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Valérien ayant renouvelé la persécution contre les chrétiens, en 257, Emilien, préfet d'Egypte, fit arrêter saint Denys avec Maxime, prêtre, Fauste, Eusèbe et Quérémon, diacres, et un nommé Marcel, Romain de naissance. Lorsqu'on les eut conduits devant lui, il les pressa de sacrifier aux dieux conservateurs de l'empire: « Tous les hommes, » répondit Denys, n'adorent pas les mêmes divinités. Pour }} nous, nous adorons le vrai Dieu, qui a créé tout ce qui existe, et qui a donné l'empire à Valérien et à Gal» lien. Nous lui offrons sans cesse des prières pour la paix et pour la prospérité du règne de ces princes. » Le préfet essaya vainement de leur persuader de joindre au culte de leur Dieu, celui des divinités de l'empire. Enfin, il les exila à Képhron, en Lybie. Il défendit en même temps aux chrétiens de tenir des assemblées, et d'aller aux lieux appelés cimetières, c'est-à-dire, aux tombeaux des martyrs. Saint Denys convertit au christianisme les païens qui habitaient le pays où il avait été envoyé. Mais le préfet donna ordre qu'on le conduisît, avec ses compagnons, à Collouthion, dans la Maréote. Par ce changement d'exil, le saint évêque se trouvait moins éloigné d'Alexandrie, et plus à portée d'y avoir des correspondances pour l'instruction de son peuple. Pendant son exil, qui dura deux ans, il écrivit deux lettres pascales.

La captivité de Valérien, que les Perses firent prisonnier en 260, changea la face des affaires. Gallien, par des édits publics, rendit la paix à l'Eglise, et saint Denys eut la liberté de revenir au milieu de son troupeau. Mais il éprouva que rien n'est stable dans ce monde, et qu'il faut s'attendre à un enchaînement de peines qui se succèdent sans interruption.

par les fragmens de ses lettres, conservés par Eusèbe, 1. 7, c. 22. Voyez aussi Fleury, 1. 7, c. 35.

Le préfet Emilien s'étant emparé des magasins d'Alexandrie, qui étaient comme le grenier de Rome, se fit proclamer Empereur. Cette révolte attira sur la ville et sur le pays toutes les calamités qui sont la suite des guerres civiles. Heureusement Emilien fut défait par Théodote, que Gallien avait envoyé contre lui. On le conduisit à Rome, où il subit une mort ignominieuse.

Peu de temps après, Alexandrie fut plongée dans de nouveaux malheurs. Le domestique d'un magistrat eut une querelle avec un soldat pour une bagatelle. On l'arrêta et on le battit rudement pour l'injure qu'on prétendait avoir été faite au soldat. La populace s'émeut, et toute la ville est bientôt sous les armes. Des ruisseaux de sang coulent dans les rues, qui sont couvertes de corps morts. La conduite paisible des chrétiens ne les garantit point de la violence. La confusion était si grande, qu'on ne pouvait rester dans sa maison, ni en sortir sans danger.

Les hérésies qui troublèrent alors l'Eglise, donnèrent un nouvel exercice au saint pasteur. Sabellius, de Ptolémaïde, en Lybie, disciple de Noët de Smyrne, renouvela les blasphêmes de Praxéas, en niant la distinction des personnes divines. Saint Denys, auquel appartenait le soin des églises de la Pentapole, avertit les auteurs de cette erreur, du crime dont ils se rendaient coupables, et les pressa de revenir à l'unité de l'Eglise. Mais ils soutinrent leur doctrine impie avec opiniâtreté. Ils furent condamnés dans un concile tenu à Alexandrie en 261. Le Pape Sixte II, qui siégea depuis 257 jusqu'en 259, avait été informé auparavant de l'hérésie de Sabellius, par une lettre que saint Denys lui avait écrite, et dont Eusèbe nous a conservé un fragment. Dans la lettre que le même Saint écrivit à Euphanor et à Ammonius sur le même sujet, il insista beaucoup sur l'humanité de Jésus-Christ, afin de montrer que le Père n'est point le Fils. Quelques personnes qui enten

daient mal le saint évêque d'Alexandrie, lui prêtèrent une doctrine qu'il n'enseignait pas, et le calomnièrent auprès du Pape Denys, successeur de saint Sixte. Ce SouverainPontife en écrivit à notre Saint, qui se justifia en faisant voir que, lorsqu'il disait que Jésus-Christ était une créature, et qu'il différait du Père en substance, il ne parlait que de sa nature humaine. Ce fut la matière de son apologie à Denys, évêque de Rome. Il y démontrait encore que le Fils, quant à la nature divine, est de la même substance que le Père. Saint Athanase l'a fait voir clairement dans son livre de l'opinion de Denys. Notre Saint établissait aussi dans le même ouvrage la divinité du SaintEsprit, et les passages que saint Basile en rapporte, ne permettent pas d'en douter.

