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A tous ces maux, il ne survint que des compensations légères, le dégrèvement des sucres et la modification des tarifs des douanes, signée par le roi, sur la proposition du1 ministre de la marine.

MARTINIQUE. - L'émancipation, accordée aux esclaves des îles voisines, n'avait pas été sans effet à la Martinique. Des agitateurs parcouraient le pays depuis quelques temps et cherchaient à ébranler la fidélité des ateliers par de fausses nouvelles. Une circulaire du gouverneur vint mettre un terme à ces machinations qui pouvaient troubler le repos et compromettre l'avenir du pays. On n'a pas oublié, d'ailleurs, dans quelle situation déplorable était cette colonie, dès l'année dernière, sous le rapport financier.

Un tremblement de terre vint mettre le comble à cette situation fâcheuse (11 janvier). La ville de Fort-Royal fut réduite en un monceau de ruines, ainsi que les communes environnantes, et une partie de la ville de Saint-Pierre. Le nombre des personnes tuées ou blessées s'éleva à plus de 500. Aussitôt que la nouvelle de ce désastre fut parvenue à la métropole, sur le rapport du ministre de la marine, un crédit de 2,200,000 fr. fut ouvert, en même temps que l'archevêque de Paris ordonnait une quête générale dans toutes les églises et que la sympathie des particuliers joignait généreusement son tribut à celui de l'Etat. L'écho de cette grande douleur retentit jusqu'en Algérie et en Egypte, et nos frères d'Alexandrie, comme ceux de l'Afrique française curent pour elle plus que de la pitié et des plaintes stériles.

Le gouverneur essaya de venir au secours de cette détresse générale, en autorisant l'exportation des sucres par tous pavillons. Mais l'ordonnance du 30 juin y mit empêchement.

Que l'on ajoute à ces sinistres, à ces difficultés les ravages de la fièvre jaune, et l'on concevra quel devait être

l'abattement qui régnait dans cette colonie. Le dégrèvement des sucres et les modifications apportées au tarif des douanes, ne pouvaient la rétablir de cette blessure profonde dont elle se ressentira long-temps encore.

Il est inutile de dire que le recensement qui avait eu lieu à la Guadeloupe, relativement aux esclaves, fut également fait à la Martinique.

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CHAPITRE VII.

ALGÉRIE.

Soumission de Ben-Aissa.

Occupation de Stora. Fondation
Défense de Djemilah. —

1838. de Philippeville. Occupation de Milah. Organisation de la province de Constantine et de la subdivision de Bône. Occupation de Koléah et de Blidah. - Infractions au traité de la Tafna, par Abd-ei-Kader. Mission de Mouloud-ben-Arrach, son envoyé à Paris. Expédition d'Abd el-Kader contre Ain Madhi. 1839. Prise d'Aïn Madhi par Abd-el-Kader. - Occupation de Djidjeli. - Expédition de Selif. - Villes nouvelles fondées dans l'intérieur du pays, par Abd-el-Kader. Passage du défilé des Portes-de-fer (Biban). - Reprise des hostilités par Abd-el-Kader. — Invasion de la plaine de la Métidja. Combat de l'Ouad-el-Aleg. Première défense deMazagran. O Combat de Blidah.

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Pour l'intelligence des événements survenus dans l'Algérie, il nous semble utile de reproduire succinctement quelques-uns des principaux faits de l'année précédente, auxquels les circonstances sont venus donner une importance qu'ils n'avaient pas dans l'origine.

Après la prise de Constantine, l'ancien bey HadjAhmed s'était éloigné de sa capitale (Voyez Annuaire de 1837, p. 366), avec les cavaliers de quelques tribus fidèles encore à sa cause. Au mois d'avril 1838, il s'était rapproché de Constantine; mais une démonstration vigoureuse du général Négrier dans le pays des Telaghma, avait suffi pour l'obliger de nouveau à la retraite, et depuis il ne parut plus disposé à contester par les armes une domination chaque jour plus étendue et plus affermie. Bientôt ses serviteurs les plus dévoués l'eurent abandonné, et

le plus célèbre d'entre eux, Ben-Aïssa, le défenseur de Constantine en 1836 et 1837, avait, en mai 1858, fait sa soumission.

Deux reconnaissances dirigées avec succès, en janvier et avril 1838, par le général Négrier, avaient préparé l'occupation, effectuée le 7 octobre suivant, de Stora, l'ancienne Rusicada. Sur les ruines de la cité romaine fat élevée une nouvelle cité qui reçut le nom de Philippeville.

Visitée dès le mois de mars, Milah, petite ville à douze lieues de Constantine, avait été définitivement aussi occupée le 21 octobre. De ce point, une grande reconnaissance ne tarda pas à être opérée, en passant par Djémilah (autrefois Culcul Colonia ), sur Sétif (Sitifis), ancienne capitale des Mauritanies, où une colonne française, sous les ordres du général Galbois, parut pour la première fois, le 15 décembre 1838. Au retour de cette excursion, le troisième bataillon d'infanterie légère d'Afrique resta en garnison à Djémilah. Attaqué, avec acharnement, par plusieurs milliers de 'Kabaïles de Bougie, pendant six jours consécutifs (du 18 au 23 décembre), il leur fit éprouver de grandes pertes, et les força de se retirer, avant même que le 26e de ligne vint lui porter l'ordre de s'éloigner de Djemilah, qui fut pour le moment abandonnée.

Quelques semaines auparavant, le maréchal Valée, auquel la situation générale de l'Algérie avait permis de se rendre à Constantine (23 septembre), s'était occupé de marquer le territoire qui devait être soumis à l'adminis tration directe de la France: il le détermina par une double ligne qui, s'abaissant de Constantine vers la mer, d'une part, sur la frontière de Tunis, de l'autre, sur la baie de Stora, enferme un espace facile à défendre, et qui pourra suffire long-temps aux besoins de la colonisation. La province tout entière fut partagée en deux grandes

subdivisions soumises à un régime différent : l'une qui a conservé le nom de la capitale, et comprend les nouveaux territoires placés sous la main de la France à la suite des opérations militaires de 1837; l'autre, celle de Bone, composée des portions du pays qui reconnaissaient plus anciennement l'autorité française.

Province de Constantine.- La nouvelle organisation (arrêté du gouverneur général du 30 septembre et du 24 octobre 1838) créa trois commandements ( khalifats), auxquels ont été donnés, d'après les territoires qu'ils embrassent, les noms de Sahhel, Ferdjiouah et Medjanah. Ceux qui en furent investis sont, ainsi que le mot l'indique (khalifah), les lieutenants de l'officier-général, commandant supérieur de la province. Trois kaïds (administrateurs), furent mis à la tête des puissantes tribus des Haractars, des Hanenchas et des Amer-Cheragas. La ville de Constantine fut placée sous l'autorité d'un hakem (gouverneur), qui a le rang de khalifah. Un conseil d'administration de la province eut pour mission spéciale de faire rentrer les impôts, dont la perception était confiée aux chefs indigènes.

Subdivision de Bone. Le territoire de cette subdivision, plus particulièrement réservé à l'administration française, fut partagé en quatre cercles, ceux de Bone, de La Calle, de Guelma et de l'Edough (arrêté du gouverneur général du 1er novembre). A la tête de chaque cercle fut placé un commandant français: un chef indigène, sous ses ordres, fut chargé des relations avec les tribus.

Pendant que la souveraineté française se consolidait ainsi dans la province de Constantine, la guerre, à la suite du traité de la Tafna, cessait dans les provinces d'Alger et d'Oran. Aux termes du traité, Koléah et Blidah devaient être soumises à l'administration directe de la France.

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