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son système de gouvernement paternel, en ayant toujours en vue les améliorations administratives que l'expérience pourrait suggérer.

Les étudiants avaient aussi présenté une Adresse où il était dit, que l'on espérait des lumières et du libéralisme du nouveau roi qu'il assurerait à la presse la plus large liberté.

La réponse du prince ne porta pas seulement sur cette partie de l'adresse de la jeunesse studieuse, elle put encore être considérée comme un programme de gouvernement.

Personne, disait S. M., ne connait mieux que moi les heureux effets de l'esprit commun, mais tout doit se fonder sur l'expérience. Mon prédécesseur, ayant établi les états provinciaux qui facilitent au peuple l'accès au trône, avait pensé qu'il fallait s'arrêter là. Telle est aussi mon opinion. On a parlé de la constitution norwégienne, mais cette constitution a dû sa naissance à des circonstances toutes spéciales; elle eút pu prendre plus de développement, si les conjonctures avaient été favorables; mais avant tout, il faut prendre conscil de l'expérience, guide infaillible. Quant à la liberté de la presse, elle n'a point de partisan plus déclaré que moi. Je reconnais hautement que la prospérité du peuple et de l'Etat ne peut que gagner par le libre échange des idées. La liberté de la presse ne peut pas toutefois demenrer sans limites : il faut qu'elle soit restreinte dans de justes termes, par la loi. L'abus seul rendant nécessaires les délimitations, il est évident qu'il dépendra de la presse elle-même de s'assurer des droits plus ou moins larges, suivant l'usage qu'elle aura fait de cette liberté. »

Le roi fit à la société, pour l'exercice légitime de la liberté de la presse, une réponse analogue :

Rien, disait le souverain, ne serait plus pénible pour moi que d'être obligé d'imposer de nouvelles restrictions à la presse; rien ne me sera plus agréable que de voir que les entraves auxquelles elle est soumise aujourd'hui pourront, après mûr examen, être supprimées. Je ne demande, ajoutait S. M., que la vérité; ce n'est qu'à la vérité que le gouvernement peut accorder une valeur durable. »

Nous venons de reproduire, en les analysant, la série des allocutions officielles amenées par l'avénement de Christiern. Comme fait, nous n'avons guère à parler que d'une résolution des états de Roeskilde adoptée à une ma

jorité de 2 voix seulement (52 contre 30), et tendant à demander l'émancipation des Israélites. Fallait-il conclure de ce résultat, si disputé, que le sentiment national ne s'accordait pas avec cette mesure libérale? Deux députés penchaient à interprêter les choses de cette manière, mais un autre membre de l'opposition, M. Algreen Ussing, répondait judicieusement que, perpétuer la ligne de démarcation entre les Israélites et les autres cultes, c'était perpétuer aussi les répugnances populaires. A part cette résolution, nous n'avons plus à constater que des projets en matière d'industrie. Un chemin de fer devait mener de Kiel à Hambourg, par Altona, et contribuer, avec une correspondance à vapeur, à faire communiquer la première de ces deux villes avec les principaux ports de la Baltique. Cependant, un objet préoccupait encore l'attention publique c'étaient les réclamations faites par la Prusse, la France et la Suède, au sujet des droits trop élevés que l'on percevait sur les navires qui traversaient le détroit du Sund. Serait-il fait droit à ces plaintes alors qu'il s'agissait d'une branche importante du revenu public?

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Le 9 février, le roi ouvrit en personne, le storthing de Norwège S. M. peignit dans son discours (Voir le texte à l'Appendice), l'état de prospérité dans lequel se trouvait le royaume et que constataient les faits et les chiffres: la po.. pulation s'était accrue; le commerce prenait de l'activité; l'industrie était encouragée et les finances présentaient le résultat le plus satisfaisant, puisque les ressources étaient supérieures à une dette que le système d'amortissement adopté par le gouvernement parviendrait sans doute à éteindre avant 1830.

<< Les faits consignés dans l'exposé qui va vous être lu, ajoutait le souverain, vous prouveront que l'état des finances nous permet plusieurs améliorations d'un intérêt général, sans recourir au rétablissement de l'impôt foncier, qui, dès le 1er juillet 1836, a cessé d'être perçu. >>

S. M. terminait en conseillant à la Norwège de profiter de la paix du dehors pour cultiver la prospérité intérieure et oublier les dissentions civiles.

