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du martyr Troade. C'était un jeune homme distingué dans la ville, qui, après avoir souffert divers tourmens, eut le bonheur de mourir pour la foi.

La persécution finit en 251, avec la vie de l'Empereur. Grégoire revint à Néocésarée. Peu de temps après, il entreprit de visiter tout le pays. Il fit d'excellens réglemens pour réparer les abus qui avaient pu s'introduire, et il institua des fêtes anniversaires en l'honneur des martyrs qui avaient souffert durant la persécution.

Un des jours spécialement consacrés au culte des divinités païennes, il se fit à Néocésarée un concours prodigieux; les infidèles s'y étaient surtout rendus pour assister aux jeux et aux spectacles qui se donnaient sur le théâtre. Mais la foule était si grande, que quelques-uns prièrent Jupiter de leur procurer de la place. L'évêque, qui en fut informé, dit qu'ils ne seraient pas long-temps à se plaindre de manquer de place. Effectivement, la peste fit sentir ses ravages, et les étendit par tout le Pont. Ce fléau ne cessa à Néocésarée, que par les prières du saint évêque. La plupart de ceux qui étaient encore idolâtres ouvrirent alors les yeux, et crurent en Jésus-Christ.

La faiblesse du règne de l'Empereur Gallien ayant enhardi les Goths et les Scythes, ils parcoururent la Thrace et la Macédoine. De là ils passèrent en Asie, où ils brûlèrent le temple de Diane à Ephèse, ils dévastèrent le Pont et plusieurs autres contrées, laissant partout des traces de leur fureur et de leurs cruautés. Durant ces temps de confusion, il se trouva des chrétiens qui, ayant été pillés par les barbares, pillèrent les autres à leur tour, et achetèrent des infidèles leur injuste butin. Un évêque consulta Grégoire sur l'espèce de pénitence qu'il fallait imposer à ces chrétiens. Le Saint écrivit alors son épître canonique, qui tient un rang distingué parmi les canons pénitentiaux de

la primitive Eglise (7). On y lit ce qui suit (8) :

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» personne ne se trompe soi-même, sous prétexte qu'il a trouvé une chose. Il n'est point permis de faire usage » de ce qu'on a trouvé..... Si en temps de paix il nous

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est défendu de chercher notre avantage aux dépens même » d'un ennemi, qui par négligence laisse ce qui lui appar

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tient; à combien plus forte raison sera-t-il défendu de s'approprier ce que des infortunés abandonnent par nécessité, et dans la vue de se soustraire par la fuite à la fureur de leurs ennemis? D'autres s'imaginent faussement pouvoir retenir ce qui appartient à un autre, parce qu'ils » l'ont trouvé sur leur propre fonds. Ainsi, parce que les >> Borades et les Goths exercent des hostilités contre eux, » il leur sera permis de devenir des Borades et des Goths » à l'égard des autres? Ceux, ajoute-t-il (9), qui, en re>> stituant ce qu'ils ont trouvé, accomplissent le précepte

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du Seigneur, doivent le faire sans vues humaines, sans >> rien demander ou exiger, sous quelque prétexte que ce puisse être.» Cette maxime de justice est fortement inculquée par saint Augustin. Saint Grégoire Thaumaturge fait mention, dans son épître canonique, des différens ordres de pénitens.

En 264, il se tint un concile à Antioche pour condamner Paul de Samosate, qui avait été quatre ans évêque de cette ville. Cet hérésiarque enseignait entre autres erreurs, qu'il n'y avait qu'une personne en Dieu, et que JésusChrist était un pur homme(10). C'était, d'ailleurs, un homme

(7) Voyez Bévéridge, Can. Eccl. Gr.

(8) Can. 4, 5.

(9) Ibid. Can. 10.

(10) S. Epiphane, Hær. 63; Eusèbe, Hist. l. 7, c. 27 et 30; Conc. t. I, p. 835; S. Athanase, de Synod. Arimin. p. 691, 708, etc. Voyez Jablonski, Dissert. de genuiná Pauli Samos. Sententiá, Francofurti 1736.

T. XVII.

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d'une vanité et d'un orgueil insupportables; il faisait chanter dans l'église des hymnes en son honneur. Saint Grégoire Thaumaturge et Athénodore, son frère, sont nommés les premiers parmi ceux qui souscrivirent le concile. On n'y prononça point de censure personnelle contre Paul de Samosate, parce qu'il dissimula ses erreurs; mais il lest renouvela depuis; et un second concile d'Antioche, qui s'assembla en 270, le condamna et le déposa. Il resta cependant maître de la maison épiscopale jusqu'en 272, que fut vaincue Zénobie, Reine d'Orient, qui s'était déclarée sa protectrice.

