pour des désirs si vains et méprisables.

III. Aspirez néanmoins avec véhémence à ce

séjour tant délicieux. O! puisqu'il vous a plu, mon bon et souverain Seigneur, redresser mes pas en vos voies, non, jamais plus je ne retournerai en arrière. Allons, ô ma chère ame! allons en ce repos infini: cheminons à cette bénite terre qui nous est promise; que faisons-nous en cette Égypte ?

Je m'empêcherai donc de telles choses qui me détournent ou retardent de ce chemin. Je ferai donc telles et telles choses qui m'y peuvent conduire.

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3. Mettez-vous en la présenc de Dieu.

2. Humiliez-vous devant lui, priant qu'il vous inspire.

Considérations.

Imaginez-vous d'être en une rase campagne toute seule avec votre bon ange, comme étoit le jeune Tobie allant en Ragès, et qu'il vous

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