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SCENE XIX.

M. JOURDAIN, DORIMENE, DORANTE.

M. JOURDAIN, après avoir fait deux révérences, se trouvant trop près de Dorimer*

Un peu plus loin, madame.

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Madame, ce m'est une gloire bien grande de me voir assez fortuné pour être si heureux que d'avoir le bonheur que vous ayez eu la bonté de m'accorder la grace de me faire l'honneur de m'honorer de la faveur de votre présence ; et, si j'avois aussi le mérite pour mériter un mérite comme le vôtre, et que le ciel... envieux de mon bien... m'eût accordé... l'avantage de me voir digne... des...

DORANTE.

Monsieur Jourdain, en voilà assez. Madame n'aime pas les grands compliments; et elle sait que vous êtes homme d'esprit. (bas, à Dorimene.) C'est un bon bourgeois assez ridicule, comme vous voyez, dans toutes ses manieres.

Il n'est

DORIMENE, bas, à Dorante.
pas mal aisé de s'en appercevoir.

DORANTE.

Madame, voilà le meilleur de mes amis.

M. JOURDAIN.

C'est trop d'honneur que vous me faites.

DORANTE.

Galant homme tout-à-fait.

DORIMENE.

J'ai beaucoup d'estime pour lui.

M. JOURDAIN.

Je n'ai rien fait encore, madame, pour mériter cette grace.

DORANTE, bas, à M. Jourdain.

Prenez bien garde au moins à ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné.

M. JOURDAIN, bas, à Doranté. Ne pourrai-je pas seulement lui demander comment elle le trouve?

DORANTE, bas, à M. Jourdain.

Comment! gardez-vous-en bien. Cela seroit vilain à vous; et, pour agir en galant homme, il faut que vous fassiez comme si celn'étoit pas vous qui lui eùssiez fait ce présent. ( haut.) M. Jourdain, madame, dit qu'il est ravi de vous voir chez lui.

DORIM ENE.

Il m'honore beaucoup.

M. JOURDAIN, bas, à Dorante. Que je vous suis obligé, monsieur, de lui parler ainsi pour moi!

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DORANTE, bas, à M. Jourdain.

J'ai eu une peine effroyable à la faire venir ici. M. JOURDAIN, bas, à Dorante.

Je ne sais quelles graces vous en rendre.

PORANTE.

Il dit, madame, qu'il vous trouve la plus belle personne du monde.

DORIMENE.

C'est bien de la grace qu'il me fait.

M. JOURDAIN.

Madame, c'est vous qui faites les graces, et...

DORANTE.

Songeons à manger.

SCENE XX.

M. JOURDAIN, DORIMENE, DORANTE, UN LAQUAIS.

LE LAQUAIS, à M. Jourdain.

Tout est prêt, monsieur.

DORANTE.

Allons donc nous mettre à table; et qu'on fasse venir les musiciens.

SCENE X X I.

ENTRÉE DE BALLET.

Six cuisiniers, qui ont préparé le festin, dansent ensemble; après quoi ils apportent une table couverte de plusieurs mets.

FIN DU TROISIEME ACTE.

ACTE QUATRIEME.

SCENE I.

DORIMENE, M. JOURDAIN, DORANTE, TROIS MUSICIENS, UN LAQUAIS.

DORIMENE.

COMME MMENT! Dorante, voilà un repas tout-à-fait magnifique!

M. JOURDAIN.

Vous vous moquez, madame; et je voudrois qu'il fùt plus digne de vous être offert.

(Dorimene, monsieur Jourdain, Dorante, et les trois musiciens, se mettent à table.)

DORANTE.

Monsieur Jourdain a raison, madame, de parler de la sorte; et il m'oblige de vous faire si bien les honneurs de chez lui. Je demeure d'accord avec lui que le repas n'est pas digne de vous. Comme c'est moi qui l'ai ordonné, et que je n'ai pas, sur cette matiere, les lumieres de nos amis, vous n'avez pas ici un repas fort savant, et vous y trouverez des incongruités de bonne chere et des barbarismes de bou goût. Si Damis s'en étoit mêlé, tout seroit dans les regles; il y auroit par-tout de l'élégance et de l'érudition: et il ne manqueroit pas de vous exagérer luimême toutes les pieces du repas qu'il vous donne. roit, et de vous faire tomber d'accord de sa haute capacité dans la science des bons morceaux; de vous parler d'un pain de rive à biseau doré, relevé de croûte par-tout, croquant tendrement sous la dent;

d'un vin à seve veloutée, armé d'un verd qui n'est point trop commandant; d'un carré de mouton gourmandé de persil; d'une longe de veau de riviere, longue comme cela, blanche, délicate, et qui, sous les dents, est une vraie pâte d'amande ; de perdrix relevées d'un fumet surprenant; et pour son opéra, d'une soupe à bouillon perlé, soutenue d'un jeune gros dindon, cantonnée de pigeonneaux, et courronnée d'oignons blancs mariés avec la chicorée. Mais, pour moi, je vous avoue mon ignorance; et, comme M. Jourdain a fort bien dit, je voudrois que le repas fût plus digne de vous être offert.

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Je ne réponds à ce compliment qu'en mangeant comme je fais.

M. JOURDAIN.

Ah! que voilà de belles mains!

DORIMENE.

Les mains sont médiocres, M. Jourdain; mais vous voulez parler du diamant, qui est fort beau.

M. JOURDAIN.

Moi, madame, Dieu me garde d'en vouloir parler! Ce ne seroit pas agir en galant homme; et le diamant est fort peu de chose.

DORIMENE.

Vous êtes bien dégoûté.

M. JOURDAIN.

Vous avez trop de bonté...

DORANTE, après avoir fait signe à M. Jourdain. Allons, qu'on donne du vin à monsieur Jourdain, et à ces messieurs, qui nous feront la grace de nous chanter un air à boire.

DORIMENE.

C'est merveilleusement assaisonner la bonne chere, que d'y mêler la musique; et je me vois ici admirablement régalée..

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