On ne sait pas précisément en quelle année mourut saint Grégoire Thaumaturge; l'opinion la plus probable est que ce fut en 270 ou 271, le 17 Novembre. Sentant approcher sa dernière heure, il s'informa s'il y avait encore beaucoup de païens dans la ville; il ne s'y en trouva que dixsept. I leva les yeux au ciel, en soupirant de ce que la vraie religion n'était pas la seule de son diocèse. En même temps il remercia le Seigneur de ce que n'ayant trouvé que dix-sept chrétiens à son arrivée, il ne laissait en mourant que dix-sept infidèles. Il demanda la conversion de ceuxci, et la persévérance de tous les autres. Il fit promettre à ses amis qu'on n'achèterait aucun lieu particulier pour l'enterrer, et qu'on mettrait son corps dans le lieu destiné à la sépulture commune. Ayant toujours vécu, disait-il, comme étranger sur la terre, je ne voudrais pas perdre ce titre après ma mort. Il ne faut donc pas que j'aie une sépulture particulière. Aucun lieu ne doit porter le nom » de Grégoire. La seule possession dont je sois jaloux, est celle qui ne me fera soupçonner d'aucun attachement à la terre (11). » Saint Grégoire Thaumaturge est nommé,

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(11) Le passage qui contient une preuve si édifiante de l'amour de saint

sous le 17 Novembre, dans tous les martyrologes d'Orient et d'Occident (12).

Les plus beaux génies qui aient existé, les hommes les plus recommandables par leur pénétration, leur jugement, l'étendue de leurs connaissances, qui étaient en même temps vrais, sincères, nullement dominés par l'intérêt des passions, dont l'éminente sainteté était regardée comme un prodige, déposent en faveur de la divinité du christianisme, en faveur de la certitude des miracles, qui, en le confirmant, en procurèrent l'établissement. Leur témoignace a d'autant plus de force, qu'il était plus désintéressé, et rendu par des hommes dont toute la conduite portait l'empreinte de l'humilité, de la douceur et de la charité. Comment donc de prétendus philosophes viennentils nous dire aujourd'hui que le bon sens est exclusivement leur partage, et que plus un homme a de lumières et de génie, moins il croit à la religion chrétienne ? Mais les efforts qu'ils font pour couvrir de ridicule cette religion sainte, sont aussi insensés que sacriléges; les ténèbres qui les aveuglent sont formées par les nuages impurs qu'exhale la corruption de leur cœur. Qu'ils examinent avec impartialité les causes de leur incrédulité, ils verront qu'ils n'attaquent la révélation, que parce qu'elle les condamne, et que l'intérêt seul de leurs passions éteint en eux le flambeau de la foi. S'ils renonçaient à leurs vices, et qu'ils pesassent avec droiture les motifs qui déterminent le chrétien et l'incrédule, leurs difficultés ne tarderaient pas à s'é

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Grégoire pour la pauvreté, est imparfait et tronqué dans les imprimés. Montfaucon l'a donné tout entier, Bibl. Coïsliana, p. 180.

(12) La ville de Néocésarée, dont saint Grégoire Thaumaturge a été évêque, fut depuis érigée en archevêché. Les Grecs l'appellent présentement Nixar, qui est une corruption du nom primitif. Les Turcs la nomment Tocate. C'est le siége d'un beglierbey, ou gouverneur de province.

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vanouir, et ils sentiraient toute l'évidence des preuves qui démontrent la divinité du christianisme. Les absurdités, les contradictions, les inconséquences, la mauvaise foi qu'on découvre dans leurs livres les plus vantés, feront toujours dire au chrétien que la raison n'est point pour eux, puisqu'ils en heurtent si visiblement les premiers principes. Quel est donc celui qui fait de la raison l'usage le plus légitime et le plus glorieux ? C'est le fidèle qui se soumet à la révélation, dont la divinité ne peut être révoquée en doute par quiconque examinera de bonne foi les motifs de crédibilité qui lui servent de fondement.

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SAINT BASILE et les autres Grecs donnent ordinairement à saint Denys le titre de Grand, et saint Athanase l'appelle le docteur de l'Eglise catholique. Ses parens étaient riches et distingués dans le monde. Il paraît qu'il naquit à Alexandrie, qui était alors le centre des sciences; il parcourut avec succès les différentes branches de la littérature profane, et le désir qu'il avait d'apprendre, le conduisit insensiblement à connaître le ridicule et l'impiété du paga nisme dans lequel il était né. Les épîtres de saint Paul, qu'il voulut lire, lui offrirent des charmes qu'il n'avait point trouvés dans les écrits des philosophes son cœur fut touché, en même temps que son esprit était éclairé; enfin il quitta l'idolâtrie, et se fit chrétien. Il nous apprend luimême qu'il dut sa conversion à une voix qui se fit entendre à lui dans une vision, ainsi qu'à son amour pour des lectures réfléchies, et à l'impartialité avec laquelle il examinait les diverses opinions.

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