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gne militaire, il les engagea à prendre la croix ; et dans les traités, qu'il leur recommande de garder fidèlement, il veut qu'ils jurent sur l'Evangile, au lieu de jurer sur l'épée, comme ils avaient fait jusque-là. Il les détourne aussi de traiter avec les infidèles, à moins que ce ne soit pour le bien de l'Eglise.

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« Vous nous demandez, ajoute-t-il, si l'on peut ordonner chez vous un patriarche. Sur quoi nous ne pouvons rien décider, jusqu'à ce que nos légats nous rapportent quelle est dans vos états la quantité des fidèles. Nous allons vous donner un évêque, à qui nous conférerons les priviléges d'archevêque, lorsque le peuple chrétien sera augmenté alors il établira des évêques, qui auront recours à lui dans les grandes affaires, qui choisiront et sacreront son successeur après sa mort, sans qu'il soit nécessaire, vu le grand éloignement, de s'adresser pour cela à Rome. Mais avant de consacrer le corps de Jésus-Christ, il faudra qu'il reçoive le pallium du Saint-Siége, comme font tous les archevêques des Gaules, de la Germanie et des autres régions. Les églises vraiment patriarcales, sont celles qui ont été fondées avec cette prééminence par les apôtres, c'est-à-dire les églises de Rome, d'Alexandrie et d'Antioche. Jérusalem et Constantinople portent bien ce nom, mais elles n'ont pas cette autorité. L'église de Constantinople n'a pas même été instituée par aucun des apôtres, et le concile de Nicée n'en fait pas mention. Mais parce que Constantinople a été nommée la nouvelle Rome, son évêque a été nommé patriarche par la faveur des princes plutôt que pour aucune bonne raison. L'évêque de Jérusalem, plus honoré par le concile de Nicée, suivant une ancienne coutume, n'est cependant qu'appelé évêque-patriarche par cet auguste concile. Du reste le patriarche d'Alexandrie est le premier après le Pape. »

Le Pape transmit aux nouveaux convertis les règles de

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la pénitence et le sacramentaire par les évêques qu'il leur envoya, parce que les laïcs, disait-il, ne devaient pas les avoir entre les mains. Il ne veut pas non plus que des prêtres ou des ecclésiastiques soient jugés par des laïcs; il réserve ce droit aux évêques. « Les églises, ajoute-t-il, sont des asiles pour les coupables qui s'y sont réfugiés. Quant à la pureté de la doctrine que vous désirez recevoir, afin de n'être pas induits en erreur par les différens chrétiens qui viennent dans votre pays, sachez que la foi de l'Eglise romaine a toujours été irréprochable et sans tache. Nous vous envoyons nos légats et nos instructions, où vous puiserez la saine doctrine, et jamais nous ne cesserons de prendre soin de vous, avec tout l'intérêt qu'on marque à cultiver les plantes les plus précieuses. Du reste, pourvu qu'on vous enseigne la vérité, il ne nous importe pas de qui elle vienne. »>

Tout ce rescrit est un digne monument de la sagesse, de la charité, de la sollicitude pastorale et de la sainteté du grand Pontife, sous lequel la nation bulgare se convertit au christianisme.

Cependant Photius, qui prétendait au titre d'évêque de Constantinople, soutint que les Bulgares étaient de la dépendance de son patriarcat, question qui s'échauffa encore beaucoup plus après la mort du Pape Nicolas. Ce schisme, formé à Constantinople par Photius, continuait toujours, par l'entêtement avec lequel ce dernier retenait une dignité injustement usurpée. Il était outré de ce que le Pape l'avait fait rentrer, par un châtiment sévère, dans les bornes du devoir. Voulant user de moyens de violence contre le Chef de l'Eglise, il persuada à l'Empereur Michel d'assembler un synode où l'on pût excommunier le Pape luimême. Pour assurer l'effet de sa sentence, il employa les promesses pour déterminer l'Empereur Louis en Occident à chasser l'évêque de Rome de son siége. Dans cette vue

il envoya les actes de son concile en Italie; mais la mort de l'Empereur Michel rompit toutes ses mesures. Le Pape ne survécut pas beaucoup à ce prince, car il mourut le 12 Novembre 867, après neuf années, sept mois et dixneuf jours de pontificat. Il fut enterré dans le vestibule de l'église de Saint-Pierre au Vatican. Sa mémoire sera toujours révérée dans l'Eglise, par sa profonde connaissance des saints canons, par sa vigilance à les faire observer et par la dignité et la sainteté avec laquelle il sut faire respecter, dans des temps difficiles, les principes de foi, la morale et la discipline de l'Eglise. Le nom de ce digne Vicaire de Jésus-Christ est marqué au 13 Novembre dans le martyrologe romain. Quoiqu'il n'ait point été mis au nombre des Saints de l'Eglise de Rome avant le seizième siècle, et que son nom ne se trouve dans le martyrologe romain que depuis le pontificat d'Urbain VIII, il a joui dans tous les temps d'une grande vénération.

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Tiré de sa vie, écrite peu d'années après sa mort et publiée par Surius, et de la bulle de sa canonisation par Honorius III. Bullar. Rom. vol. I, p. 96. Voyez encore Chron. Rotomag. Wilkins, Conc. Britan. t. I, p. 619, et le père Fontenai, Cont. de l'Hist. de l'église Gallic. 1. 31, p. 45.

