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CONCLUSION.

L'Angleterre, pendant le cours de la guerre qui vient de finir, a acquis dans l'Inde un royaume riche et puissant, qui, réuni à son ancien territoire, forme le tiers du continent indien. La paix d'Amiens lui assure la possession des établissemens hollandais de Ceylan, et de l'île de la Trinité. Ainsi, un théâtre plus grand s'est ouvert aux entreprises de son industrie; bientôt de nouvelles combinaisons vont lier ensemble, d'une manière plus intime, toutes les parties de la puissance commerciale et de la puissance politique de la GrandeBretagne.

Tandis qu'elle enverra ses vaisseaux r'ouvrir ses anciens marchés, chercher par⚫tout des marchés nouveaux, la France, riche d'elle-même, ranimera, multipliera sur son vaste et fertile territoire tous les élémens de sa prospérité; elle rétablira ses routes, en construira de nouvelles, creusera des canaux, aggrandira sa navigation et sa marine, étendra son commerce par

son agriculture, excitera l'action de toutes. les industries, donnera plus de stabilité à ses institutions civiles et politiques, et assurera, sur leurs véritables bases, la richesse, la puissance et la liberté de la

nation.

Ainsi, la France et l'Angleterre, placées chacune dans une situation différente, et développant dans cette situation tous les moyens d'activité qui lui sont propres, marcheront ensemble vers un but commun, leur bonheur mutuel et le maintien de la paix du monde.

Éclairées enfin par une trop longue et trop funeste expérience, elles sauront que ce n'est plus ni la jalousie mercantile qu'elles doivent choisir pour conseil, ni les préventions nationales qu'elles doivent prendre pour règle de leurs rapports dè commerce et de politique. Elles sauront que leur véritable intérêt est dans l'accroissement réciproque de leur agriculture, de leur commerce et de leur industrie, pour que tous leurs moyens d'échange deviennent plus nombreux, que tous les produits

du territoire et de l'art acquièrent une plus grande valeur dans un marché plus étendu, plus rapproché, et dont les retours sont plus prompts; pour que des modèles nouveaux de perfection dans l'immense domaine des arts, des lettres et des sciences, soient constamment offerts à leur commune activité; enfin, pour que la richesse de l'une devienne le gage permanent de la ri chesse de l'autre. Elles sauront que cette politique libérale est aujourd'hui le résultat nécessaire de la force des choses, du progrès des lumières, de l'état des sociétés; et elles diront, avec cet illustre pair d'Angleterre, dont la mort prématurée a été une calamité publique : Donnons un autre but à la rivalité nationale; faisons fleurir ensemble, au sein de la paix, l'agricul ture, les manufactures et le commerce.

Que ce dernier vou d'une ame généreuse, d'un véritable ami de son pays, devienne enfin le vœu des deux nations! que l'ému, lation des bonnes lois, de la liberté, dé tous les efforts de la raison humaine pour le perfectionnement de la société, vienne

enfin remplacer, dans le siècle qui commence, cette sanglante rivalité qui pendant huit siècles, et pendant quarante années du siècle dernier, a désolé les deux Empires pour de vaines prétentions de territoire, de trône et de commerce exclusif! Oui, c'est à ce noble concours de toutes les lumières, de tous les arts, de toutes les vertus des deux nations, que sont maintenant attachées leurs nouvelles destinées et toutes les espérances du genre humain. (GALLOIS, discours cité page 505).

FIN DE LA II. ET DERNIÈRE PARTIE.

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