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DÉDICACE DE S. PIERRE ET S. PAUL. (18 Novembre.) 403

On garde, soit sous les autels, soit dans l'église souterraine qui est fort vaste, les reliques d'un grand nombre de Papes, de martyrs et d'autres Saints. Mais le plus précieux trésor qu'on y conserve, ce sont les reliques de saint Pierre et de saint Paul. Elles sont placées sous un magnifique autel, où le Pape seul peut dire la messe. Tout autre prêtre ou prélat n'y célèbre qu'avec une commission spéciale du Souverain-Pontife. Le souterrain qui renferme les reliques des deux apôtres, est connu sous le nom de Confession de saint Pierre, de Limina apostolorum. On y va en pélerinage avec dévotion, dès les premiers siècles du christianisme.

Les églises ne sont dédiées qu'à Dieu, mais souvent sous l'invocation de quelque Saint : c'est pour exciter les fidèles à réunir leurs prières, afin d'implorer la miséricorde divine par l'intercession de tel Saint, et pour que les églises soient distinguées par différens titres. « Ce n'est point aux martyrs, dit saint Augustin (10), que nous érigeons des églises ou des autels, et que nous offrons le sacrifice, » parce que ce ne sont pas les martyrs, mais le Dieu des

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cent cinquante de largeur, selon les dimensions prises par le père Christophe Maire, célèbre mathématicien.

L'église de Saint-Paul, sur le chemin d'Ostie, à cinq milles du Forum de Rome, est soutenue sur cent quarante piliers de marbre blanc qu'on a tirées des bains d'Antonin. On garde la moitié des reliques de saint Pierre et de saint Paul dans un caveau souterrain sous le grand autel. Cette église appartient à une riche abbaye de Bénédictins de la congrégation du Mont-Cassin.

Ayant été réduite en cendres par un violent incendie, peu de temps après la mort de Pie VII, le Pape Léon XII adressa, sous la date du 25 Janvier 1825, une encyclique à tous les évêques, dans laquelle il invite la Chrétienté à concourir par des dons volontaires à la construction d'une nouvelle église dédiée à saint Paul.

(Note augm. d'après l'éd. allem.) (10) Voyez le catéchisme de Montpellier, t. II.

» martyrs que nous adorons.... Entendit-on jamais le prê>>tre, à l'autel élevé sur le corps d'un martyr, lui adresser » les mêmes prières qu'à Dieu ? Dit-il, Pierre, Paul, Cyprien, nous vous offrons le sacrifice, lorsqu'il prie à » l'autel de ces Saints? Ne l'offre-t-on pas au Dieu qui a » fait ces Saints, hommes et martyrs, et qui a bien voulu les associer dans le ciel au bonheur de ses anges (11)?

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nous ne bâtissons point d'églises aux marlyrs, comme à des dieux : nous leur érigeons de saints monumens comme » à des hommes qui sont sortis de ce monde, et dont les âmes vivent avec Dieu. Nous n'élevons point d'autels » pour y sacrifier aux martyrs; nos sacrifices sont offerts au Dieu des martyrs, à notre Dieu (12).

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Constantin donna des preuves de sa religion et de sa piété, en fondant ce grand nombre d'églises dont nous venons de parler, et dans lesquelles il désirait que le nom du Seigneur pût être glorifié jusqu'à la fin des temps. Annonçons-nous les mêmes sentimens par notre recueillement et notre modestie dans nos saints temples, et par notre assiduité à les fréquenter? Dieu est par-tout, et par-tout nous devons l'honorer par l'hommage de notre cœur : mais dans les lieux qui lui sont consacrés, où ses ministres exercent les plus augustes fonctions, où ses fidèles serviteurs unissent leurs prières, nous le glorifions d'une manière plus éclatante, nous le disposons plus favorablement à nous exaucer, et cette union de prières que nous lui adressons, lui fait une sainte violence.

(11) S. Aug. 1. 8, de Civ. Dei, c. 27, p. 217.

(12) S. Aug. loc. cit. 1. 22, c. 10, p. 673. Voyez ce point traité au long par Thomassin dans sa discipline de l'Église, et parmi les protestans, par Hooker, 1. 3 de la police ecclésiastique.

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S. ALPHÉE, S. ZACHÉE, S. ROMAIN ET

S. BARULAS, MARTYRS.

La première année de la persécution générale de Dioclétien, la dix-neuvième du règne de ce prince, le gouverneur de Palestine, qui faisait sa résidence à Césarée, obtint de l'Empereur la grâce de tous les criminels. C'était la coutume de délivrer ainsi les prisonniers, lorsqu'on célébrait les jeux des quinquennales, des décennales, des vicennales du prince, c'est-à-dire, des cinquième, dixième, vingtième années du règne de l'Empereur. Les chrétiens furent exceptés de la grâce, et réputés plus indignes de vivre que les meurtriers et les autres scélérats.