L'AN 1181.

LAURENT était le plus jeune des fils de Maurice O-Thuataile, prince riche et puissant de la province de Leinster en Irlande. Maurice profita de la naissance de son fils, pour terminer ses querelles avec Donald, comte de Kildare. Il le pria de tenir cet enfant sur les fonts sacrés, et le fit por

ter à Kildare, afin qu'il y reçût le baptême. Lorsque Laurent était dans sa dixième année, son père le donna en ôtage à Dermith, Roi de Méath (1). Ce prince se condui

(1) Quelques auteurs l'ont appelé monarque de toute l'Irlande; mais c'est une méprise, et on en trouve souvent de semblables en d'autres parties de l'histoire du même pays. Les faits suivans sont prouvés par Ware. Dermit III, monarque d'Irlande, fut tué en 1073, par Conochor O-Melaghlin, Roi de Méath La monarchie passa à Tirdelvach O-Brien, Roi de Muster, qui, en 1087, eut pour successeur son fils Maurice ou Moriertach O-Brien, mort en 1120. A celui-ci succéda Tirdelvach O-Connor, Roi de Connogaught, qui mourut en 1138. Vint ensuite Maurice, ou Moriertach O-Neil, qui ne vécut pas long-temps. Rodéric O-Connor, fils de Tirdelvach, Roi de Connaught, recouvra la monarchie. Il fut enterré après sa mort dans le monastère de Cong. De son temps, Henri II, Roi d'Angleterre, devint seigneur d'Irlande. Le parlement changea ce titre en celui de Roi, sous Henri VIII, en 1541. Voyez Jacques Ware, Antiq. Hiber. c. 4.

Cet auteur traite de fabuleux tout ce que rapportent les historiens irlandais avant le règne de Nigialac, fils de Neil, monarque d'Irlande, lequel fut massacré en 463. Il est alors fait mention de la pentarchie ou division de l'Irlande en cinq royaumes, qui peut-être subsistait déjà depuis long-temps. On donnait le titre de monarque de l'île à celui des Rois qui avait le plus de pouvoir. Aussi y avait-il peu de ces monarques qui ne périssent d'une mort violente. Le monarque de l'île faisait sa principale résidence à Temoria, aujourd'hui Tarah, dans la province de Méath.

Brien, qu'on a prétendu descendre de Hibérius, fils aîné de Milésius, Roi d'Espagne, et monarque de l'île en 1020, combattit courageusement contre les Danois. Cette maison produisit six Rois d'Irlande, ou au moins de Cashel et de Limérick. Rodéric O-Connor, de la même maison, fut Roi de Connaught, et le dernier monarque de l'ile, qui se soumit à Henri II, Roi d'Angleterre. Le traité qui fut fait alors, et que Hoveden a donné sous l'an 1173, porte que Rodéric conserverait le titre de Roi, mais qu'il reconnaîtrait Henri, comme son seigneur lige, et qu'il avouerait lui devoir le service en cette qualité. Henri envoya cependant Guillaume, fils d'Adelm, pour gouverner l'ile en son nom. Ware, loc. cit. c. 4, cite comme encore existant, le diplome de la commission de Guillaume. On voit d'autres diplomes ou commissions des Rois d'Angleterre Jean, Henri, etc. qui sont adressés aux Rois de Con

sit en barbare envers l'enfant qu'on lui avait remis, et le fit garder dans un lieu désert, où il fut traité avec la dernière inhumanité; sa santé fut bientôt réduite à l'état le plus fâcheux. Maurice, informé de tout, força Dermith à remettre son fils entre les mains de l'évêque de Glendenoch, qui eut soin de l'élever dans la piété, et qui le renvoya depuis à son père.

Maurice alla remercier l'évêque, et crut devoir mener avec lui Laurent, qui avait alors douze ans. Il dit au prélat qu'il avait quatre fils; que son dessein était d'en consacrer un au service de Dieu, et qu'il voulait en laisser le choix à la décision du sort. Laurent entendit ce discours. Charmé de trouver cette occasion de faire connaître ses sentimens, et jugeant d'ailleurs qu'il y avait de la superstition dans le projet de son père, il s'écria avec empressement : « Il est inutile d'avoir recours au sort. Je ne >> désire rien tant que de prendre Dieu pour mon héritage,

en me dévouant au service de l'Eglise.» Maurice le prit alors par la main pour l'offrir au Seigneur; puis il le présenta à l'évêque, après l'avoir mis sous la protection de saint Coëmgen. Ce Saint qui avait fondé le grand monastère de Glendenoch, était patron du diocèse de ce nom qui fut depuis uni à celui de Dublin. Le maître prit un soin extrême de son disciple, qu'il voyait avancer chaque jour dans la pratique de toutes les vertus.

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Laurent n'avait encore que vingt-cinq ans, lorsque la

naught. Mais depuis la sixième année de Henri III, ces princes ne sont ordinairement appelés que Rois de Thomond ou quelquefois de Limérick. Les pairs d'Irlande reconnaissent douze Rois de Thomond ou de Limérick, de la maison d'O-Brien, depuis que l'Irlande a été soumise à l'Angleterre. Après l'extinction du titre de Roi, Henri VIII créa comte de Thomond, le plus proche héritier de la maison d'O-Brien, ce qui fut depuis confirmé par Edouard VI à perpétuité.

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