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de son nom, située hors des murs de Saintes. On les transféra à Saint-Malo, dans le neuvième siècle. La crainte des Normands les fit porter à Paris le siècle suivant; elles furent successivement déposées dans les églises du palais et de Saint-Magloire. Présentement elles sont en grande partie dans l'abbaye de Saint-Victor. Il y en a aussi quelques portions au séminaire de Saint-Magloire à Paris, ainsi qu'à Saint-Malo, à Saintes, à Rouen, à Pontoise, etc.

que

Le monastère de l'ile d'Aaron fut changé en cathédrale, desservirent des chanoines réguliers, lorsque le B. Jean de la Grille, évêque d'Aleth, y transféra le siége épiscopal, en 1141. Anne de Bretagne fortifia l'île, qui est aujourd'hui la ville de Saint-Malo, celle d'Aleth ayant été entièrement détruite (5).

Voyez la vie de saint Malo dans Surius, sous le 15 Novembre; D. Lo ̄ bineau, Vies des SS. de Bretagne, p. 126; D. Morice, Hist. de Bretagne, etc.

(5) Anne de Bretagne, qui épousa successivement Charles VIII et Louis XII, Rois de France, mourut à Blois en 1514. Elle fut la mère des pauvres, et fit plusieurs fondations pieuses.

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L'objet principal de cet ouvrage, qui est d'édifier les lecteurs, nous permet pas de passer sous silence Françoise, duchesse de Bretagne, qui vivait dans le même siècle. Elle était fille de Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, et vint au monde en 1427. On l'envoya dès l'âge de quatre ans à la cour de Jean V, duc de Bretagne, dont elle devait un jour épouser le fils. Les instructions qu'on lui donna, et les exemples de piété qu'elle avait sans cesse devant les yeux, firent sur son âme les plus vives impressions. Elle épousa Pierre, fils du duc, qu'elle préféra au prince François I, son aîné, lequel succéda à son père en 1442. François étant mort huit ans après, le prince Pierre eut la souveraineté. Françoise continua d'être fidèle à tous ses exercices de piété. C'était sur-tout pendant le saint Sacrifice de la messe que sa ferveur éclatait. Les douceurs qu'elle goûtait dans la prière étaient si grandes, qu'elle paraissait se faire violence lorsqu'elle quittait l'église pour aller remplir ses autres devoirs. Néanmoins elle était gaie dans le commerce de la vie, et elle savait rendre la dévotion aimable à tous ceux qui conversaient

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SAINT EUGÈNE, MARTYR.

SAINT EUGÈNE, disciple de saint Denys, premier évêque de Paris, souffrit le martyre peu de temps après son bien

avec elle. Chaque jour elle donnait des audiences aux pauvres, qu'elle assistait par des aumônes, qu'elle consolait et instruisait par ses conseils et ses exhortations. Elle établit plusieurs hôpitaux pour les personnes attaquées de la lèpre, maladie alors commune, que les croisés. avaient apportée de l'Orient.

La pieuse duchesse fut éprouvée quelque temps par la jalousie du prince son mari, que des hommes mal-intentionnés avaient prévenu; elle essuya même les plus cruels traitemens de sa part; elle n'y opposa que la douceur et la patience, et par ces armes, elle triompha de la férocité de son mari. Le prince ouvrit les yeux, reconnut sa faute, devint le plus grand admirateur de sa vertueuse épouse, et se conforma depuis en tout à ce qu'elle désirait. Leur palais devint aussi régulier qu'un monastère. Tous les jours ils se levaient à quatre heures du matin; et, après avoir fait la prière dans leur oratoire, ils faisaient une heure de méditation, dont leur chapelain leur lisait le sujet. A six heures, ils entendaient la messe ensemble. Le duc allait ensuite à ses affaires. Françoise entendaient toutes les autres messes, qui se disaient jusqu'à la grande, à laquelle elle assistait, soit à la cathédrale, soit à la paroisse, soit dans quelque communauté. Le reste de la journée était employé au travail, à des exercices de piété et aux œuvres de miséricorde. La dévotion que Françoise avait pour le B. Vincent Ferrier, lui faisait vivement désirer sa canonisation; aussi la sollicita-t-elle avec le plus grand zèle. Elle fit de pieuses fondations en divers lieux, notamment à Vannes et à Nantes. Le duc faisait souvent sa résidence dans la première de ces villes mais il passait la plus grande partie de l'année à Nantes, où il avait un magnifique palais. C'était à Rennes que les ducs de Bretagne étaient couronnés, et que se faisaient les cérémonies les plus solennelles. Françoise eut la douleur de voir mourir le duc son mari à Nantes, mais elle trouva de grands motifs de consolation dans les sentimens extraordinaires de piété qu'il fit paraître.

Artus III, comte de Richemont et connétable de France, fut le successeur du duc Pierre. Quoique grand oncle de son prédécesseur, il traita la duchesse douairière de la manière la plus indigne; il la dépouilla même

heureux maître, à Deuil en Parisis, et y fut enterré. On porta depuis son corps à l'abbaye de Saint-Denys. Nous lisons dans Mariana, que ses reliques, du moins en partie, furent transférées l'an 1148, à Tolède en Espagne. C'est par erreur qu'on a confondu ce saint martyr avec le pieux et savant évêque de Tolède, qui a porté le même nom (1).

Voyez le nouveau bréviaire de Paris; Baillet, etc.

des revenus qui lui avaient été assignés. Françoise souffrit avec patience et sans se plaindre. François II, fils de Richard, comte d'Etampes, qui devint duc de Bretagne en 1458, après la mort d'Artus, eut pour Françoise tous les sentimens qu'elle méritait, et lui rendit les arrérages de

ses revenus.