A la suite de la séance royale, le storthing eut à s'occuper de propositions diverses: parmi celles qui avaient été déjà débattues, se distinguaient la demande qu'avait faite la couronne en abrogation de la disposition du pacte fondamental qui convertit en loi un projet adopté par trois storthings consécutifs et celle plusieurs fois repoussée qui aurait conféré au roi le veto absolu. La première eut un succès qu'elle n'avait pas eu encore; elle fut renvoyée à l'examen d'une commission. L'autre ne paraissait pas devoir être adoptée par le storthing. Le roi insistait cependant sur la nécessité de donner à la représentation nationale un contrepoids, de préserver le pays de ses propres écarts, de même que l'on n'avait rien négligé pour retenir la couronne elle-même sur la pente de l'arbitraire. Les défiances de 1814 étaient naturelles : on était à une époque d'agitation; il fa lait maintenant mettre à profit le calme politique dont on jouissait, pour assurer l'avenir. Quoi qu'il en soit, la question ne fut encore point résolue durant la session présente, que ne signala d'ailleurs aucun acte important. Mais on peut retirer d'utiles renseignements sur la politique du roi, dans certaines réponses qu'il fit aux députations qui lui présentèrent ou des hommages ou des réflexions sur les matières de gouvernement:

«Vos libertés individuelles, disait S. M. aux bourgeois de Christiania, me sont chères; mais j'ai acquis la conviction que l'amour de la liberté et l'amour de la patrie doivent se tenir par la main et marcher sur la

même ligne; la liberté peut entraîner à de funeste ecarts; l'amour de la patrie, au contraire, en donnant à l'enthousiasme une forme rationnelle, l'arrête sur la pente de l'erreur.»

Les députés avaient rappelé les fruits que devait produire la loi municipale récemment adoptée :

Cette loi, répondit le monarque, était entrée depuis long-temps dans mes combinaisons; j'ai toujours pensé qu'il fallait que les communes fissent leurs affaires particulières, pour que le gouvernement, chargé de traiter les intérêts financiers, legislatifs, administratifs et politiques sous un point de vue plus élevé, ne trouvât aucun obstacle à son désir de faire le bien dans la nécessité de descendre dans des détails quí souvent sont l'écueil de la sagesse la plus profonde. »

Quant à la Suède proprement dite, sa situation avait peu subi de changements; le roi la résumait en quelque sorte par ces paroles adressées aux députés de l'armée (décembre):

Notre organisation militaire est en harmonie avec notre position géographique; l'agricu ture, l'industrie, la navigation et le commerce sont les principes de notre force. Mais pour maintenir la civilisation à laquelle nous sommes parvenus, nos regards ne doivent jamais se détourner de la force-armée, qui est une des garanties de l'indépendance des nations.»

Au surplus, l'armée suédoise n'est pas seulement consacrée à la défense du territoire, elle contribue encore an bien-être intérieur par les travaux d'utilité publique auxquels elle est appliquée, quels que scient d'ailleurs ces travaux : canaux et rivières, routes et terrassements, constructions civiles et fortifications. C'est ainsi qu'a pu être achevé, en 1852, le canal de Gothie, qui a complété la jonction de la mer du Nord à la Baltique, à travers le continent suédois, dans sa plus grande largeur.

RUSSIE ET POLOGNE.

Le Czar persévérait dans la politique introduite par Catherine et prudemment suivie par Alexandre. La conduite habile et ménagée du gouvernement dans la

question qui se débattait sur les rives de l'Euphrate; les hostilités continues. qu'il dirigeait contre les peuplades du Caucase, enfin l'influence qu'il s'efforçait de prendre dans les affaires de l'Afghanistan; tout faisait ressortir cette marche ascendante de la puissance moscovite. Mais l'énergique et fière indépendance de tribus à peine connues, se dressait en les combattant, non sans quelque succès, contre les empiétements de la cour de Russie.

Tout récemment encore, les Circassiens victorieux avaient repoussé les propositions qui leur avaient été adressées, et la province de Grusie, une des conquêtes du maréchal Paskiewitch, en 1850, venait de se révolter. Dès lors, l'empereur mit de nouvelles troupes en mouvement sur les frontières de tout le pays du Caucase, pour attaquer sur une plus large échelle.

Les Circassiens ne désespérèrent pas. Le 5 mai, six mille hommes de l'ancienne et puissante tribu des Ubiques, attaquèrent vivement cinq mille Russes qui débarquaient, protégés par le feu meurtrier de dix vaisseaux de ligne. Après un combat acharné, où ils furent commandés par le célèbre anglais Bell, les Circassiens furent obligés de se retirer et laissèrent le champ libre aux Russes. Ceux-ci s'empressèrent de construire plusienrs forts, seal moyen pour eux de se maintenir dans ces pays où des armées toujours nouvelles seraient nécessaires pour conserver les terrains conquis, que le patriotisme indomptable des habitants ne se lasse point de leur disputer.

Le général Rajewski, commandant de Semez en Abasie, voulant essayer un dernier effort pour désarmer ces caractères indomptables, adressa aux princes, nobles et habitants de Notkuhatch, la proclamation suivante :

« Notre sublime empereur dont les armées sont innombrables, m'a ordonné de prendre possession de Toaps, Shapligna et Semez; je m'en suis emparé. Il m'a ordonné de construire un fort à Semez, et un arscual pour sa flotte. Je dois aussi construire une route pour Auapa,

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