Dans le même temps on arrêta Zachée, diacre de Cadare, au-delà du Jourdain, et on le conduisit chargé de fers devant le préfet. Il fut cruellement battu par ordre du juge, et eut tout le corps déchiré avec des peignes de fer. Les bourreaux le traînèrent ensuite en prison, où ils lui mirent les pieds dans les entraves jusqu'au quatrième trou, en sorte que son corps fut presqu'entièrement écartelé. Malgré cette horrible situation, il ne perdit rien de sa tranquillité, et il ne cessait nuit et jour de louer le Seigneur. Alphée, son parent, vint bientôt le joindre. C'était un homme de désir, c'est-à-dire, un homme qui avait l'esprit de prière dans un degré éminent. Il sortait d'une des meilleures familles d'Eleutheropolis, et il exerçait dans l'église de Césarée les fonctions de lecteur et d'exorciste. Le zèle avec lequel il exhortait les fidèles à confesser généreusement Jésus-Christ, le fit arrêter. Ayant confondu le préfet dans son premier interrogatoire, il fut mis en prison. Dans un second interrogatoire, on le battit de verges et on le déchira avec

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les crocs de fer. Après quoi on le conduisit dans la prison où était Zachée, pour y être traité de la même manière. Ayant subi tous les deux un nouvel interrogatoire, ils furent condamnés à perdre la tête, le 17 de Novembre.

Eusèbe donne un abrégé de leurs actes, dans son histoire des martyrs de Palestine: mais ces mêmes actes ont été publiés en entier, d'après l'original chaldaïque, par M. Etienne-Evode Assémani, Act. Mart. Occid. t. II, p. 177.

Saint Romain est un des plus illustres de ces martyrs. Eusèbe a joint son histoire à celle des autres, parce que, quoiqu'il ait souffert à Antioche, il était né en Palestine. Saint Chrysostôme prononça un panégyrique en son honneur à Antioche, le jour de sa fête (1). On trouve dans les œuvres de ce Père un autre panégyrique de S. Romain, qu'on croit être de quelque prêtre d'Antioche, qui vivait dans le même temps que saint Chrysostôme. Enfin nous avons un troisième panégyrique de ce Saint, parmi les homélies publiées sous le nom d'Eusèbe d'Emèse (2).

Romain était exorciste dans un village soumis à la juridiction de Césarée en Palestine. Lorsque le feu de la persécution fut allumé, il quitta le lieu de sa demeure pour aller exhorter les chrétiens à combattre courageusement contre les ennemis de leur religion. Il fit même un voyage à Antioche, dans la vue de soutenir ceux qui étaient exposés à de plus rudes épreuves. Etant à la cour du juge, que Prudence appelle Asclepiade, il s'aperçut que quelques prisonniers chrétiens paraissaient chanceler. Il les exhorta tout haut à persévérer dans leur foi, et les pria de penser au bonheur du ciel et aux tourmens de l'enfer qui ne finiront jamais. Le juge, irrité de cette hardiesse,

(1) T. II, p. 611, ed. Ben.

(2) Serm. 50.

le fait arrêter, et après avoir ordonné qu'on lui déchirât le corps avec des fouets et des crocs de fer, il le condamne à être brûlé vif. Dioclétien, qui arriva sur ces entrefaites à Antioche (3), crut que ce supplice n'était point assez rigoureux ; il ordonna qu'on en suspendît l'exécution, et fit couper la langue à Romain jusqu'à la racine. Le martyr ne perdit point pour cela l'usage de la parole. Il continua d'exhorter ses frères à n'aimer, à n'adorer que le vrai Dieu. Il ne cessait aussi de rendre grâces à Celui qui opère les miracles. L'Empereur, pour le soustraire à la vue du peuple, le renvoya en prison. On lui mit les pieds dans les entraves, et on les étendit jusqu'au cinquième trou. Romain souffrit cette torture un temps considérable. Enfin on l'étrangla dans la prison, le 17 de Novembre, jour auquel saint Alphée et saint Zachée recurent la couronne du martyre en Palestine. Mais ils sont tous nommés sous le 18 du même mois dans les martyrologes des Grecs. Les latins n'honorent que saint Romain en ce jour. Prudence demanda à Dieu (4), par l'intercession de ce Saint, la grâce d'être séparé d'avec les boucs, pour être placé à droite parmi les brebis. C'est aussi de Prudence que nous apprenons qu'un jeune enfant, nommé Barulas, confessa, à l'instigation de saint Romain, qu'il n'y a qu'un Dieu, et que c'est une impiété d'en adorer plusieurs. Il fut décapité, après avoir été battu cruellement. Sa mère ne cessa de l'encourager, et s'élevant par la foi au-dessus des sentimens de la nature, elle lui vit couper la tête avec tranquillité, et même avec joie (5). Barulas, Barallaha, et par contraction Barlaha, signifie en chaldaïque enfant ou ser

(3) Ruinart et Tillemont se sont trompés, en disant que c'était Galère. (4) Hymn. 10, v. 1136, 1140, p. 145.

(5) Voyez sur S. Barulas, Ceillier, t. III, p. 455, 456.

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