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livra en 655. La puissance d'Oswy devint alors redoutable à tous ses ennemis. En trois ans, il subjugua toute la Mercie, et la plus grande partie du pays des Pictes septentrionaux. Conformément à son vœu, il consacra au Seigneur sa fille Elflède, et l'envoya à sainte Hilde, qui, du monastère d'Heortea, la fit passer dans celui de Streaneshalch. Il donna des biens considérables à ce dernier monastère. Ce prince, étant mort en 670, après un règne de vingthuit ans, Ealflède, sa femme, qui était fille du saint Roi Edwin, se retira à Streaneshalch, où elle finit ses jours dans les exercices de la vie religieuse.

Sainte Hilde mourut en 680, à l'âge de 63 ans. Elle en avait passé trente-trois dans l'état monastique. Elle fut remplacée dans le gouvernement de son monastère par Elflède, qui, après avoir servi Dieu avec ferveur pendant soixante ans, alla dans le ciel recevoir la récompense de ses vertus. Le corps de sainte Hilde fut porté à Glastenbury, lorsqu'on eut détruit le monastère.

Voyez Bède, Hist. 1. 3, c. 24, 25; 1. 4, c. 23; et le Registrum de Witby, cité par Burton dans le Monasticon Eboracense, t. I, p. 69.

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Nous n'avons plus sa vie, qu'avait écrite Césaire, moine d'Heisterbach. Thierri de Thuringe, Dominicain, qu'on croit être Thierri d'Apoldo, auteur de la vie de saint Dominique, a donné celle de sainte Elizabeth, qui est divisée en huit livres, et qu'on trouve dans les Lectiones Antiquæ de Canisius, t. V. Il y manquait un fragment que Lambécius, t. II, Bibl. Vind. a donné, avec plusieurs pièces relatives à la canonisation de la Sainte. Sa vie, par Jacques Montanus de Spire, que Sédulius a publiée dans son Historia Seraphica, et que d'Andilly a abrégée, est tirée de l'ouvrage de Thierri on a le détail de ses éminentes vertus, dans la lettre que Conrad de Marpurg, son confesseur, écrivit peu de temps après sa mort, au Pape Grégoire IX. Voyez encore saint Bonaventure, Serm. de S. Elizabetha, t. V, et le t. II des Annales de Wadding, que le P. Fonseca a fait réimprimer à Rome avec des additions, en 1732, 18 vol. in folio.

L'AN 1231.

ÉLIZABETH, née en 1207, eut pour père André II, Roi de Hongrie, et pour mère Gertrude, fille du duc de Carinthie. Vers le même temps, il naquit un fils à Herman, landgrave de Thuringe et de Hesse, qui fut nommé Louis. Le mariage du jeune prince et de la jeune princesse fut dès lors arrêté. Le landgrave, pour donner à cet engagement plus de solidité, demanda qu'Elizabeth, qui n'avait encore que quatre ans, fût envoyée à sa cour. On confia le soin de son éducation à une dame recommandable par ses vertus. Cinq ans après, Herman mourut, et Louis, son fils, lui succéda.

Elizabeth, dès son enfance, parut singulièrement prévenue des bénédictions du Ciel; l'amour des créatures ne s'insinua point dans son cœur; et, quoiqu'au milieu des plaisirs, elle resta insensible à leurs flatteuses amorces.

Son recueillement dans la prière tenait du prodige. Les fonds destinés à l'entretien de sa maison, étaient presqu'entièrement employés au soulagement des pauvres. Elle montrait jusque dans ses récréations, qu'elle ne désirait rien tant que de pratiquer l'humilité et le renoncement évangélique. Souvent elle se renfermait dans sa chapelle, où elle priait dans la posture la plus respectueuse; et lorsqu'elle ne la trouvait point ouverte, elle se mettait à genoux à la porte, pour rendre au Seigneur l'hommage ordinaire de ses adorations. Elle se livrait à sa ferveur avec plus de liberté dans son oratoire, où personne ne la voyait. Elle avait une grande dévotion à son ange gardien, et entre tous les Saints, à saint Jean l'évangéliste.

