Quels charmes si puissants en elle sont épars? Elle a quelques attraits, quelque éclat de jeunesse, On en tombe d'accord, je n'en disconviens pas: Mais lui cede-t-on fort pour quelque peu d'aînesse, Et se voit-on sans appas? Est-on d'une figure à faire qu'on se raille? N'a-t-on point quelques traits et quelques agréments, Quelque teint, quelques yeux, quelque air et quelque taille A pouvoir dans nos fers jeter quelques amants? De ine parler franchement : Suis-je faite d'un air, à votre jugement, CYDIPPE. Qui? vous, ma soeur? Nullement. Mais, moi, dites ma sœur, sans me vouloir flatter, AGLAURE. Vous, ma sœur? Vous avez, sans nul déguisement, Tout ce qui peut causer une amoureuse flamme. Vos moindres actions brillent d'un agrément Dout je me sens toucher l'ame; Si j'étois autre que femme. CYDIPPE. D'où vient donc qu'on la voit l'emporter sur nous deux, Et 、, t Qu'à ses premiers regards les cœurs rendent les armes, que d'aucun tribut de soupirs et de vœux On ne fait honneur à nos charmes? AGLAURE. Toutes les dames d'une voix, Et du nombre d'amants qu'elle tient sous ses lois, CY DIPPE. Pour moi, je la devine; et l'on doit présumer Ce secret de tout enflammer N'est point de la nature un effet ordinaire : AGLAURE. Sur un plus fort appui ma croyance se fonde; Qui tend les bras à tout le monde, Notre gloire n'est plus aujourd'hui conservée **** On est bien descendh dans le siecle où nous sommes; Et l'on en est réduite à n'espérer plus rien, A moins que l'on se jette à la tête des hommes. Oui, voilà le secret de l'affaire; et je voi Que vous le prenez mieux que moi." C'est pour nous attacher à trop de bienséance L'honneur de notre sexe et de notre naissance. Tous les amants qu'on voit sous son empire. Qui nous êtent les fruits du plus beau de nos ans. AGLAURE. t J'approuve la pensée; et nous avons matiere Aux deux princes qui sont les derniers arrivés. CYDIPPE. Ah! ma sœur, ils sont faits tous deux d'une maniere Que mon ame... Ce sont deux princes achevés. AGLAURE. Je trouve qu'on pourroit rechercher leur tendresse Je GYDIPPE. trouve que, sans honte, une belle princesse AGLAURE. Les voici tous deux ; et j'admire Leur air et leur ajustement. CYDIPPE.Va draslíe ensa Ils ne démentent nullement Tout ce que nous venons de dire. D'où vient, princes, d'où vient que vous fuyez ainsi? Prenez-vous l'épouvante en nous voyant paroître ? CLEOMENE. On nous faisoit croire qu'ici La princesse Psyché, madame, pourroit être. *** AGLAURE. Tous ces lieux n'ont-ils rien d'agréable pour vous, Si vous ne les voyez ornés de sa présence? AGÉNOR. Ces lieux peuvent avoir des charmes assez doux ; Mais nous cherchons Psyché dans notre impatience. CY DIPPE. Quelque chose de bien pressant Vous doit à la chercher pousser tous deux, doute. CLÉOMENE. Le motif est assez puissant, Puisque notre fortune enfin en dépend toute. AGLAURE. Ce seroit trop à nous que de nous informer sans Du secret que ces mots nous peuvent enfermer. Nous ne prétendons point en faire de mystere: Aussi-bien, malgré nous, paroîtroit-il au jour; Madame, quand c'est de l'amour. CYDIPPE. Sans aller plus avant, princes, cela veut dire Tous deux soumis à son empire, Nous allons de concert lui découvrir nos feux. C'est une nouveauté, sans doute, assez bizarre, CLÉOMENE. Il est vrai que la chose est rare, CYDIPPE, Est-ce que dans ces lieux il n'est qu'elle de belle? AGLAURE. Parmi l'éclat du sang, vos yeux n'ont-ils vu qu'elle A pouvoir mériter vos feux ? CLÉOMENE. Est-ce que l'on consulte au moment qu'on s'enflamme? Choisit-on qui l'on veut aimer? Et, pour donner toute son ame, Regarde-t-on quel droit on a de nous charmer? AGÉNOR. Sans qu'on ait le pouvoir d'élire, AGLAURE. En vérité, je plains les fàcheux embarras Vous aimez un objet dont les riants appas Tout ce que ses yeux vous promettent. |