La pieuse duchesse, devenue veuve, suivit son zèle pour les austérités de la pénitence, et pour la pratique des conseils évangéliques. Elle méditait même le projet d'embrasser la vie religieuse. Elle passa quelque temps chez les pauvres Clarisses de Nantes. Elle se retira ensuite à son château de Rochefort; mais elle revenait quelquefois à Nantes, où elle fonda un hôpital. Elle souffrit une violente persécution de la part de son père, du Roi de France, et de tous ses amis, qui voulaient lui faire épouser le prince de Savoie : mais à la longue, elle obtint qu'on ne la presserait plus sur cet article. En 1470, elle fit profession dans le monastère des Carmélites, qu'elle avait fondé près de Nantes, onze ans auparavant. Elle en fut élue prieure en 1475. Le monastère fut transféré, en 1478, à Scoëts ou Coëts, près de Nantes, de l'autre côté de la rivière. Françoise d'Amboise y mourut en odeur de sainteté le 4 Novembre 1485. On trouva son corps entier en 1495. On assure qu'il s'est opéré plusieurs miracles à son tombeau, que l'on visite avec une grande dévotion. Les évêques et les états de Bretagne ont souvent sollicité sa canonisation, et ils ont encore renouvelé leurs sollicitations en 1759. Voyez la vie de Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, par M. Barin, vicaire-général de Nantes, laquelle a été imprimée à Rennes en 1704, in-12. Cet ouvrage est très-édifiant. Voyez aussi D. Lobineau, Vies des SS. de Bretagne, p. 314.

(1) Eugène de Tolède mourut en 657, après douze ans d'épiscopat. Ce prélat, qui se rendit recommandable par une sainteté éminente, présida au neuvième et au dixième conciles de Tolède. Il est auteur de plusieurs épigrammes sur des sujets de piété, et d'un poème sur l'ou

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S. LÉONCE II, ÉVÊQUE DE BORDEAUX.

Vers l'an 565.

LÉONCE, qu'on a surnommé le Jeune pour le distinguer d'un autre Léonce qui l'avait précédé sur le siége de Bordeaux, naquit à Saintes, vers l'an 410. Il sortait d'une des plus brillantes maisons de l'Aquitaine. Dans sa jeuil servit dans la guerre contre les Visigoths en Espagne, et dans la Gaule Narbonnaise. On lui fit épouser Placidine, qui comptait parmi ses aïeux saint Sidoine et l'Empereur Avit. L'intégrité de sa conduite, la pureté de ses mœurs, son amour pour la justice, sa piété, ses aumônes, le firent juger digne de l'épiscopat. Le peuple et le clergé de Bordeaux l'élurent pour pasteur, après la mort de saint Léonce I, ou l'ancien, vers l'an 541 (1). Il ne regarda plus dès-lors Placidine que comme sa sœur. C'était une femme d'une rare piété, qui ne connut plus son mari que pour participer aux bonnes œuvres qu'il entreprenait. Léonce employa ses biens, qui étaient considérables, à construire et à doter un grand nombre d'églises, parmi lesquelles on doit distinguer celles de Saint-Martin de Tours et de Saint-Vincent d'Agen, dans ses terres, cel

vrage des six jours, ou de la création, que le P. Sirmond publia en 1619. Saint Ildefonse, son successeur immédiat, parle de lui avec éloge.

Florès, Spana Sagrada, t. V, tr. 5, c. 3, p. 224, défend, avec les écrivains du pays, la tradition de l'église de Tolède, qui porte que saint Eugène dont nous parlons, doit être appelé Eugène II, et que saint Eugène, disciple de saint Denys de Paris, prêcha la foi en Espagne; qu'il fut premier évêque de Tolède, et qu'il termina sa vie par le martyre dans cette ville.

(1) Il est honoré le 21 Août.

les de Saint-Nazaire, de Saint-Denys et de la Sainte-Vierge, à Bordeaux, celle de Saint-Eutrope de Saintes, dans la ville de ce nom.

On trouve un Léonce de Bordeaux parmi les évêques qui assistèrent au quatrième concile d'Orléans. Il est probable que ce fut Léonce l'ancien. Quoi qu'il en soit, notre Saint n'ayant pu assister au cinquième concile de la même ville, y envoya le prêtre Vincent. Il assista en personne au second et au troisième de Paris, qui se tinrent en 551 et 557. Il en assembla un de sa province à Saintes, en 565. On y déposa Emérius, évêque de cette ville, dont l'ordination n'était pas légitime, ayant été faite sans la participation du métropolitain, ce qui était contraire aux canons du dernier concile de Paris. On élut en sa place Héraclius, prêtre de Bordeaux. Lorsqu'on présenta l'acte de cette élection au Roi Charibert, il entra dans une grande colère, chassa l'envoyé de sa présence, et l'exila. Il voulut qu'Emérius, qui n'avait d'autre titre qu'un décret du Roi Clotaire, fût maintenu en possession du siége de Saintes, et les évêques qui avaient contribué à sa déposition, furent condamnés à une amende. Cette affaire s'arrangea depuis; et saint Léonce lui-même reconnut Emérius pour évêque de Saintes. Il mourut vers l'an 565. On l'honore en ce jour à Bordeaux; mais on ne trouve point son nom dans les martyrologes. Quoique Placidius, sa femme, ait mené une vie très-sainte, il ne paraît pas qu'on lui ait jamais décerné un culte public dans l'Eglise.

Voyez Baillet, sous le 15 Novembre; le P. Longueval, Hist. de l'Egl. Gallic. t. II, p. 464, t. III, p. 11; le Gallia Christ. nova, t. II, p. 793.

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