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LES FEMMES

SAVANTES,

COMÉDIE

EN CINQ ACTES.

1672.

CHRYSALE, bourgeois.

PHILAMINTE, femme de Chrysale.

ARMANDE, fille de Chrysale et de Philaminte.
HENRIETTE, fille de Chrysale et de Philaminte.
ARISTE, frere de Chrysale.
BELISE, Sœur de Chrysale.
CLITANDRE, amant d'Henriette.
TRISSOTIN, bel-esprit.

VADIUS, savant.

MARTINE, servante.

LÉPINE, valet de Chrysale.
JULIEN, valet de Vadius.
UN NOTAIRE.

La scene est à Paris, dans la maison de
Chrysale.

LES FEMMES

SAVANTES.

ACTE PREMIER.

QUOI

SCENE I.

ARMANDE, HENRIETTE.

ARMANDE.

Uoi! le beau nom de fille est un titre, ma sœur Dont vous voulez quitter la charmante douceur! Et de vous marier vous osez faire fête!'

Ce vulgaire dessein vous peut monter en tête!

Qui, ma sœur.

HENRIETTE.

ARMANDE.

Ah! ce oui se peut-il supporter Et sans un mal de cœur sauroit-on l'écouter?

HENRIETTE.

Qu'a donc le mariage en soi qui vous oblige,
Ma sœur...?

ARMANDE.

Ah! mon dieu! fi!

HENRIETTE.

2

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We concevez-vous point ce que, dès qu'on l'entend,

Un tel mot à l'esprit offre de dégoûtant,

De quelle étrange image on est par lui blessée,
Sur quelle sale vue il traîne la pensée ?

N'en frissonnez-vous point? et pouvez-vous, ma sœur,
Aux suites de ce mot résoudre votre cœur?

HENRIETTE.

Les suites de ce mot, quand je les envisage,
Me font voir un mari, des enfants, un ménage;
Et je ne vois rien là, si j'en puis raisonner,
Qui blesse la pensée, et fasse frissonner.

ARMAN de.

De tels attachements, ô ciel! sont pour vous plaire!

HENRIETTE.

Et qu'est-ce qu'à mon âge on a de mieux à faire
Que d'attacher à soi, par le titre d'époux,
Un homme qui vous aime, et soit aimé de vous;
Et, de cette union de tendresse suivie,

Se faire les douceurs d'une innocente vie?
Ce nœud bien assorti n'a-t-il pas des appas?'

ARMANDE.

Mon dieu! que votre esprit est d'un étage bas!
Que vous jouez au monde un petit personnage,
De vous claquemurer aux choses du ménage,
Et de n'entrevoir point de plaisirs plus touchants
Qu'une idole d'époux et des marmots d'enfants!
Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,
Les bas amusements de ces sortes d'affaires.
A de plus hauts objets élevez vos desirs,
Songez à prendre un goût des plus nobles plaisirs,
Et, traitant de mépris les sens et la matiere,
A l'esprit, comme nous, donnez-vous tout entiere
Vous avez notre mere en exemple à vos yeux,
Que du nom de savante on honore en tous lieux,
Tâchez, ainsi que moi, de vous montrer sa fille;
Aspirez aux clartés qui sont dans la famille,

Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs

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