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Elle fut élevée avec Agnès, sœur du jeune landgrave. Elles allaient ensemble à l'église; elles étaient parées de la même manière, et portaient chacune une couronne de diamans. Sophie, mère du landgrave, s'aperçut que quand les deux princesses entraient dans la maison du Seigneur, Elizabeth ôtait sa couronne; et comme elle lui demandait pourquoi elle agissait de la sorte, Elizabeth lui répondit avec simplicité, qu'elle ne pouvait paraître avec des diamans sur la tête, dans un lieu où elle voyait Jésus-Christ couronné d'épines. Agnès et sa mère, qui étaient bien éloignées d'avoir de pareils sentimens, conçurent du mépris et de l'aversion pour notre Sainte; elles lui dirent que, puisqu'elle avait si peu de goût pour vivre d'une manière conforme à son rang, elle n'avait d'autre parti à prendre que de se retirer dans un couvent. Les courtisans portérent encore plus loin leurs discours et leurs réflexions; ils mirent tout en œuvre pour rendre la personne d'Elizabeth méprisable; elle n'est pas digne, disaient-ils, de l'alliance du landgrave; le prince, d'ailleurs, ne l'aime pas ; elle n'a d'autre parti à prendre que de retourner en Hongrie, pour y épouser quelque gentilhomme. Cette épreuve fut

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d'autant plus pénible pour Elizabeth, que le gouvernement était entre les mains de Sophie, en attendant que le jeune landgrave fût en âge de gouverner par lui-même.

Elizabeth profita de cette persécution en princesse chrétienne; elle se confirma de plus en plus dans le mépris des choses de la terre. Elle apprit à porter sa croix, et à suivre Jésus-Christ par la pratique de la patience, de l'humilité, de la douceur et de la charité envers d'injustes persécuteurs. Son union avec Dieu n'en devint que plus intime; elle se soumettait avec résignation à sa volonté, dont l'accomplissement était l'unique objet de ses désirs. Enfin le jeune landgrave revint après une longue absence, que le soin de son éducation avait occasionnée. C'était un prince accompli, et fait pour paraître avec éclat sur le théâtre du monde. Mais ce qui le rendait encore plus estimable, c'était un amour sincère pour la piété. Les vertus d'Elizabeth, alors âgée de quatorze ans, la lui firent singulièrement estimer. Mais il la vit et lui parla rarement même en public, jusqu'à ce que l'affaire de son mariage fût décidée. Il marqua autant d'indignation que de surprise, à l'occasion des bruits qu'on avait fait courir, et déclara que la vertu d'Elizabeth la lui rendait plus chère que tous les biens du monde. Il lui envoya de riches présens, entre autres deux cristaux qui s'ouvraient de chaque côté; dans l'un était un miroir, et dans l'autre une image de JésusChrist fort bien travaillée. Le mariage se fit peu de temps après, et cette cérémonie donna lieu à des réjouissances publiques, où éclata la plus grande magnificence. La conduite du prince fut universellement applaudie; on rendit justice à Elizabeth, et on reconnut que les bruits qu'on avait fait courir, étaient l'ouvrage de la calomnie ou de la malignité.

Elizabeth choisit pour directeur, Conrad de Marpurg, prêtre vertueux et éclairé, qui faisait beaucoup de fruit

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par ses prédications, et qui était regardé comme le modèle des prêtres de son temps par sa ferveur, son désintéressement, son amour pour la mortification et la pauvreté. Elle ne voulut agir que par ses conseils dans tout ce qui avait rapport à son salut. Conrad vit bientôt que la princesse avait les plus rares dispositions pour la piété : aussi s'appliqua-t-il à les cultiver pour la conduire à la perfection chrétienne. Il l'encouragea à marcher dans les voies laborieuses de la pénitence; mais il fut plus d'une fois obligé de modérer son zèle pour les austérités corporelles. Le landgrave avait aussi une entière confiance en Conrad, et il voulut s'en rapporter à lui sur la nomination aux bénéfices ecclésiastiques.

Notre Sainte, du consentement du pieux landgrave, se levait pendant la nuit pour vaquer à la prière. Les Dimanches et les fêtes, elle se livrait tellement aux exercices de piété, qu'elle n'avait pas un moment à donner à la parure. Le temps que n'emportait point la prière, était employé aux œuvres de charité ou au travail; et ce travail consistait à carder ou à filer de la laine pour faire des habits aux pauvres et aux religieux de Saint-François. Les mystères de la vie et des souffrances du Sauveur, faisaient le sujet le plus ordinaire de ses méditations. Elle possédait le grand art de rendre sa prière continuelle. Ses austérités surpassaient celles des reclus. Lorsqu'elle mangeait en public, elle se privait de ce qui pouvait flatter le plus sa sensualité; mais elle savait, par de pieux artifices, dérober aux autres la connaissance de ses mortifications. En particulier, elle n'usait que d'alimens grossiers, qu'elle prenait en fort petite quantité. Elle ne mangeait que ce qu'elle avait fait apprêter elle-même, pour être sûre qu'on n'avait rien mêlé à ses alimens qui fût contraire aux règles strictes de pénitence qu'elle s'était imposées. Elle vivait à ses propres frais, pour n'être point à charge au landgrave. T. XVII. 27

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