Malheureusement les écrits de saint Denys d'Alexandrie n'ont point échappé aux ravages du temps. Il ne nous en reste que quelques fragmens, avec son épître canonique à Basilide. Cette épître tient un rang distingué parmi les anciens canons de l'Eglise. Le Saint y fait mention d'une difficulté qu'on proposait alors, et qui avait pour objet de savoir à quelle heure du matin on pouvait rompre le jeûne du carême, le jour de Pâques. C'est, dit-il, à minuit que le jeûne est censé finir (ce qui est décidé depuis longtemps quant au précepte de l'Eglise); néanmoins, comme il n'est ni naturel, ni ordinaire de manger alors, on ne pourrait le faire sans s'attirer le reproche d'intempérance. Il faut donc attendre le matin pour rompre le jeûne. Les chrétiens passaient alors en prières toute la nuit de la veille de Pâques. Le Saint parle des jeunes de superposition, qui s'observaient la dernière semaine de carême. Quelques-uns jeûnaient les six derniers jours avant Pâques, sans prendre aucune nourriture; les autres jeûnaient plus ou moins de jours, selon leurs forces et leur dévotion, d'où il suit que ce jeûne extraordinaire n'était point de précepte. S. Denys

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insiste encore dans son épître canonique, sur l'extrême pureté de l'âme et du corps, requise dans tous ceux qui approchent de la Table sainte et qui reçoivent le corps et le sang du Seigneur (6).

Quelque temps avant sa mort, il défendit la divinité de Jésus-Christ, contre Paul de Samosate, évêque d'Antioche, qui joignait à l'hérésie un orgueil insupportable, et beaucoup d'autres vices. Il fut invité au concile qui se tint à Antioche, en 264, contre cet hérésiarque. Son grand âge et ses infirmités ne lui ayant point permis d'y assister, il réfuta les nouvelles erreurs dans plusieurs lettres qu'il écrivit à l'église de cette ville, et dans lesquelles il ne salua point celui qui en était évêque (7). Paul, par son hypocrisie, évita pour lors la condamnation qu'il méritait, et resta encore quelque temps sur son siége. Saint Denys mourut à Alexandrie, vers la fin de l'année 265, après avoir gouverné son église, avec autant de sagesse que de sainteté, environ dix-sept ans. Sa mémoire, dit S. Epiphane, se conserva à Alexandrie par une église qui fut dédiée sous son nom, et encore plus par ses incomparables vertus et ses excellens écrits.

Voyez Eusèbe, Hist. 1. 6 et 7; saint Jerôme, in Catal., etc. Tillemont, t. IV; Cave, t. I, Ceillier, t. III, p. 241.

(6) V. Ep. Canon. S. Dion. Alex. inter Canones Ecclesiæ Græcæ, per Berevegium.

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ON croit que saint Agnan était originaire de Vienne dans la Gaule, et qu'il vécut quelque temps reclus dans une cellule près de cette ville. Il se rendit depuis à Orléans, où il fut attiré par la réputation du saint évêque Euverte. Ayant été ordonné prêtre, il eut la conduite du monastère de Saint-Laurent des Orgerils, situé dans le faubourg d'Orléans, et qui n'est plus qu'un prieuré de Cluni. S. Euverte, qui sentait sa fin approcher, le demanda pour successeur, ce qui lui fut accordé ; il quitta l'administration de son diocèse, et mourut peu de temps après, c'est-à-dire, le 7 Septembre 391.

Saint Agnan justifia par sa conduite le choix qu'on avait fait de lui. Il fit rebâtir avec plus de magnificence l'église de Sainte-Croix, fondée par son prédécesseur. On lui attribue l'obtention du privilége qu'ont les évêques d'Orléans, de délivrer tous les prisonniers à leur entrée dans la ville (1).

Il y avait près de soixante ans qu'il était évêque, lorsque les Huns, conduits par Attila, vinrent mettre le siége devant Orléans. Il avait prévu l'orage, et avait fait le voyage d'Arles, pour demander du secours au général Aëtius. Cependant les barbares pressaient le siége. Saint Agnan encourageait son peuple, et l'exhortait à mettre en Dieu sa confiance. Tous s'adressèrent au Ciel par de ferventes prières, dans l'attente du secours qui leur avait été promis.

(1) Ce privilége est du moins fort ancien. Yves de Chartres, Ep. ad Sanctium Aurelian. en parle comme d'un usage qui de son temps avait déjà passé en coutume.

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